Halle aux Grains
> 9 octobre

Rouge vif et noir profond

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Quincena Musical
La Symphonie espagnole d’Édouard Lalo, symphonie concertante pour violon et orchestre, reste une pierre de touche du répertoire de tout violoniste. Leticia Moreno, splendide dans sa vêture rouge sang, dans la lignée de Pablo de Sarasate, créateur des l’œuvre, habite littéralement de son aura lumineux et de sa virtuosité transcendante (comme elle montrera lors du bis, accompagnée par la harpe, dans une page de Manuel de Falla, ) les cinq mouvements de cette rêverie endiablée et hispanisante. Jonathan Nott, un peu distancié, en soigne rythmes et syncopes et lui offre un accompagnement ample et robuste.
Dans les Notations I-IV de Pierre Boulez qui ouvrent le concert, sa science de la direction et son autorité font merveille pour présenter ces pages, réputées difficiles, dans une plasticité quasi picturale malgré l’imposant orchestre qui lui fait face.
En deuxième partie, ce sont deux œuvres de Maurice Ravel qui éblouissent le public.
Les Valses nobles et sentimentales, tout d’abord, sept courtes pièces et un épilogue d’abord destinées au piano, puis orchestrées par l’auteur. Jonathan Nott en souligne l’aveuglante clarté dans un discours au classicisme assumé.
Enfin, La Valse, poème symphonique, ici à l’envoutante noirceur, qui revendique pleinement les tourments et la fantasmagorie prégnante qui imprègnent cette course à l’abîme. Du grand art.

Jean-Félix Marquette
Publié le 21/10/2025 à 21:10, mis à jour le 21/10/2025 à 21:15.