Théodora

Haendel
Haendel, Théodora; Daneman, Taylor, Croft, Berg, Galstian; William Christie; Les Arts Florissants; Coffret de 3 CD; Erato; Enregistrement 2002.

Le voilà ce somptueux oratorio d’Haendel composé quelques années avant sa mort. Il nous conte le martyr de deux chrétiens: Didymus, le soldat romain et la princesse Théodora. Apocryphe, sûrement, cette histoire donne au maître saxon l’occasion d’écrire une œuvre d’une immense profondeur et d’une grande sensibilité.
Bien sûr le style italien est là avec ses arias da capo, mais l’ornementation est bien au service du propos. Les arias de Valens sont impressionnants car ils sont là pour exprimer la colère du gouverneur romain, magnifiquement interprété par Nathan Berg. La force du propos s’incline devant la douleur de Théodora, Sophie Daneman lui donne toute sa douceur et sa grandeur.
Richard Croft incarne un Septimius empreint d’humanité, la ligne de chant est sans faille, au service d’une virtuosité époustouflante. Magnifique Irène de Juliette Gastian, aux sons irréels, comme venus d’ailleurs, divins en somme; à ses côtés le Didymus de Daniel Taylor est lui aussi impressionnant.
Une distribution au sommet qui donne la réplique à des chœurs tout aussi magnifiques. Haendel y déploie un sens dramatique très puissant comme dans le final de l’acte I ou dans celui du deux qui n’est pas sans évoquer Le Messie. L’ouvrage s’achève dans la retenue et la méditation: un moment de grâce.
William Christie et ses Arts Florissants réalisent là un travail impeccable au service d’une partition immense.

Marc Laborde

Note: Un seul regret: l’absence de livret dans le coffret, ce qui aurait permis d’admirer encore davantage ces pages!
Publié le 09/11/2015 à 21:38, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.