Théâtre du Capitole
> 18 mars

Cavalleria et Paillasse

Photos Patrice Nin.
Vérisme ne veut pas dire voix sans nuance et ne se résume pas à de vagues cris lyriques. Le duo classique Cav/Pag proposé par le Capitole à quoi surprendre: un Cavalleria plutôt raté et un Paillase remarquable!
Yannis Kokkos signe une mise en scène efficace: décor unique simple mais juste, costumes très subtils pour Paillasse tout de gris pour les habitants et colorés pour les acteurs, présence de la religion - un peu répétitive? - mais il est le seul à avoir compris que les fêtes religieuses avaient ici une importance de rédemption, théâtre dans le théâtre pour Paillasse, classique, mais de parfait bon aloi. Sa vision de Cavalleria reste quant à elle sommaire et déjà maintes fois vue.
André Heyboer nous surprend agréablement en Alfio tout comme la Lola de Sarah Jouffroy. Elena Zilio est une Mamma Lucia de grande classe. Mais que dire du pâle Turridu de Nicolai Schukoff et de la terrible Elena Bocharova, pathétique tant au plan vocal que scénique! L’opéra a tout de même évolué depuis les cinquante dernières années!
Paillasse est lui une vraie réussite. Somptueux Canio de Badri Maisuradze, tout de puissance et d’émotion. Elégance de Tamar Iveri, le duo final est d’une violence telle que nous restons médusés: du grand opéra! Sergey Murzaev est un Tonio vénéneux, parfait. Le Sylvio de Mario Cassi et le Beppe de Mikeldi Atxalandabaso sont convaincants.
Chœurs et orchestre sont à l’unisson, excellents. Tugan Sokhiev raffine davantage dans Paillasse, lui aussi plus à l’aise.
Pour une fois, l’habituel duo n’a pas fonctionné comme le montre l’ovation du public aux seconds protagonistes. Cavalleria mérite plus d’attention.

Marc Laborde
Publié le 17/04/2014 à 14:25, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.