Pure diva
Tribute to Joan Hammond
Cheryl Barker, soprano; Direction Guillaume Tourniaire; Queensland Symphony Orchestra (Brisbane); Pure diva; CD Melba.
Le CD, «Pure Diva. Tribute Johan Hammond» (78’), a été enregistré en 2010 et distribué sous le label Melba Records. Carte de visite musicale, Il est signé par la soprano australienne Cheryl Barker. Celle-ci s’est parfois produite en Europe, et a chanté notamment à Strasbourg en 2011 le rôle principal de Vec Macropoulos ou à Bastille Cio-Cio-San en 2009. Mais Cheryl Barker fait l’essentiel de sa déjà solide carrière dans son pays natal où elle peut incarner Adriana Lecouvreur, la Desdémone verdienne, Tosca, Salomé ou Madame Butterfly sur les scènes de Sydney, Melbourne, Perth et Brisbane dont l’orchestre du Queensland Symphony l’accompagne dans ce disque.
On le sait, pour enregistrer il faut désormais un concept. Ici, le prétexte – louable – à cette anthologie lyrique est de rendre hommage à la cantatrice et compatriote Joan Hammond, qui a été le professeur de notre interprète. Ainsi les airs s’enchainent-ils sans autre logique apparente que de présenter un aperçu des rôles des deux sopranos d’Eugène Onéguine à Didon et Enée – dans cet ordre – en faisant se succéder russe (Tchaïkovski), italien (Verdi), tchèque (Dvorak), français (Offenbach), allemand (Korngold) et anglais (Bishop, Purcell). Sans doute cette diversité de langue et de style est-elle le lot des chanteurs qui embrassent une carrière internationale et vont d’une ville à l’autre, d’un rôle à l’autre. Mais cette variété construit-elle un CD? La réponse se trouve dans la question. Si on ajoute pour finir quatre mélodies de Seettle, Bischop, Coates et une présentée comme «The Last Riose of Summer (Trad. )», on constate que le pot-pourri quoique charmant est bien peu homogène. Et nécessairement, la caractérisation des rôles, des personnages apparait-elle inégale.
Desdémone quasi éthérée, émouvante convainc plus que Tatiana dont la lettre parait bien peu juvénile et un rien étriquée. Le grand air d’Elisabeth dans le Don Carlo «Tu che le vanità» fait valoir une technique solide, un médium plein, un sens de la ligne et une vraie sensibilité: mais cette reine d’Espagne parait bien fragile. Aucune réserve en revanche pour l’extrait de Rusalka dont le tendre Chant à la lune exalte une voix pure et chargée d’émotion. L’air d’Antonia «Elle a fui la tourterelle» est bien dans les cordes vocales de Cheryl Barker dont le français, malgré des efforts louables, s’avère perfectible. Le choix judicieux et original de la chanson de Marietta dans l’opéra Die tote Stadt (La Ville morte) rappelle avec finesse la beauté de l’opéra de Korngold et sa force dramatique. Des autres pièces, on retiendra surtout un Home Sweet Home du compositeur anglais Henry Rowley Bishop (1786-1855) chanté sur le souffle. L’ensemble du «récital» s’avère ainsi probe, lisse, techniquement au point, lyriquement sage. L’accompagnement de l’orchestre australien sous la direction du talentueux chef Guillaume Tourniaire se révèle efficace, et apte à varier les climats sonores
Nul ne peut douter des intentions affectives et affectueuses qui ont présidé à la conception et à la réalisation de ce disque qui apparait cependant un peu fourre-tout. Il a le mérite de mieux faire connaitre une chanteuse sensible que l’on sent plus à l’aise dans les rôles moins lourds que Tosca ou Salomé où elle est distribuée. Peut-être la noble épreuve de la scène transcende-t-elle un tempérament dramatique ici un peu réservé.
Louons la qualité de présentation du CD, malgré une photographie de pochette très artificielle: reproduction de toutes les paroles, hommage rendu à Joan Hammond (1912-1996) dont on saisit mieux quelle star elle a été en Australie, traduction française, discographie du chef, qualité esthétique de l’ensemble.
Jean JORDY
Le CD, «Pure Diva. Tribute Johan Hammond» (78’), a été enregistré en 2010 et distribué sous le label Melba Records. Carte de visite musicale, Il est signé par la soprano australienne Cheryl Barker. Celle-ci s’est parfois produite en Europe, et a chanté notamment à Strasbourg en 2011 le rôle principal de Vec Macropoulos ou à Bastille Cio-Cio-San en 2009. Mais Cheryl Barker fait l’essentiel de sa déjà solide carrière dans son pays natal où elle peut incarner Adriana Lecouvreur, la Desdémone verdienne, Tosca, Salomé ou Madame Butterfly sur les scènes de Sydney, Melbourne, Perth et Brisbane dont l’orchestre du Queensland Symphony l’accompagne dans ce disque.
On le sait, pour enregistrer il faut désormais un concept. Ici, le prétexte – louable – à cette anthologie lyrique est de rendre hommage à la cantatrice et compatriote Joan Hammond, qui a été le professeur de notre interprète. Ainsi les airs s’enchainent-ils sans autre logique apparente que de présenter un aperçu des rôles des deux sopranos d’Eugène Onéguine à Didon et Enée – dans cet ordre – en faisant se succéder russe (Tchaïkovski), italien (Verdi), tchèque (Dvorak), français (Offenbach), allemand (Korngold) et anglais (Bishop, Purcell). Sans doute cette diversité de langue et de style est-elle le lot des chanteurs qui embrassent une carrière internationale et vont d’une ville à l’autre, d’un rôle à l’autre. Mais cette variété construit-elle un CD? La réponse se trouve dans la question. Si on ajoute pour finir quatre mélodies de Seettle, Bischop, Coates et une présentée comme «The Last Riose of Summer (Trad. )», on constate que le pot-pourri quoique charmant est bien peu homogène. Et nécessairement, la caractérisation des rôles, des personnages apparait-elle inégale.
Desdémone quasi éthérée, émouvante convainc plus que Tatiana dont la lettre parait bien peu juvénile et un rien étriquée. Le grand air d’Elisabeth dans le Don Carlo «Tu che le vanità» fait valoir une technique solide, un médium plein, un sens de la ligne et une vraie sensibilité: mais cette reine d’Espagne parait bien fragile. Aucune réserve en revanche pour l’extrait de Rusalka dont le tendre Chant à la lune exalte une voix pure et chargée d’émotion. L’air d’Antonia «Elle a fui la tourterelle» est bien dans les cordes vocales de Cheryl Barker dont le français, malgré des efforts louables, s’avère perfectible. Le choix judicieux et original de la chanson de Marietta dans l’opéra Die tote Stadt (La Ville morte) rappelle avec finesse la beauté de l’opéra de Korngold et sa force dramatique. Des autres pièces, on retiendra surtout un Home Sweet Home du compositeur anglais Henry Rowley Bishop (1786-1855) chanté sur le souffle. L’ensemble du «récital» s’avère ainsi probe, lisse, techniquement au point, lyriquement sage. L’accompagnement de l’orchestre australien sous la direction du talentueux chef Guillaume Tourniaire se révèle efficace, et apte à varier les climats sonores
Nul ne peut douter des intentions affectives et affectueuses qui ont présidé à la conception et à la réalisation de ce disque qui apparait cependant un peu fourre-tout. Il a le mérite de mieux faire connaitre une chanteuse sensible que l’on sent plus à l’aise dans les rôles moins lourds que Tosca ou Salomé où elle est distribuée. Peut-être la noble épreuve de la scène transcende-t-elle un tempérament dramatique ici un peu réservé.
Louons la qualité de présentation du CD, malgré une photographie de pochette très artificielle: reproduction de toutes les paroles, hommage rendu à Joan Hammond (1912-1996) dont on saisit mieux quelle star elle a été en Australie, traduction française, discographie du chef, qualité esthétique de l’ensemble.
Jean JORDY
Publié le 25/11/2015 à 22:22, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.