Une Donna sans rivale
La Donna del Lago, Rossini
La Donna del Lago, Rossini; 2 DVD Erato; Distribution Warner.
C’est du MET, grande maison de tradition, que nous vient cet enregistrement live de La Donna del Lago représentée en février-mars 2015. Et c’est magnifique. Surtout musicalement, car la mise en scène de Paul Curran, fidèle au livret inspiré de Walter Scott ne brille pas par l’invention. L’action se déroule en Ecosse, nous aurons donc nos tartans colorés, près d’un lac, et la lande fleurie et de beaux ciels dessinent une carte postale d’aurore, ou dans un palais, et nous aurons une salle du trône éclairée de somptueux costumes. Simple, efficace, esthétiquement soigné. Ici ou là, quelques scènes d’action, dont le mouvement et la vraisemblance dramatique ne sont pas la première vertu. Mais laissons, comme le public le fait allègrement, ces détails dans les coulisses. La distribution du plus haut niveau balaie toute réticence.
«La Dame du lac» est Elena, jeune fille «romantique», amoureuse de Malcolm (rôle de travesti), et aimée de trois hommes! Même si le livret se révèle solide et bien composé, avouons que les péripéties sur fond de guerre civile importent peu pour prendre ici son plaisir à l’opéra seria de Rossini qui finit dans la «felicità». Quand Elena est Joyce DiDonato, la joie se fait complète. La technique de la cantatrice apparait une fois de plus accomplie. La virtuosité se met au service de la musicalité; les aigus brillent sans stridence; le légato semble celui d’une source apaisante; le médium est plein de sève, de pulpe, la caractérisation psychologique sans défaut quelle que soit la situation dramatique; les vocalises émerveillent, mieux, émeuvent. Un seul exemple de cette perfection. Le diabolique rondo final «Tanti affeti» enchante par la variété des couleurs, le mordant des attaques, la fièvre maitrisée du rythme, les montées chromatiques qui allient force et douceur. Une «grande donna»!
Juan Diego Florez égale DiDonato en virtuosité. Son instrument apparait comme un des plus parfaits qui soient aujourd’hui. Et même s’il peut chanter des rôles comme Werther, c’est encore dans le bel canto, et dans Rossini, qu’il reste un des meilleurs ténors, sinon le meilleur. La voix se révèle d’une puissante suavité, j’ose l’oxymore, le legato est de miel, l’agilité époustoufle. Et alors même qu’on a pu à juste titre lui reprocher un engagement scénique limité, une certaine raideur, le double rôle du passionné Uberto et du Roi magnanime lui va comme un gant, tant, dominant tous les pièges vocaux, il s’y sent dramatiquement à l’aise. La quarantaine aidant, il a acquis de son propre aveu plus de rondeur et de volume. Et quelle longueur de souffle! La voix est pleine, et sonne avec une autorité et une ardeur stimulantes. Ici encore je renvoie à un seul air: le ’Oh fiamma soave’qu’on écoute ravi, le sourire aux lèvres.
Le Malcolm sensible de Daniela Barcellona, peu flattée par son costume mais autre grande technicienne, le Douglas d’Oren Gradus, père plein d’autorité, et le Rodrigo vaillant, ardent de John Osborn – Ah! le trio du second acte avec ses deux illustres partenaires! – complètent cette distribution éclatante qui touche à l’excellence sous la direction engagée de Michele Mariotti à la tête d’un splendide orchestre. Pour les amoureux de Rossini, «la Dama del Lago «de référence, plein «de vie et de force» pour reprendre le chant initial des chœurs!
Jean Jordy
C’est du MET, grande maison de tradition, que nous vient cet enregistrement live de La Donna del Lago représentée en février-mars 2015. Et c’est magnifique. Surtout musicalement, car la mise en scène de Paul Curran, fidèle au livret inspiré de Walter Scott ne brille pas par l’invention. L’action se déroule en Ecosse, nous aurons donc nos tartans colorés, près d’un lac, et la lande fleurie et de beaux ciels dessinent une carte postale d’aurore, ou dans un palais, et nous aurons une salle du trône éclairée de somptueux costumes. Simple, efficace, esthétiquement soigné. Ici ou là, quelques scènes d’action, dont le mouvement et la vraisemblance dramatique ne sont pas la première vertu. Mais laissons, comme le public le fait allègrement, ces détails dans les coulisses. La distribution du plus haut niveau balaie toute réticence.
«La Dame du lac» est Elena, jeune fille «romantique», amoureuse de Malcolm (rôle de travesti), et aimée de trois hommes! Même si le livret se révèle solide et bien composé, avouons que les péripéties sur fond de guerre civile importent peu pour prendre ici son plaisir à l’opéra seria de Rossini qui finit dans la «felicità». Quand Elena est Joyce DiDonato, la joie se fait complète. La technique de la cantatrice apparait une fois de plus accomplie. La virtuosité se met au service de la musicalité; les aigus brillent sans stridence; le légato semble celui d’une source apaisante; le médium est plein de sève, de pulpe, la caractérisation psychologique sans défaut quelle que soit la situation dramatique; les vocalises émerveillent, mieux, émeuvent. Un seul exemple de cette perfection. Le diabolique rondo final «Tanti affeti» enchante par la variété des couleurs, le mordant des attaques, la fièvre maitrisée du rythme, les montées chromatiques qui allient force et douceur. Une «grande donna»!
Juan Diego Florez égale DiDonato en virtuosité. Son instrument apparait comme un des plus parfaits qui soient aujourd’hui. Et même s’il peut chanter des rôles comme Werther, c’est encore dans le bel canto, et dans Rossini, qu’il reste un des meilleurs ténors, sinon le meilleur. La voix se révèle d’une puissante suavité, j’ose l’oxymore, le legato est de miel, l’agilité époustoufle. Et alors même qu’on a pu à juste titre lui reprocher un engagement scénique limité, une certaine raideur, le double rôle du passionné Uberto et du Roi magnanime lui va comme un gant, tant, dominant tous les pièges vocaux, il s’y sent dramatiquement à l’aise. La quarantaine aidant, il a acquis de son propre aveu plus de rondeur et de volume. Et quelle longueur de souffle! La voix est pleine, et sonne avec une autorité et une ardeur stimulantes. Ici encore je renvoie à un seul air: le ’Oh fiamma soave’qu’on écoute ravi, le sourire aux lèvres.
Le Malcolm sensible de Daniela Barcellona, peu flattée par son costume mais autre grande technicienne, le Douglas d’Oren Gradus, père plein d’autorité, et le Rodrigo vaillant, ardent de John Osborn – Ah! le trio du second acte avec ses deux illustres partenaires! – complètent cette distribution éclatante qui touche à l’excellence sous la direction engagée de Michele Mariotti à la tête d’un splendide orchestre. Pour les amoureux de Rossini, «la Dama del Lago «de référence, plein «de vie et de force» pour reprendre le chant initial des chœurs!
Jean Jordy
Publié le 08/12/2015 à 07:29, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.