Théâtre du Capitole
> 4 octobre
Béatrice et Bénédict
Photos par Patrice Nin
Inspiré de la célèbre pièce de Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien, dont les cinéphiles avaient apprécié le film interprété par Emma Thomson, il y a quelques années, Béatrice et Bénédict est le dernier opéra de Berlioz. Le compositeur avait commencé à y songer dès 1830 et l’œuvre sera créée après un long temps de maturation en 1862.
C’est à la fois une comédie et une réflexion plus poussée sur les relations entre les hommes et les femmes, qui sert de trame à cet opéra dans lequel Berlioz joue avec les genres, faisant alterner des scènes parlées avec celles, beaucoup plus nombreuses qui sont chantées. Le metteur en scène a quelque peu retouché le livret, ce qui ne me paraît pas ajouter grand-chose sinon qu’on trouve là une illustration de cette volonté de metteurs en scène contemporains de penser à la place des compositeurs et auteurs…
Cela dit, la coproduction du Capitole avec le Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles ne manque pas d’intérêt. Du point de vue scénique, les premières scènes devant les portraits des morts de la guerre éclairés par des bougies est une évocation modernisée réussie du tribut humain aux guerres, même lorsque par ailleurs on chante la victoire. Les soldats victorieux ressemblent à des commandos américains, faut-il y voir une allusion aux interventions américaines en terres d’islam, puisque le Maure est vaincu! La mutation des grandes armoires en table-plateau scénique pour le mariage de Claudio et Hero est astucieuse, tout comme la transformation de sa traîne en nappe de fête.
Le retour des guerriers qui se lavent et se changent pour la fête est assez drôle comme joyeuse caleçonnade qui passe d’autant mieux que le rythme est rapide, que les protagonistes ont un physique sportif. Ce serait assassin avec des petits gros! Petit détail de posture: pourquoi faut-il que les matelas de la première partie soient si sales? Cela ne correspond à rien!
Du point de vue musical, la partition orchestrale est superbe et, sous la baguette de Tito Ceccherini, l’orchestre du Capitole est au mieux de sa forme. Les voix sont bonnes, avec une mention particulière pour la délicieuse Lauren Snouffer, qui campe avec beaucoup de grâce et de charme la gracieuse Hero. Tout cela est positif, mais on reste sur sa faim. Berlioz n’est pas innocent, car il n’a rien fait pour faire briller ses chanteurs, rejetant les canons du bel canto alors en plein essor, restant finalement proche du théâtre, ce à quoi il avait su échapper dans Benvenuto Cellini. D’ailleurs le public n’a applaudi qu’une fois en cours de représentation et demeure modéré à la fin du spectacle. Bonne soirée, mais qui fait craindre que le Capitole à force de renoncer aux grandes voix, donc à la magnificence de certaines œuvres classiques ou contemporaines, ne perde un peu de son éclat. Ce serait dommage, car c’était un des bons marqueurs de la ville.
Danielle Anex-Cabanis
C’est à la fois une comédie et une réflexion plus poussée sur les relations entre les hommes et les femmes, qui sert de trame à cet opéra dans lequel Berlioz joue avec les genres, faisant alterner des scènes parlées avec celles, beaucoup plus nombreuses qui sont chantées. Le metteur en scène a quelque peu retouché le livret, ce qui ne me paraît pas ajouter grand-chose sinon qu’on trouve là une illustration de cette volonté de metteurs en scène contemporains de penser à la place des compositeurs et auteurs…
Cela dit, la coproduction du Capitole avec le Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles ne manque pas d’intérêt. Du point de vue scénique, les premières scènes devant les portraits des morts de la guerre éclairés par des bougies est une évocation modernisée réussie du tribut humain aux guerres, même lorsque par ailleurs on chante la victoire. Les soldats victorieux ressemblent à des commandos américains, faut-il y voir une allusion aux interventions américaines en terres d’islam, puisque le Maure est vaincu! La mutation des grandes armoires en table-plateau scénique pour le mariage de Claudio et Hero est astucieuse, tout comme la transformation de sa traîne en nappe de fête.
Le retour des guerriers qui se lavent et se changent pour la fête est assez drôle comme joyeuse caleçonnade qui passe d’autant mieux que le rythme est rapide, que les protagonistes ont un physique sportif. Ce serait assassin avec des petits gros! Petit détail de posture: pourquoi faut-il que les matelas de la première partie soient si sales? Cela ne correspond à rien!
Du point de vue musical, la partition orchestrale est superbe et, sous la baguette de Tito Ceccherini, l’orchestre du Capitole est au mieux de sa forme. Les voix sont bonnes, avec une mention particulière pour la délicieuse Lauren Snouffer, qui campe avec beaucoup de grâce et de charme la gracieuse Hero. Tout cela est positif, mais on reste sur sa faim. Berlioz n’est pas innocent, car il n’a rien fait pour faire briller ses chanteurs, rejetant les canons du bel canto alors en plein essor, restant finalement proche du théâtre, ce à quoi il avait su échapper dans Benvenuto Cellini. D’ailleurs le public n’a applaudi qu’une fois en cours de représentation et demeure modéré à la fin du spectacle. Bonne soirée, mais qui fait craindre que le Capitole à force de renoncer aux grandes voix, donc à la magnificence de certaines œuvres classiques ou contemporaines, ne perde un peu de son éclat. Ce serait dommage, car c’était un des bons marqueurs de la ville.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 12/10/2016 à 21:26, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.