Folies

Par les Passions
Folies, par les Passions, l’orchestre baroque de Montauban
Jean-Marc Andrieu, direction et flûtes à bec
CD Ligia, distr. Harmonia Mundi, 65’

Abandonnant la musique vocale présente dans leurs derniers enregistrements, Jean-Marc Andrieu et les Passions choisissent, non sans audace, avec ce dernier CD de se concentrer sur le répertoire dédié à la flûte ou adapté pour elle et cela en associant autour du thème des folies des œuvres baroques classiques et des «Folies» contemporaines commandées à Thierry Huillet et créées en 2010. Arrangements ou compositions originales se suivent, ainsi une Follia inspirée par Corelli et Geminiani, puis la sonate en trio en fa majeur de Telemann, qui précède une lumineuse chaconne de Benedetto-Giacomo Marcello. On poursuit avec la sonate en si majeur de Giovanni-Battista Sanmartini, puis la chaconne pour trois flûtes à bec de Purcell, réalisée par trois enregistrements superposés de Jean-Marc Andrieu, pour finir avec un Aria de Bach et le Rossignol en Amour de Couperin et surtout la Folie de Huillet, la plus longue pièce du CD.
Intéressant, original sans nulle réserve, ce CD est intellectuellement stimulant: on retrouve avec plaisir des œuvres connues éventuellement retravaillées et adaptées, on en découvre d’autres pleines de charme et d’inventivité, ainsi la chaconne de Purcell, en saluant au passage la prouesse technique du triple enregistrement. Mais pour la partie baroque du CD, l’émotion n’est pas vraiment au rendez-vous. Ce n’est d’ailleurs pas tellement surprenant, car ce genre de compositions étaient souvent jouées alors que les auditeurs faisaient autre chose, c’était fréquemment un décor musical raffiné.
D’une tout autre facture sont les «Folies» de Thierry Huillet: le compositeur recourt à une multitude de registres, tord les conventions avec jubilation pour promener l’auditeur dans des sonorités qui évoquent aussi bien des musiques traditionnelles de l’Amérique latine que le résultat des recherches de la musique électronique. C’est parfois déconcertant, mais quel souffle. À la deuxième audition, on a eu le temps de se repérer et c’est un vrai bonheur. La rencontre d’une invention subtile et de musiciens qui manifestement sont ravis entraînent une adhésion heureuse de l’auditeur, demeuré plus distant pendant les 4/5 du CD. On ne peut que suivre Thierry Huillet lorsqu’il évoque l’association heureuse des instruments anciens avec la composition d’aujourd’hui.

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 19/11/2014 à 07:42, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.