Oh, Boy !
Marianne Crebassa
Oh, Boy! Airs d’opéras, Marianne Crebassa, mezzo-soprano, Mozarteumorchester Salzburg, Direction musicale Marc Minkowski. 1 CD Erato 72’36.
Fin 2014, les mélomanes toulousains applaudissaient Marianne Crebassa dans une envoutante interprétation de Shéhérazade de Ravel. Depuis, notre jeune interprète fait valoir son chaleureux mezzo sur les scènes internationales. En 2017, elle sera le Fantasio de Messager à l’Opéra-Comique et Ascagne dans les très attendus Troyens de Berlioz à Strasbourg. Elle revient en décembre 2016 à la Halle aux Grains dans l’oratorio de Mendelssohn Elias, puis en mai avec à nouveau Ravel sous la direction de Tugan Sokhiev.
Et voici qu’Erato et Marc Minkowski lui offrent la liberté de composer un bouquet d’extraits d’opéras pour son premier enregistrement intitulé Oh, Boy! Cette interpellation narquoise recouvre quatorze rôles de travestis dans des œuvres variées, de Mozart à Chabrier en passant par Gluck, Meyerbeer, Gounod ou Offenbach. De cette habile anthologie, relevons les moments musicaux les plus intenses. Et d’abord Mozart dont l’album offre six airs. Le Chérubin de Crebassa apparait d’emblée vif, alerte, caractérisé par une voix chaude, chargée d’une émotion juvénile, d’une sensualité espiègle. Ecoutez le Non so più qui file à vive allure, poussé par une fièvre frémissante! Deux airs de Cecilio dans Lucio Silla, rôle joué à la scène en 2015 à la Scala, touchent par leur souple délicatesse et leur charge émotionnelle. Et le Parto, de La Clemenza di Tito séduit plus encore par les moirures du timbre, la profondeur élégante des graves, la tension dramatique. Sans rejeter les autres, on distinguera l’extrait aux vocalises décidées de l’Orphée de Gluck, la rare et ravissante page de Psyché d’A. Thomas, la fragile Etoile de Chabrier.
L’accompagnement stimulant de Marc Minkowski, inlassable dénicheur de talents, à la tête d’un Mozarteumorchester de Salzburg riche en couleurs, rend justice aux climats variés des pages retenues. Ce prometteur Oh, Boy! compose ainsi une belle carte de visite, à laquelle manque parfois une touche de vigueur. Cette mince réserve ne doit pas masquer l’essentiel: Marianne Crebassa possède bien des atouts. La voix au timbre mordoré, la sûreté de la technique, le soin apporté à la prononciation, au texte et à la ligne musicale, l’élégance du chant fait de charme et de distinction, l’intelligence du parcours et du répertoire sont de ceux qui construisent les plus belles carrières.
Jean Jordy
Fin 2014, les mélomanes toulousains applaudissaient Marianne Crebassa dans une envoutante interprétation de Shéhérazade de Ravel. Depuis, notre jeune interprète fait valoir son chaleureux mezzo sur les scènes internationales. En 2017, elle sera le Fantasio de Messager à l’Opéra-Comique et Ascagne dans les très attendus Troyens de Berlioz à Strasbourg. Elle revient en décembre 2016 à la Halle aux Grains dans l’oratorio de Mendelssohn Elias, puis en mai avec à nouveau Ravel sous la direction de Tugan Sokhiev.
Et voici qu’Erato et Marc Minkowski lui offrent la liberté de composer un bouquet d’extraits d’opéras pour son premier enregistrement intitulé Oh, Boy! Cette interpellation narquoise recouvre quatorze rôles de travestis dans des œuvres variées, de Mozart à Chabrier en passant par Gluck, Meyerbeer, Gounod ou Offenbach. De cette habile anthologie, relevons les moments musicaux les plus intenses. Et d’abord Mozart dont l’album offre six airs. Le Chérubin de Crebassa apparait d’emblée vif, alerte, caractérisé par une voix chaude, chargée d’une émotion juvénile, d’une sensualité espiègle. Ecoutez le Non so più qui file à vive allure, poussé par une fièvre frémissante! Deux airs de Cecilio dans Lucio Silla, rôle joué à la scène en 2015 à la Scala, touchent par leur souple délicatesse et leur charge émotionnelle. Et le Parto, de La Clemenza di Tito séduit plus encore par les moirures du timbre, la profondeur élégante des graves, la tension dramatique. Sans rejeter les autres, on distinguera l’extrait aux vocalises décidées de l’Orphée de Gluck, la rare et ravissante page de Psyché d’A. Thomas, la fragile Etoile de Chabrier.
L’accompagnement stimulant de Marc Minkowski, inlassable dénicheur de talents, à la tête d’un Mozarteumorchester de Salzburg riche en couleurs, rend justice aux climats variés des pages retenues. Ce prometteur Oh, Boy! compose ainsi une belle carte de visite, à laquelle manque parfois une touche de vigueur. Cette mince réserve ne doit pas masquer l’essentiel: Marianne Crebassa possède bien des atouts. La voix au timbre mordoré, la sûreté de la technique, le soin apporté à la prononciation, au texte et à la ligne musicale, l’élégance du chant fait de charme et de distinction, l’intelligence du parcours et du répertoire sont de ceux qui construisent les plus belles carrières.
Jean Jordy
Publié le 24/11/2016 à 19:49, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.