Halle aux grains
> 21 mars
La Passion selon Saint Jean
Jean Sebastien Bach
Bach Collegium Japan
Direction Mazaaki Suzuki
Proposée dans sa quatrième version, la Passion est ici le résultat d’un long travail et de choix délibérés.
L’ensemble est restreint et on est dans la perspective souvent évoquée de Minkowski ou Jacobs, lorsqu’ils optent pour des présentations délibérément minimalistes, la distinction entre la voix et l’instrument s’effaçant au profit d’une souvent sublime fusion sonore. Masaaki Suzuki tire de ses instrumentistes des sonorités exceptionnelles, dirigeant avec fougue depuis son clavecin. En revanche, un peu de déception du côté des solistes-choristes, à l’exception de l’absolument remarquable Gerd Türk, bouleversant évangéliste à l’interprétation pleine de nuances dans une maîtrise parfaite de ce genre si difficile du récitatif.
Opter pour un alto masculin prive en l’occurrence de certaines inflexions, même i la voix de Damien Guillou ne manque pas de qualité, notamment dans le Es ist vollbracht. Joanne Lunne se trompe d’œuvre: elle a une voix superbe certes, mais sa façon de chanter n’est pas en harmonie avec la Passion, qu’elle confond avec des duos d’amour un peu roucoulants et surtout maniérés. Peter Kooij campe avec talent Pierre et Ponce Pilate et donne une présence forte à deux acteurs bien sombres du drame de la passion. La grosse déception vient de Chiguki Urano: son timbre de basse est beau, mais sa prestation est gâchée par son exécrable prononciation de l’allemand. Certaines paroles du Christ en deviennent inintelligibles et cela rompt la tension dramatique.
Dans les moments forts, il faut signaler les très réussis Herr, unser Herrscher et le Ruht wohl.
Globalement, une belle soirée, d’autant que les musiciens ont donné en bis le choral final, celui que dans les églises allemandes on a longtemps repris en chœur debout avec les musiciens, pour finir ensemble dans une émotion partagée que ne trouble aucun applaudissement. Il y manque toutefois cet élan vers le haut auquel on est sensible, indépendamment de toute foi personnelle. On n’entre pas complètement, en demeurant spectateur/auditeur.
Danielle Anex-Cabanis
Direction Mazaaki Suzuki
Proposée dans sa quatrième version, la Passion est ici le résultat d’un long travail et de choix délibérés.
L’ensemble est restreint et on est dans la perspective souvent évoquée de Minkowski ou Jacobs, lorsqu’ils optent pour des présentations délibérément minimalistes, la distinction entre la voix et l’instrument s’effaçant au profit d’une souvent sublime fusion sonore. Masaaki Suzuki tire de ses instrumentistes des sonorités exceptionnelles, dirigeant avec fougue depuis son clavecin. En revanche, un peu de déception du côté des solistes-choristes, à l’exception de l’absolument remarquable Gerd Türk, bouleversant évangéliste à l’interprétation pleine de nuances dans une maîtrise parfaite de ce genre si difficile du récitatif.
Opter pour un alto masculin prive en l’occurrence de certaines inflexions, même i la voix de Damien Guillou ne manque pas de qualité, notamment dans le Es ist vollbracht. Joanne Lunne se trompe d’œuvre: elle a une voix superbe certes, mais sa façon de chanter n’est pas en harmonie avec la Passion, qu’elle confond avec des duos d’amour un peu roucoulants et surtout maniérés. Peter Kooij campe avec talent Pierre et Ponce Pilate et donne une présence forte à deux acteurs bien sombres du drame de la passion. La grosse déception vient de Chiguki Urano: son timbre de basse est beau, mais sa prestation est gâchée par son exécrable prononciation de l’allemand. Certaines paroles du Christ en deviennent inintelligibles et cela rompt la tension dramatique.
Dans les moments forts, il faut signaler les très réussis Herr, unser Herrscher et le Ruht wohl.
Globalement, une belle soirée, d’autant que les musiciens ont donné en bis le choral final, celui que dans les églises allemandes on a longtemps repris en chœur debout avec les musiciens, pour finir ensemble dans une émotion partagée que ne trouble aucun applaudissement. Il y manque toutefois cet élan vers le haut auquel on est sensible, indépendamment de toute foi personnelle. On n’entre pas complètement, en demeurant spectateur/auditeur.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 17/04/2014 à 14:14, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.