Elektra
Richard Strauss
Double CD Solo Musica
Ce double CD est l’aboutissement d’une aventure singulière. En plein Covid, le chef Julien Salemkour décide d’enregistrer Elektra, malgré les restrictions sanitaires. Cela signifie un enregistrement séparé de l’orchestre et des voix et cela avec la volonté de ne rien supprimer de la très riche partition de Strauss, comme si à l’atmosphère mortifère de la pandémie appelait cette tragédie de la haine et de la mort, dans la construction d’une horreur programmée. La musique de Strauss, pleine de dissonance, exprime le malheur et la douleur absolues. La psychanalyse a développé à l’envie le concept de complexe d’Œdipe, on a son pendant dans la relation d’Electre avec son père Agamemnon sauvagement assassiné à son retour de la guerre de Troie par sa femme Clytemnestre et l’amant de celle-ci Egisthe, tandis que son frère Oreste est exilé au loin.
Le meurtre d’Agamemnon est la négation de toutes les valeurs de la société Mycénienne, le régicide n’est en l’occurrence pas politique, il vise à «libérer» la place. Electre ne va vivre que pour se venger de sa mère et de son beau-père, ce qu’elle ne peut envisager que par leur assassinat.
Même si les conditions de l’enregistrement mettent l’orchestre un peu en retrait, la beauté et la force des voix touchent au sublime. Barbara Krieger, déjà connue pour ses interprétations des opéras de Wagner et de Strauss, donne ici la pleine mesure de son talent. Le rôle d’Electre est un véritable défi vocal pour une soprano, qui doit exprimer la violence, mais aussi une forme de douceur, puis la folie, tout en incarnant scéniquement son personnage. Les autres chanteurs, Sanja Anastasia, Astrid Weber, Jochen Kupfer et Sotiris Charampous, sont à la hauteur et l’intensité dramatique de leur chant donne une force à la limite du soutenable au drame. L’absence de visuel laisse la place à l’imaginaire de l’auditeur, stimulé par la brutalité barbare de livret fidèle à la tragédie grecque, mais, parce que plus bavard, suggérant l’horreur de manière exceptionnelle.
Atypique par la force des choses, cet enregistrement fera nécessairement date.
Danielle Anex-Cabanis
Ce double CD est l’aboutissement d’une aventure singulière. En plein Covid, le chef Julien Salemkour décide d’enregistrer Elektra, malgré les restrictions sanitaires. Cela signifie un enregistrement séparé de l’orchestre et des voix et cela avec la volonté de ne rien supprimer de la très riche partition de Strauss, comme si à l’atmosphère mortifère de la pandémie appelait cette tragédie de la haine et de la mort, dans la construction d’une horreur programmée. La musique de Strauss, pleine de dissonance, exprime le malheur et la douleur absolues. La psychanalyse a développé à l’envie le concept de complexe d’Œdipe, on a son pendant dans la relation d’Electre avec son père Agamemnon sauvagement assassiné à son retour de la guerre de Troie par sa femme Clytemnestre et l’amant de celle-ci Egisthe, tandis que son frère Oreste est exilé au loin.
Le meurtre d’Agamemnon est la négation de toutes les valeurs de la société Mycénienne, le régicide n’est en l’occurrence pas politique, il vise à «libérer» la place. Electre ne va vivre que pour se venger de sa mère et de son beau-père, ce qu’elle ne peut envisager que par leur assassinat.
Même si les conditions de l’enregistrement mettent l’orchestre un peu en retrait, la beauté et la force des voix touchent au sublime. Barbara Krieger, déjà connue pour ses interprétations des opéras de Wagner et de Strauss, donne ici la pleine mesure de son talent. Le rôle d’Electre est un véritable défi vocal pour une soprano, qui doit exprimer la violence, mais aussi une forme de douceur, puis la folie, tout en incarnant scéniquement son personnage. Les autres chanteurs, Sanja Anastasia, Astrid Weber, Jochen Kupfer et Sotiris Charampous, sont à la hauteur et l’intensité dramatique de leur chant donne une force à la limite du soutenable au drame. L’absence de visuel laisse la place à l’imaginaire de l’auditeur, stimulé par la brutalité barbare de livret fidèle à la tragédie grecque, mais, parce que plus bavard, suggérant l’horreur de manière exceptionnelle.
Atypique par la force des choses, cet enregistrement fera nécessairement date.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 29/09/2025 à 18:00.
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