Halle aux Grains
> 23 octobre

D’ombre et de lumière

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Irene Zandel Hanssler
Frank Peter Zimmermann, un des plus grands violonistes en activité, possède intimement le concerto pour son instrument de Ludwig van Beethoven. Il l’interprète sur toutes les scènes du monde, avec les plus grands orchestres et les plus grands chefs. Ce soir, et le lendemain, c’est avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et Marek Janowski qu’il l’interprète pour notre plus grand bonheur. Dès l’introduction orchestrale, il se joint aux premiers violons de l’orchestre avant même son entrée où, là, son talent explose enfin dans l’envol magnifique du premier mouvement. Son phrasé engagé, franc et direct, expose une lecture à l’équilibre préservé entre les ténèbres pré-romantiques et la lumière intrinsèque de l’écriture beethovenienne. C’est donc là une lecture qui fait fi de tout recueillement factice mais, au contraire, privilégie une intensité radiante, comme il le démontre dans les cadences des premier et troisième mouvements. L’accompagnement de Marek Janowski et de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, comme envoûté par ce soliste d’exception, lui offre un écrin de velours.
Rappelé par les applaudissements du public, Frank Peter Zimmermann nous éblouit encore par le Grand caprice sur Erlkönig de Franz Schubert de Heinrich Wilhen Ernst, où là encore sa virtuosité brille de mille feux.
Marek Janowski, maître du grand répertoire austro-germanique, sait rester profondément humain en révélant une trente-neuvième symphonie de Mozart, à la légèreté aérienne, à la poésie hédoniste et à la graduation dramatique particulièrement dosée où tendresse et ironie se regardent en souriant. Divin Mozart s’il en est.

Jean-Félix Marquette
Publié le 04/11/2025 à 16:38.