Basilique Saint Sernin
> 26 mai
Les chantres du Thoronet
C’est dans le cadre idéal de la Basilique Saint Sernin, construite au XIIe siècle, que sont venus se produire les chantres du Thoronet.
Le chant grégorien, agonisant à la renaissance et anéanti brutalement à la révolution française, n’a été restauré que très récemment au XIXe siècle par les moines bénédictins. Ces derniers eurent une volonté bien légitime de l’uniformiser afin que tout monastère et que toute église puisse s’approprier à nouveau ce chant sacré sans nécessairement avoir fréquenté le conservatoire ou fait des études en paléographie.
Dès lors le chant grégorien retrouva une vie et la façon dont il est interprété est devenu un sujet passionné face aux seuls manuscrits le décrivant.
Les chantres du Thoronet ont assurément leur idée sur la question, s’éloignant largement de celle des bénédictins et employant des procédés empruntés à d’autres chants anciens dont la pratique n’a pas souffert d’un abandon ferme: le chant byzantin.
L’oreille profane de l’homme d’aujourd’hui n’est pas accoutumée au trésor musical que recèle le chant grégorien. C’est probablement ce qui a conduit quelques spectateurs désorientés et indifférents à partir avant la fin du concert.
Le chant grégorien ne saurai se satisfaire des deux modes majeur et mineur que nous connaissons. Sa palette s’étend sur huit modes, chacun pouvant être caractérisé comme grave, triste, mystique, harmonieux, joyeux, dévot, angélique ou parfait.
Son rythme ne se laisse pas emprisonner entre des barres de mesure mais est guidé naturellement par la langue latine, chantante et vivante, comme un accent méridional, par ses syllabes, ses mots, les phrases et leur sens, la ponctuation et le souffle.
L’édifice religieux, dont le volume introduit un temps de résonance qui lui est propre, révèle aussi une notion de rythme avec lequel les chantres du Thoronet composent agilement.
Les ornementations façonnées par les chantres, généreuses et odacieusement emprutées à une autre culture, soulignent bien les propos bibliques que le chant grégorien veut transmettre et conduisent volontiers au voyage dans le désert avec les premiers patriarches.
Difficile de dire si les chantres du Thoronet sont dans l’absolue vérité avec leur interprétation compte tenu des circonstances. Mais à sa façon le résultat est remarquablement beau et il conduit au receuillement. Un beau concert!
Sacha Lavrinenkof
Le chant grégorien, agonisant à la renaissance et anéanti brutalement à la révolution française, n’a été restauré que très récemment au XIXe siècle par les moines bénédictins. Ces derniers eurent une volonté bien légitime de l’uniformiser afin que tout monastère et que toute église puisse s’approprier à nouveau ce chant sacré sans nécessairement avoir fréquenté le conservatoire ou fait des études en paléographie.
Dès lors le chant grégorien retrouva une vie et la façon dont il est interprété est devenu un sujet passionné face aux seuls manuscrits le décrivant.
Les chantres du Thoronet ont assurément leur idée sur la question, s’éloignant largement de celle des bénédictins et employant des procédés empruntés à d’autres chants anciens dont la pratique n’a pas souffert d’un abandon ferme: le chant byzantin.
L’oreille profane de l’homme d’aujourd’hui n’est pas accoutumée au trésor musical que recèle le chant grégorien. C’est probablement ce qui a conduit quelques spectateurs désorientés et indifférents à partir avant la fin du concert.
Le chant grégorien ne saurai se satisfaire des deux modes majeur et mineur que nous connaissons. Sa palette s’étend sur huit modes, chacun pouvant être caractérisé comme grave, triste, mystique, harmonieux, joyeux, dévot, angélique ou parfait.
Son rythme ne se laisse pas emprisonner entre des barres de mesure mais est guidé naturellement par la langue latine, chantante et vivante, comme un accent méridional, par ses syllabes, ses mots, les phrases et leur sens, la ponctuation et le souffle.
L’édifice religieux, dont le volume introduit un temps de résonance qui lui est propre, révèle aussi une notion de rythme avec lequel les chantres du Thoronet composent agilement.
Les ornementations façonnées par les chantres, généreuses et odacieusement emprutées à une autre culture, soulignent bien les propos bibliques que le chant grégorien veut transmettre et conduisent volontiers au voyage dans le désert avec les premiers patriarches.
Difficile de dire si les chantres du Thoronet sont dans l’absolue vérité avec leur interprétation compte tenu des circonstances. Mais à sa façon le résultat est remarquablement beau et il conduit au receuillement. Un beau concert!
Sacha Lavrinenkof
Publié le 30/05/2015 à 13:57, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.