Emile Goué
Mélodies
Emile Goué (1904-1946)
1 CD Collection du festival international
Albert Roussel
Compositeur de la première partie du XXème siècle, Emile Goué, mort en 1946, à l’âge de 42 ans, après 5 années de captivité à l’Oflag XB à Nienburg, laisse une production musicale importante, que sa captivité n’interrompit qu’à peine (œuvres pour piano, musique de chambre, œuvres symphoniques, lyriques… ), dont un ensemble de mélodies ici enregistrées en 2005 pour la première fois, dans la Collection du festival international Albert Roussel.
Il y a toujours quelque chose d’excitant à l’idée de découvrir ainsi des œuvres enfouies dans le temps, en l’espèce, pendant près de soixante ans. D’autres, à l’esprit moins curieux mais sans doute plus cynique, trouveraient dans ce long silence une raison suffisante pour ne point les exhumer! À dire vrai, la découverte de cet enregistrement semble donner raison tant au curieux qu’au cynique.
Les mélodies d’Emile Goué sont très inégales, certaines pouvant donner l’impression d’être à la mélodie ce que l’esquisse, voire l’ébauche, est à la peinture: une impression d’œuvres inachevées. A cela s’ajoute, pour l’essentiel, un choix de textes dont on ne regrettera pas l’absence dans les meilleures anthologies de la poésie. Issus de nombreux auteurs très différents, ces textes ont toutefois en commun d’être marqués de frayeur et d’effroi, décrivant, dans l’obscurité, sous la pluie, des paysages hostiles dans lesquels l’homme cherche le mystère de la Création et le sens de sa destinée. Quoi de plus normal pour ce compositeur qui écrivait «la musique est pour moi une activité métaphysique, et ne se sépare pas de ma vie».
Les interprétations de nos trois chanteurs sont elles aussi très inégales, trop souvent exagérées, surinterprétées, alors même que ces mélodies, déjà très dramatisées, tant par la composition musicale où le piano fait bien plus qu’accompagner que par les textes, imposent de ne point trop en faire!
Jean-Jacques Cubaynes, à la très belle voix de basse, évite cet écueil et nous livre une interprétation convaincante, parce que simple, tout en légato, des trois chansons sur la pluie, ce qui permet de s’immiscer plus facilement dans l’intimité musicale d’Emile Goué (Grisaille, Pluie, et La pluie qui vient, sur des poèmes respectivement d’André Fagé, Raymond Christoflour et Pierre Vandendries).
Incontestablement, les trois poèmes de Rainer-Maria Rilke (Inquiétude, C’était le jour des chrysanthèmes blancs et Heure grave) constituent également l’un des meilleurs moments de cet enregistrement. Toutefois, Damien Top, ténor dont le joli timbre clair donne envie de l’entendre dans le répertoire de la mélodie, ne semble pas ici très à l’aise, et son interprétation aurait sans doute gagné à encore plus de simplicité. En outre, dans d’autres mélodies, il donne parfois l’impression d’être en position difficile en tessiture haute.
L’interprétation de Christel Plancq, soprano, qui manque aussi parfois de sobriété, n’est guère plus enthousiasmante et certains forte dans les aigus ne sont pas toujours du meilleur effet.
La qualité de l’enregistrement ne sert assurément pas nos chanteurs.
Le piano d’Éric Hénon s’attache, le plus souvent avec talent et musicalité, à produire tous les effets que suggèrent des textes, il faut bien le dire, peu intéressants. À certains moments, on finit par ne plus écouter que le piano et on découvre alors qu’il y a du Ravel, du Franck dans l’écriture intéressante de Goué… Mais alors, où est la mélodie?
Christophe BERNARD
1 CD Collection du festival international
Albert Roussel
Compositeur de la première partie du XXème siècle, Emile Goué, mort en 1946, à l’âge de 42 ans, après 5 années de captivité à l’Oflag XB à Nienburg, laisse une production musicale importante, que sa captivité n’interrompit qu’à peine (œuvres pour piano, musique de chambre, œuvres symphoniques, lyriques… ), dont un ensemble de mélodies ici enregistrées en 2005 pour la première fois, dans la Collection du festival international Albert Roussel.
Il y a toujours quelque chose d’excitant à l’idée de découvrir ainsi des œuvres enfouies dans le temps, en l’espèce, pendant près de soixante ans. D’autres, à l’esprit moins curieux mais sans doute plus cynique, trouveraient dans ce long silence une raison suffisante pour ne point les exhumer! À dire vrai, la découverte de cet enregistrement semble donner raison tant au curieux qu’au cynique.
Les mélodies d’Emile Goué sont très inégales, certaines pouvant donner l’impression d’être à la mélodie ce que l’esquisse, voire l’ébauche, est à la peinture: une impression d’œuvres inachevées. A cela s’ajoute, pour l’essentiel, un choix de textes dont on ne regrettera pas l’absence dans les meilleures anthologies de la poésie. Issus de nombreux auteurs très différents, ces textes ont toutefois en commun d’être marqués de frayeur et d’effroi, décrivant, dans l’obscurité, sous la pluie, des paysages hostiles dans lesquels l’homme cherche le mystère de la Création et le sens de sa destinée. Quoi de plus normal pour ce compositeur qui écrivait «la musique est pour moi une activité métaphysique, et ne se sépare pas de ma vie».
Les interprétations de nos trois chanteurs sont elles aussi très inégales, trop souvent exagérées, surinterprétées, alors même que ces mélodies, déjà très dramatisées, tant par la composition musicale où le piano fait bien plus qu’accompagner que par les textes, imposent de ne point trop en faire!
Jean-Jacques Cubaynes, à la très belle voix de basse, évite cet écueil et nous livre une interprétation convaincante, parce que simple, tout en légato, des trois chansons sur la pluie, ce qui permet de s’immiscer plus facilement dans l’intimité musicale d’Emile Goué (Grisaille, Pluie, et La pluie qui vient, sur des poèmes respectivement d’André Fagé, Raymond Christoflour et Pierre Vandendries).
Incontestablement, les trois poèmes de Rainer-Maria Rilke (Inquiétude, C’était le jour des chrysanthèmes blancs et Heure grave) constituent également l’un des meilleurs moments de cet enregistrement. Toutefois, Damien Top, ténor dont le joli timbre clair donne envie de l’entendre dans le répertoire de la mélodie, ne semble pas ici très à l’aise, et son interprétation aurait sans doute gagné à encore plus de simplicité. En outre, dans d’autres mélodies, il donne parfois l’impression d’être en position difficile en tessiture haute.
L’interprétation de Christel Plancq, soprano, qui manque aussi parfois de sobriété, n’est guère plus enthousiasmante et certains forte dans les aigus ne sont pas toujours du meilleur effet.
La qualité de l’enregistrement ne sert assurément pas nos chanteurs.
Le piano d’Éric Hénon s’attache, le plus souvent avec talent et musicalité, à produire tous les effets que suggèrent des textes, il faut bien le dire, peu intéressants. À certains moments, on finit par ne plus écouter que le piano et on découvre alors qu’il y a du Ravel, du Franck dans l’écriture intéressante de Goué… Mais alors, où est la mélodie?
Christophe BERNARD
Publié le 17/02/2015 à 13:36, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.