Great Scott
Opéra de Jake Heggie
Great Scott, opéra de Jake Heggie et Terrence Mc Nally. Joyce DiDonato, Ailyn Pérez, Frederica Von Stade, Nathan Gunn, The Dallas Opera Orchestra and Chorus, direction Patrick Summers. Double CD Erato, 78’40, 77’19.
En France on connait mal le compositeur américain Jake Heggie né en Floride en 1961. Auteur à ce jour de treize opéras dont le poignant Dead Man Walking, il est adulé dans son pays et les plus grands chanteurs interprètent assidûment ses œuvres, comme Frederika von Stade, Susan Graham, Renée Fleming, et Joyce Di Donato pour laquelle il a conçu cette Great Scott, commande de l’Opéra de Dallas captée en direct. Arden Scott la magnifique est une illustre cantatrice revenue dans sa ville natale pour sauver la troupe de ses débuts et créer un opéra (fictif) d’un compositeur italien (inventé) du XIXe siècle. Parallèlement l’équipe de football américain de la ville dispute la finale du Super Bowl et on suit, après des répétitions mouvementées, le déroulement simultané de la représentation et de la rencontre. Comme le souligne la notice, l’opéra se revendique américain. Son ancrage national s’avère apte, selon les vœux des concepteurs, à donner à un genre lyrique trop enraciné dans la tradition modernité et singularité culturelle. Dès l’ouverture, l’auditeur est assuré d’écouter une œuvre confortable qui ne remettra pas en cause les schémas musicaux habituels. Mélodies soignées, faciles à mémoriser, percussions variées, cordes abondantes, cuivres imposants, sonorités élégiaques emportent facilement l’adhésion, sans effet de surprise autre que l’intervention finale du piano. Pastiches du bel canto à la Donizetti, dialogues vifs, clins d’œil aux clichés du genre (scène de la folie), intrigue sentimentale ponctuent l’action rythmée de ce théâtre dans le théâtre ingénieux dont les péripéties amusent un public souvent hilare. Dans le rôle-titre, Joyce DiDonato, reine, star, diva, se voit offrir un double rôle qui met en valeur l’étendue de son talent. Elle déploie dans la suave confession du I Vesuvio il mio unico amico beauté du timbre, souffle infini, couleurs subtiles et l’élégance qui est sa marque. Et ailleurs l’autodérision est savoureuse. La jeune soprano Ailyn Pérez qui chante à la scène Violetta, Donna Anna, Mimi peut rivaliser avec la great Scott, en cumulant les atouts d’une voix souple, lumineuse et d’un jeu plein de verve. Les autres chanteurs, au diapason des deux vedettes, se démènent joyeusement.
Partition néo-classique où d’aucuns sentiront l’influence de Menotti, cette Great Scott se laisse écouter avec plaisir, mais conviendrait mieux à un captage DVD, tant manquent à l’auditeur frustré le jeu des acteurs et l’humour des situations et des dialogues. Tel quel, l’enregistrement se révèle une vraie curiosité qui donne envie de mieux connaitre l’œuvre déjà abondante de Jake Heggie.
Jean Jordy
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En France on connait mal le compositeur américain Jake Heggie né en Floride en 1961. Auteur à ce jour de treize opéras dont le poignant Dead Man Walking, il est adulé dans son pays et les plus grands chanteurs interprètent assidûment ses œuvres, comme Frederika von Stade, Susan Graham, Renée Fleming, et Joyce Di Donato pour laquelle il a conçu cette Great Scott, commande de l’Opéra de Dallas captée en direct. Arden Scott la magnifique est une illustre cantatrice revenue dans sa ville natale pour sauver la troupe de ses débuts et créer un opéra (fictif) d’un compositeur italien (inventé) du XIXe siècle. Parallèlement l’équipe de football américain de la ville dispute la finale du Super Bowl et on suit, après des répétitions mouvementées, le déroulement simultané de la représentation et de la rencontre. Comme le souligne la notice, l’opéra se revendique américain. Son ancrage national s’avère apte, selon les vœux des concepteurs, à donner à un genre lyrique trop enraciné dans la tradition modernité et singularité culturelle. Dès l’ouverture, l’auditeur est assuré d’écouter une œuvre confortable qui ne remettra pas en cause les schémas musicaux habituels. Mélodies soignées, faciles à mémoriser, percussions variées, cordes abondantes, cuivres imposants, sonorités élégiaques emportent facilement l’adhésion, sans effet de surprise autre que l’intervention finale du piano. Pastiches du bel canto à la Donizetti, dialogues vifs, clins d’œil aux clichés du genre (scène de la folie), intrigue sentimentale ponctuent l’action rythmée de ce théâtre dans le théâtre ingénieux dont les péripéties amusent un public souvent hilare. Dans le rôle-titre, Joyce DiDonato, reine, star, diva, se voit offrir un double rôle qui met en valeur l’étendue de son talent. Elle déploie dans la suave confession du I Vesuvio il mio unico amico beauté du timbre, souffle infini, couleurs subtiles et l’élégance qui est sa marque. Et ailleurs l’autodérision est savoureuse. La jeune soprano Ailyn Pérez qui chante à la scène Violetta, Donna Anna, Mimi peut rivaliser avec la great Scott, en cumulant les atouts d’une voix souple, lumineuse et d’un jeu plein de verve. Les autres chanteurs, au diapason des deux vedettes, se démènent joyeusement.
Partition néo-classique où d’aucuns sentiront l’influence de Menotti, cette Great Scott se laisse écouter avec plaisir, mais conviendrait mieux à un captage DVD, tant manquent à l’auditeur frustré le jeu des acteurs et l’humour des situations et des dialogues. Tel quel, l’enregistrement se révèle une vraie curiosité qui donne envie de mieux connaitre l’œuvre déjà abondante de Jake Heggie.
Jean Jordy
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Publié le 07/02/2018 à 21:01, mis à jour le 12/05/2019 à 21:33.