Il y a un an, Adam Laloum, Frank Beermann et l’Orchestre National du Capitole de Toulouse s’étaient déjà associés pour nous donner un concerto pour piano (le 24e de Mozart). Ce soir, ils récidivent dans le premier de Brahms. Dans ce concerto tempétueux qui nécessite une sonorité puissante et parfois un grain de folie, Adam Laloum conserve une vision quasi ascétique, loin de tout emportement, qui entretient le feu couvant de la partition. L’accompagnement de son complice manque parfois d’ampleur, mais cette lecture n’oublie jamais noblesse et poésie notamment dans l’Adagio central.
Frank Beermann, très à l’aise dans les grandes fresques post-romantiques, se régale de la Sinfonia Antartica de Ralph Vaughan Williams. Il magnifie cette atmosphère étrange et angoissée qui imprègne la partition. L’Orchestre National du Capitole de Toulouse dans son grand effectif auquel s’ajoutent orgue, célesta, deux harpes et machine à vent et un chœur féminin manifeste une belle exubérance très colorée tirant l’œuvre vers un tableau quasi cinématographique (il est vrai que la genèse de l’œuvre était un film traitant de la dramatique expédition Scott en Antarctique). Le chœur féminin «Latvija» et la soprano solo Tereze Gretere qui en est issue sont irréprochables et concourent au succès de cette lecture évoquant ces sombres étendues glacées.

Jean-Félix Marquette