Oeuvres pour chœurs et orchestre
Johannes Brahms
Philippe Herreweghe le magnifique!
Ann Hallenberg, alto
Collegium Vocale de Gent
Orchestre des Champs-Elysées
On ne sait ce que deviendra l’aventure du CD enregistré tant la dématérialisation gagne et les majors se mangent entre eux. La solution est peut-être de faire confiance aux artistes majeurs. Ainsi John Eliot Gardiner, Jordi Savall et Philippe Herreweghe ont créé leurs labels pour notre plus grande joie. Ce troisième opus de la collection Phi distribué par Outhere permet à Philippe Herreweghe de graver une version anthologique de ces œuvres magnifiques de Brahms. «Quand il aura tendu sa baguette magique en direction du chœur et de l’orchestre, s’appropriant la force de ces masses, nous pourrons nous attendre à un regard encore plus pénétrant sur les mystères du monde spirituel». Cette dimension spirituelle avec des moments d’intense plénitude, de flottements délicieux et de vocalité onctueuse avec un orchestre de mille couleurs permet un déploiement de musicalité rare. Philippe Herreweghe fait son miel de cette citation qui est la plus belle preuve d’amour et de compréhension que Schumann a apporté à son jeune ami Brahms, compositeur âgé de 25 ans.
Le geste est large, les respirations naturelles et les nuances subtilement graduées. Même les moments d’emportements comme la dernière strophe de Schicksalslied gardent une tenue qui permet de rendre naturel le retour au calme. La terreur est là pour magnifier la hauteur de vue apportée par cette confiance en une spiritualité musicale que rien ne peut gâcher. La Rhapsodie pour Alto et voix d’hommes est certainement la pièce la plus connue et la plus enregistrée par chefs et voix sombres illustres. Ici c’est le calme et le naturel, la beauté des nuances et l’harmonie des couleurs qui s’imposent. Voix assez claire mais incarnée Ann Hallenberg fait merveille en une humanité proche et amicale. Les notes les plus graves lui font révéler ses humaines limites qui portent le texte admirablement. L’orchestre irradie et le chœur d’hommes est d’une douceur troublante. Une belle version permettant une lecture claire et précise d’une partition complexe. Le motet a capella qui suit, Warum ist das Licht gegeben? est d’une hauteur de vue sidérale, entre subtiles nuances du chœur et couleurs parfaitement dosées de chaque pupitre. L’opulence sonore d’un grand chœur et la subtilité de la musique de chambre se donnent la main sous cette baguette si inspirée. Le mélange si mélancolique des instruments à vents (quels cors!) et du chœur mixte est parfaitement réussi dans Begräbnisgesang. Et la puissance de Gesang der Parzen termine le voyage sur des audaces de compositions étonnantes que les interprètes magnifient en des nuances très marquées.
La prise de son permet une écoute d’ensemble très naturelle ainsi qu’une analyse fine des instruments et des voix. Un texte intéressant et la traduction des textes chantés permettent une immersion totale dans ce continent de spiritualité en musique réalisé par Brahms, appelé de ces vœux par Schumann et parfaitement assimilé par Philippe Herreweghe qui signe un magnifique enregistrement aussi sublime que ses récents motets de Bach. À connaître absolument.
Hubert Stoecklin
1 CD PHI LPH003. Durée: 56’48’’
Ann Hallenberg, alto
Collegium Vocale de Gent
Orchestre des Champs-Elysées
On ne sait ce que deviendra l’aventure du CD enregistré tant la dématérialisation gagne et les majors se mangent entre eux. La solution est peut-être de faire confiance aux artistes majeurs. Ainsi John Eliot Gardiner, Jordi Savall et Philippe Herreweghe ont créé leurs labels pour notre plus grande joie. Ce troisième opus de la collection Phi distribué par Outhere permet à Philippe Herreweghe de graver une version anthologique de ces œuvres magnifiques de Brahms. «Quand il aura tendu sa baguette magique en direction du chœur et de l’orchestre, s’appropriant la force de ces masses, nous pourrons nous attendre à un regard encore plus pénétrant sur les mystères du monde spirituel». Cette dimension spirituelle avec des moments d’intense plénitude, de flottements délicieux et de vocalité onctueuse avec un orchestre de mille couleurs permet un déploiement de musicalité rare. Philippe Herreweghe fait son miel de cette citation qui est la plus belle preuve d’amour et de compréhension que Schumann a apporté à son jeune ami Brahms, compositeur âgé de 25 ans.
Le geste est large, les respirations naturelles et les nuances subtilement graduées. Même les moments d’emportements comme la dernière strophe de Schicksalslied gardent une tenue qui permet de rendre naturel le retour au calme. La terreur est là pour magnifier la hauteur de vue apportée par cette confiance en une spiritualité musicale que rien ne peut gâcher. La Rhapsodie pour Alto et voix d’hommes est certainement la pièce la plus connue et la plus enregistrée par chefs et voix sombres illustres. Ici c’est le calme et le naturel, la beauté des nuances et l’harmonie des couleurs qui s’imposent. Voix assez claire mais incarnée Ann Hallenberg fait merveille en une humanité proche et amicale. Les notes les plus graves lui font révéler ses humaines limites qui portent le texte admirablement. L’orchestre irradie et le chœur d’hommes est d’une douceur troublante. Une belle version permettant une lecture claire et précise d’une partition complexe. Le motet a capella qui suit, Warum ist das Licht gegeben? est d’une hauteur de vue sidérale, entre subtiles nuances du chœur et couleurs parfaitement dosées de chaque pupitre. L’opulence sonore d’un grand chœur et la subtilité de la musique de chambre se donnent la main sous cette baguette si inspirée. Le mélange si mélancolique des instruments à vents (quels cors!) et du chœur mixte est parfaitement réussi dans Begräbnisgesang. Et la puissance de Gesang der Parzen termine le voyage sur des audaces de compositions étonnantes que les interprètes magnifient en des nuances très marquées.
La prise de son permet une écoute d’ensemble très naturelle ainsi qu’une analyse fine des instruments et des voix. Un texte intéressant et la traduction des textes chantés permettent une immersion totale dans ce continent de spiritualité en musique réalisé par Brahms, appelé de ces vœux par Schumann et parfaitement assimilé par Philippe Herreweghe qui signe un magnifique enregistrement aussi sublime que ses récents motets de Bach. À connaître absolument.
Hubert Stoecklin
1 CD PHI LPH003. Durée: 56’48’’
Publié le 10/01/2012 à 11:54, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.