Notre-Dame de la Daurade
> 21 avril

Divins moments

Pierre Emmanuel Roubet, ténor
Laurent Labarbe, basse
Marc Chiron, orgue

Dans la paix d’une fin de journée enfin ensoleillée, il valait la peine de pousser la porte de Notre-Dame de la Daurade comme l’ont vécu avec bonheur les quelque cent personnes venues écouter deux chanteurs de talent, Pierre Emmanuel Roubet, ténor, et Laurent Labarbe, baryton-basse, qu’accompagnait à l’orgue Marc Chiron, dans un répertoire allant de Haendel à Kurt Weill en passant par Rossini, Mendelssohn, Pergolese, Donizetti et Puccini. Organisé ensemble par l’Association des Amis des orgues de la Daurade et UtMiSol, dont le président Marc Laborde présente le concert, cette soirée s’inscrit dans une longue et fructueuse tradition de coopération.
Marc Chiron exécute sur les grandes orgues l’ouverture de Rinaldo de Haendel et à mi-parcours Deux esquisses de Robert Schumann font une heureuse transition aux pièces chorales pour lesquelles il accompagne les deux solistes sur le charmant petit orgue du chœur de la basilique. C’est alors une alternance de solos et de duos, dont certains sont rarement interprétés
Le duo Suscepit Israel tiré du Magnificat de Pergolese est bien dans le ton du temps de Pâques et les deux chanteurs, en excellente symbiose, traduisent à merveille la jubilation qu’il comporte. Le superbe The people that walked in the darkness du Messie est proposé par Laurent Labarbe avant le somptueux Every valley shall be exalted, tiré également du Messie, interprété avec passion par Pierre Emmanuel Roubet qui nous avait déjà enchanté dans la même basilique comme soliste du Requiem de Mozart. Laurent Labarbe excelle ensuite dans le Gott sei mir gnädig du Paulus de Mendelssohn où il réussit à donner à la prière le ton de l’exaucement, de la sérénité avant de céder la place à Pierre Emmanuel Roubet pour le sensible et subtil Cuius animam gementem du Stabat Mater de Rossini.
Les deux solistes nous font découvrir un extrait du peu connu Requiem de Donizetti, le Judex ergo, plein d’inventivité et d’une beauté très sobre, que leurs deux voix font bien ressortir. On change de registre avec le Deuxième rapport sur le soldat inconnu tiré du Requiem berlinois de Kurt Weill: Bach n’est pas loin, c’est sans doute une sorte d’hommage, et en même temps toute l’originalité de Weill est bien présente, que la voix très chaude de Laurent Labarbe fait bien ressortir, notamment dans le Warum denn nicht. P. E. Roubet enchaîne avec le gratias agimus de la Messa di Gloria de Puccini et tous deux concluent sur le magnifique Agnus Dei de la même messe, qui se termine en Do majeur, dans une sonorité d’espérance parfaite un lendemain de Pâques.
Un très beau moment!

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 25/04/2014 à 08:45, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.