Halle aux grains
> 10 mai

Catalans, russes et tzigane

Orquestra Simfonica de Barcelona
Boris Belkin, violon
Pablo Gonzàlez, direction


L’Orquestra simfonica de Barcelona i Nacional de Catalunya (OSBC) dirigé par son directeur musical Pablo Gonzàlez se produit à la Halle aux Grains et cela reste un événement, d’autant plus que le programme et sa réalisation ont tout pour satisfaire le public toulousain.
Blai Soler est un jeune compositeur barcelonnais né en 1977. Sa pièce pour orchestre Plain-Chant ouvre le concert. Celle-ci, qui présente de fortes réminiscences ligetiennes, alterne plages statiques et brusques déflagrations où cuivres et percussions s’en donnent à cœur joie. Elle n’est point dépourvue d’une certaine pureté de style et d’effets spectaculaires qui assureront certainement, comme ce soir, son succès.
Boris Belkin, ex-soviétique passé à l’ouest dès 1974, est un grand virtuose du violon qui a arpenté toutes les grandes scènes mondiales. Le premier concerto de Serge Prokofiev et Tzigane, la rhapsodie de Maurice Ravel, il les pratique depuis toujours et il en donne des lectures plus qu’abouties. Du premier, chef-d’œuvre de lyrisme aux emportements oniriques, il offre un visage diaphane et serein, comme nimbé de volutes d’opium; de la seconde, au contraire, rageur et envoûté, il présente la meilleure vision de cette Hongrie sublimée. L’OSBC, aux mains d’un Pablo Gonzàlez aussi impliqué qu’attentif, dresse un cadre idéal aux fougueuses envolées de son soliste.
La première symphonie de Dimitri Chostakovitch, coup de maître pour un coup d’essai, remplit toutes les conditions pour faire briller un orchestre. Tous les pupitres sont mis en valeur à tour de rôle avec une mention particulière pour la clarinette, la flûte, le hautbois, la trompette et les percussions dont le piano qui n’est pas la moindre. C’est pratiquement un concerto pour orchestre. Pablo Gonzàlez l’entend comme tel et souligne la violence et le côté tragique de la partition; son orchestre est magnifique et le suit sans faiblir dans cette apocalypse d’ironie fiévreuse.
Le public est aux anges et pour le récompenser de ses applaudissements, retentit alors la Camparola de Eduard Toldrà, maître catalan de la sardane.

Jean-Félix Marquette






Publié le 13/05/2013 à 18:34, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.