Halle aux grains
> 19 février
Ombres funestes et clairs sommets
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photos par Marco Borggreve et Riccardo Musacchio
Hartmut Haenchen, direction
Isabelle van Keulen, violon
La Symphonie alpestre de Richard Strauss, vaste poème symphonique de 1915, dont le lyrisme grandiose a tôt fait de virer vers l’emphase, est souvent un piège fatal pour tout orchestre et chef seulement attentifs à ses aspects extérieurs. Hartmut Haenchen, grand chef allemand trop méconnu, préfère privilégier la quintessence du style straussien alliant luminosité et lisibilité, maîtrisant ainsi parfaitement les déchainements telluriques de notre Orchestre National du Capitole de Toulouse. Cette montée vers ces cîmes métaphoriques se fait ici sans violence expressive excessive, mais, au contraire, avec une graduation impressioniste quasi picturale.
De même, le Mémorial pour Lidice que Bohuslav Martinu a composé en 1943 pour rendre hommage à ce village tchèque martyr, trouve ici une profondeur spirituelle loin de toute noirceur qui appelle plus au recueillement qu’à la vindicte vengeresse.
Le Concerto funèbre pour violon et orchestre à cordes de Karl Amadeus Hartmann de 1939 (et révisé en 1959) manifeste les tourments d’un compositeur vivant cette époque trouble et incertaine (notamment l’invasion de la Tchécoslovaquie). Comme son nom l’indique c’est une œuvre sombre où douleur et violence se mêlent dans une longue plainte déchirante. La violoniste néerlandaise Isabelle van Keulen y insuffle un torrent d’émotions brutes qui électrise telle une tornade hivernale les paysages dévastés de cette page aride à la beauté nue. Les cordes de l’Orchestre du Capitole, à l’homogénéité remarquable, lui assurent un soutien inflexible d’autant que la direction de Hartmut Haenchen partage cette vision ascétique. Après une page de Bach en guise de bis, ne peut s’installer qu’un silence mathématique…
Jean-Félix Marquette
Isabelle van Keulen, violon
La Symphonie alpestre de Richard Strauss, vaste poème symphonique de 1915, dont le lyrisme grandiose a tôt fait de virer vers l’emphase, est souvent un piège fatal pour tout orchestre et chef seulement attentifs à ses aspects extérieurs. Hartmut Haenchen, grand chef allemand trop méconnu, préfère privilégier la quintessence du style straussien alliant luminosité et lisibilité, maîtrisant ainsi parfaitement les déchainements telluriques de notre Orchestre National du Capitole de Toulouse. Cette montée vers ces cîmes métaphoriques se fait ici sans violence expressive excessive, mais, au contraire, avec une graduation impressioniste quasi picturale.
De même, le Mémorial pour Lidice que Bohuslav Martinu a composé en 1943 pour rendre hommage à ce village tchèque martyr, trouve ici une profondeur spirituelle loin de toute noirceur qui appelle plus au recueillement qu’à la vindicte vengeresse.
Le Concerto funèbre pour violon et orchestre à cordes de Karl Amadeus Hartmann de 1939 (et révisé en 1959) manifeste les tourments d’un compositeur vivant cette époque trouble et incertaine (notamment l’invasion de la Tchécoslovaquie). Comme son nom l’indique c’est une œuvre sombre où douleur et violence se mêlent dans une longue plainte déchirante. La violoniste néerlandaise Isabelle van Keulen y insuffle un torrent d’émotions brutes qui électrise telle une tornade hivernale les paysages dévastés de cette page aride à la beauté nue. Les cordes de l’Orchestre du Capitole, à l’homogénéité remarquable, lui assurent un soutien inflexible d’autant que la direction de Hartmut Haenchen partage cette vision ascétique. Après une page de Bach en guise de bis, ne peut s’installer qu’un silence mathématique…
Jean-Félix Marquette
Publié le 19/02/2016 à 21:27, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.