Calidore String Quartet
Beethoven : Les premiers Quatuor à cordes

3 CD Signum Classics.
Le quatuor américain Calidore, créé en 2010 et basé à New-York, bardé de prix et de récompenses, a déjà enregistré pour le même label les derniers Quatuors de Beethoven «The late Quartets» et les «middle Quartets», ceux de la période médiane donc. Voici, complétant magistralement l’intégrale des seize, les six premiers, opus 18 (1801). Les interprètes insufflent à ces partitions, héritières de Haydn et de Mozart, une vitalité euphorisante, l’énergie que l’on aime tant chez le compositeur. Ils confèrent à l’ensemble la pulsation propre au génie beethovénien. Jeffrey Myers et Ryan Meehan violons, Jeremy Berry viola selon la terminologie des pays anglophones, alto pour nous, Estelle Choi violoncelle sont les quatre acteurs de cette réussite. On ne saurait détailler les splendeurs de ce triple album qui vaut par la qualité d’ensemble, l’homogénéité et la plénitude harmoniques, la verve des musiciens, la vivacité nette de la projection, l’audace de la dynamique, la profondeur des mouvements lents, le rythme tendu, nerveux des scherzos et autres menuets, la clarté de la prise de son. Source jaillissante, nourrie des apports fertiles et rayonnants de la tradition, le flux, incessamment revivifié, semble se féconder d’une détermination propre, d’une hardiesse dont le Quatuor Calidore devient le chantre. Cet opus 18 se fait en effet chant, célébration, exaltation. Non d’une puissance divine, mais d’une ardeur créatrice, comme si Beethoven éprouvait et manifestait la joie d’un dépassement, d’une victoire. Qu’on écoute l’Allegro con brio qui ouvre le premier et le dernier des six quatuors! Se marient la simplicité des motifs et la richesse des interactions et des échos entre les instruments qu’anime toujours une respiration, apaisée ou plus fiévreuse. Mais jamais rien de précipité: cela sonne toujours ample, large. Jamais rien de lourd ou d’épais: cela sonne toujours, clair, lumineux. Ainsi encore de l’Allegro initial du Troisième – le premier composé par Beethoven -, pétillant, virevoltant, d’une jeunesse espiègle, se lançant dans l’aventure créatrice avec un rien d’audace et beaucoup de respect. Et que dire du Prestissimo qui clôt le Quatrième, qui se s’empresse mais avec une sûreté de ligne, une détermination allègre dont les interprètes, virtuoses complices, partagent les élans et les sourires? Et si le néophyte veut comprendre l’exacte pulsation d’un Andante cantabile qu’il se rue sur le troisième mouvement du Cinquième quatuor, modèle d’élégance, de souplesse, d’enjouement serein dans le large déploiement d’une ligne mélodique superbe de galbe. On rêve d’un chorégraphe s’emparant de cette page splendidement «pensée» par les Calidore.
Un album accompli. Un ensemble en tous points magnifique. Une intégrale de référence.
Jean Jordy
Beethoven. String Quartet No. 1 in F Major, Op. 18 No. 1: I. Allegro con brio
Le quatuor américain Calidore, créé en 2010 et basé à New-York, bardé de prix et de récompenses, a déjà enregistré pour le même label les derniers Quatuors de Beethoven «The late Quartets» et les «middle Quartets», ceux de la période médiane donc. Voici, complétant magistralement l’intégrale des seize, les six premiers, opus 18 (1801). Les interprètes insufflent à ces partitions, héritières de Haydn et de Mozart, une vitalité euphorisante, l’énergie que l’on aime tant chez le compositeur. Ils confèrent à l’ensemble la pulsation propre au génie beethovénien. Jeffrey Myers et Ryan Meehan violons, Jeremy Berry viola selon la terminologie des pays anglophones, alto pour nous, Estelle Choi violoncelle sont les quatre acteurs de cette réussite. On ne saurait détailler les splendeurs de ce triple album qui vaut par la qualité d’ensemble, l’homogénéité et la plénitude harmoniques, la verve des musiciens, la vivacité nette de la projection, l’audace de la dynamique, la profondeur des mouvements lents, le rythme tendu, nerveux des scherzos et autres menuets, la clarté de la prise de son. Source jaillissante, nourrie des apports fertiles et rayonnants de la tradition, le flux, incessamment revivifié, semble se féconder d’une détermination propre, d’une hardiesse dont le Quatuor Calidore devient le chantre. Cet opus 18 se fait en effet chant, célébration, exaltation. Non d’une puissance divine, mais d’une ardeur créatrice, comme si Beethoven éprouvait et manifestait la joie d’un dépassement, d’une victoire. Qu’on écoute l’Allegro con brio qui ouvre le premier et le dernier des six quatuors! Se marient la simplicité des motifs et la richesse des interactions et des échos entre les instruments qu’anime toujours une respiration, apaisée ou plus fiévreuse. Mais jamais rien de précipité: cela sonne toujours ample, large. Jamais rien de lourd ou d’épais: cela sonne toujours, clair, lumineux. Ainsi encore de l’Allegro initial du Troisième – le premier composé par Beethoven -, pétillant, virevoltant, d’une jeunesse espiègle, se lançant dans l’aventure créatrice avec un rien d’audace et beaucoup de respect. Et que dire du Prestissimo qui clôt le Quatrième, qui se s’empresse mais avec une sûreté de ligne, une détermination allègre dont les interprètes, virtuoses complices, partagent les élans et les sourires? Et si le néophyte veut comprendre l’exacte pulsation d’un Andante cantabile qu’il se rue sur le troisième mouvement du Cinquième quatuor, modèle d’élégance, de souplesse, d’enjouement serein dans le large déploiement d’une ligne mélodique superbe de galbe. On rêve d’un chorégraphe s’emparant de cette page splendidement «pensée» par les Calidore.
Un album accompli. Un ensemble en tous points magnifique. Une intégrale de référence.
Jean Jordy
Beethoven. String Quartet No. 1 in F Major, Op. 18 No. 1: I. Allegro con brio
Publié le 27/10/2025 à 11:54.