Opéra Royal Château de Versailles
> 4 février
Un Couronnement de Poppée charmant
Photos Anne Nordmann
Depuis sa réouverture l’Opéra Royal accueille des reprises de spectacles de grandes qualités couvrant l’ensemble du répertoire de la musique classique, voir au-delà avec de la variété.
Ce soir la production du Couronnement de Poppée des Paladins sous la direction de Jérôme Corréas, avec à la mise en scène Christophe Rauck qui tourne depuis début 2010, était donc invité à se produire sur une des scènes les plus anciennes d’Europe, offrant aux artistes son carde merveilleux et sa magnifique acoustique.
Retrouver cette œuvre splendide à la scène est toujours un plaisir. La mise en scène de Christophe Rauck ne parvient pas à nous convaincre totalement. Pour parvenir à l’intemporalité elle use un peu trop du mélange des genres. Passant par ses accessoires et costumes de l’antique (comme les soldats romains), au XVIIe siècle (robe de Drusilla ou de Poppée) ou à notre société contemporaine (vespa rouge, costumes des années 40), elle finit par nous perdre un peu. Car c’est dans les moments les plus dépouillés, comme la mort de Sénèque, qu’elle nous touche le plus.
Soignant particulièrement la vocalité dans sa direction, Jérôme Corréas, s’est entouré d’une distribution assez homogène. C’est Jean-François Lombard dans le double rôle des nourrices de Poppée et d’Octavie qui nous a offert les plus beaux moments de théâtre. Son expérience de la gestuelle baroque lui permet de donner à chacun de ses deux personnages une personnalité propre. Vocalement, il leur apporte également des nuances, passant du comique à l’émotion. Dans la berceuse de l’acte II Adagiati Poppea, il a suspendu le temps, terminant Mezza vocce son air avec une grande subtilité. Le public n’a pas su retenir ses applaudissements. Françoise Masset est une Octavie aussi impériale que pathétique. Paulin Bündgen est un Othon convaincant, hésitant en permanence entre lâcheté et douleur. Son au timbre tendre, peut se transformer avec facilité pour exprimer la violence. Le Sénèque de Vincent Pavesi est inflexible et puissant.
Valérie Gabail possède un beau timbre clair, faisant de sa Poppée une enfant capricieuse plus qu’une femme perverse. Un peu trop innocente, elle nous charme plus qu’elle ne nous inquiète. En revanche la Néron de Maryseult Wieczorek nous semble un peu terne, sans vrai personnalité, y compris face à l’étrange et impressionnant Lucain de Romain Champion.
Les Paladins en ensemble restreint nous ont offert quelques belles couleurs, tout particulièrement la harpe de Nanja Breedijk et le théorbe de Rémi Cassaigne. Cordes et clavecins enrichissent le continuo de nuances sombres et inquiétantes. On pourra juste regretter le manque de justesse des cornets. Au final, ce Couronnement de Poppée nous a offert une bien agréable soirée sous les lustres de l’Opéra Royal de Versailles
Monique Parmentier
Ce soir la production du Couronnement de Poppée des Paladins sous la direction de Jérôme Corréas, avec à la mise en scène Christophe Rauck qui tourne depuis début 2010, était donc invité à se produire sur une des scènes les plus anciennes d’Europe, offrant aux artistes son carde merveilleux et sa magnifique acoustique.
Retrouver cette œuvre splendide à la scène est toujours un plaisir. La mise en scène de Christophe Rauck ne parvient pas à nous convaincre totalement. Pour parvenir à l’intemporalité elle use un peu trop du mélange des genres. Passant par ses accessoires et costumes de l’antique (comme les soldats romains), au XVIIe siècle (robe de Drusilla ou de Poppée) ou à notre société contemporaine (vespa rouge, costumes des années 40), elle finit par nous perdre un peu. Car c’est dans les moments les plus dépouillés, comme la mort de Sénèque, qu’elle nous touche le plus.
Soignant particulièrement la vocalité dans sa direction, Jérôme Corréas, s’est entouré d’une distribution assez homogène. C’est Jean-François Lombard dans le double rôle des nourrices de Poppée et d’Octavie qui nous a offert les plus beaux moments de théâtre. Son expérience de la gestuelle baroque lui permet de donner à chacun de ses deux personnages une personnalité propre. Vocalement, il leur apporte également des nuances, passant du comique à l’émotion. Dans la berceuse de l’acte II Adagiati Poppea, il a suspendu le temps, terminant Mezza vocce son air avec une grande subtilité. Le public n’a pas su retenir ses applaudissements. Françoise Masset est une Octavie aussi impériale que pathétique. Paulin Bündgen est un Othon convaincant, hésitant en permanence entre lâcheté et douleur. Son au timbre tendre, peut se transformer avec facilité pour exprimer la violence. Le Sénèque de Vincent Pavesi est inflexible et puissant.
Valérie Gabail possède un beau timbre clair, faisant de sa Poppée une enfant capricieuse plus qu’une femme perverse. Un peu trop innocente, elle nous charme plus qu’elle ne nous inquiète. En revanche la Néron de Maryseult Wieczorek nous semble un peu terne, sans vrai personnalité, y compris face à l’étrange et impressionnant Lucain de Romain Champion.
Les Paladins en ensemble restreint nous ont offert quelques belles couleurs, tout particulièrement la harpe de Nanja Breedijk et le théorbe de Rémi Cassaigne. Cordes et clavecins enrichissent le continuo de nuances sombres et inquiétantes. On pourra juste regretter le manque de justesse des cornets. Au final, ce Couronnement de Poppée nous a offert une bien agréable soirée sous les lustres de l’Opéra Royal de Versailles
Monique Parmentier
Publié le 07/02/2011 à 11:43, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.