Johannes Brahms, Les trois quatuors à cordes. CD Aparté.

Brahms avait plus de 40 ans lorsqu’il se lança dans la composition de ses trois quatuors. Il doutait de lui, reprenait sans cesse sa plume avant d’être satisfait de son travail. Les deux premiers, l’opus 51, sont dédiés à Theodor Billroth, un excellent violoniste, par ailleurs un chirurgien réputé. Brahms atteint un sommet de lyrisme avec une incontestable audace dans l’écriture qui se poursuivra quelques années plus tard dans les symphonies. En 1873, c’est le célèbre Joseph Joachim, avec le quatuor qui porte son nom, qui donne la première du Quatuor n°2. On a une idée de son jeu, grâce à un enregistrement de 1903, évidemment sans savoir s’il reprenait ou non le jeu de la première. Joachim qui a créé les concertos de Schumann, Bruch, Dvorak et Brahms avait une exécution assez emphatique qui n’a plus cours aujourd’hui. C’est l’occasion de souligner l’extrême délicatesse du quatuor Novus qui a une approche toute en finesse et nuances. Ces jeunes artistes signent là une très belle prestation qui se confirme dans le 3e quatuor, dont la première exécution a été aussi réalisée par Joachim et son quatuor, dans le salon de Clara Schumann, en 1876. Brahms était très attaché à ce dernier quatuor qu’il avait voulu comme un hommage au classicisme viennois et plus particulièrement à Haydn.
La richesse des 3 quatuors est soulignée, on pourrait dire presque par contraste, par la sobriété de interprètes qui s’effacent pour mettre leur talent au seul service du compositeur. La pureté du son est sublime et on peut prédire une belle carrière à ces quatre jeunes musiciens.

Danielle Anex-Cabanis