Halle aux grains
> 16 décembre

Le Messie revisité

ORFEO 55
Photo DR-VG, Les grands interprètes
Nathalie Stutzman, direction
Le chœur de chambre de Namur, Susan Gritton, Sara Mingardo, Benjamin Bernheim, Andrew Foster-Williams

On pourrait aisément croire à la banalité d’un Messie en décembre, tant c’est courant… Là, ce serait une colossale erreur. Nathalie Stutzman et ses musiciens d’Orfeo comme le chœur de Namur et les solistes nous proposent une véritable relecture du Messie, proposé ici dans sa version anglaise. La première partie, «La Prophétie du Seigneur» est encore relativement classique, disons d’une excellente facture, sans plus. La deuxième, «Le sacrifice du Christ et sa condamnation» et troisième, «Le Christ triomphant», partie touche au sublime tant dans l’expression de la douleur que dans celle de la gloire avec la toujours très belle transition de l’Alléluia.
L’originalité du Messie tient à ce qu’il repose sur des extraits des psaumes et des Épitres et non des Évangiles. Il y a de ce fait, outre le moteur de la foi bien présente chez Haendel un souffle poétique et une force exceptionnelle dans les textes, alors que les oratorios de la même époque sont le plus souvent beaucoup plus linéaires, dès lors qu’ils suivent un des évangiles. L’œuvre de Haendel laisse une place large à la vision des interprètes, ce qui a d’ailleurs eu pour conséquence des visions très différentes, allant du quasiment pompeux (très grands effectifs, sonorités poussées à l’extrême… on s’est trompé de siècle!) à l’éthéré (Soulages est maximaliste à côté!). Nathalie Stutzman imprime clairement sa marque en optant pour un orchestre dominé par les cordes, en faisant néanmoins une place essentielle aux bois (4 musiciens) et aux cuivres (2 trompettes), et un chœur composé de manière originale par plus de voix masculines que féminines.
Tous sont excellents et il y a une véritable fusion avec leur chef, qui s’implique, elle est les instruments, elle est les voix. Elle fait passer et partager une émotion intense qui est quasiment palpable dans la salle. Je serai plus nuancée s’agissant des solistes: Autant Susan Gritton a une voix parfaitement adaptée, elle est notamment lumineuse dans “Rejoice greatly” et “How beautiful are the feet”, Sara Mingardo manque ce soir de souffle. Malgré les appels de Nathalie Stutzman, sa voix est désespérément couverte par l’orchestre. Benjamin Bernheim comme Andrew Foster-Williams sont quant à eux très convaincants. Je retiendrai particulièrement le superbe air du baryton-basse: “Why do the nations so furiously rage together?”.
Une belle étape dans le temps de l’Avent!

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 30/12/2014 à 14:44, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.