Maria et Nathalia Milstein
Schubert pour violon et piano

Album de 2 CD Mirare.
Sous le même label, les sœurs Milstein font paraitre en 2017 La Sonate de Vinteuil, florilège de musique de chambre (Pierné, Saint-Saëns, Debussy… ) construit autour de l’œuvre imaginaire, mais littérairement majeure du musicien fictif de La Recherche de Proust. L’album était un modèle d’intelligence et de sensibilité. Leur deuxième opus Ravel Voyageur confirmait en 2019 les qualités d’interprètes et de «programmatrices» des deux artistes. Nées dans une famille russe installée en France, Maria et Nathalia fidèles à Mirare proposent l’œuvre complet de Schubert pour les deux instruments. Et la magie opère encore. Il existe des «couples» qui dans Schubert ont réussi une belle synthèse entre les deux sonorités. Ici la sororité joue à plein. On respire le même air, au même rythme. Pour reprendre le vers d’Aragon évoquant le cœur des amants, «Avec le tien comme il va l’amble». Un piano superbe (un Blüthner hollandais de 1857) aux sonorités liquides et claires, subtil et chaleureux, un violon historique (un Bergonzi de Crémone datant de 1750), tendre, émouvant, serein et tragique à la fois s’unissent pour laisser s’épanouir la voix discrète de Schubert. Le compositeur n’a marié les deux instruments qu’en pointillé au long de sa courte vie, des Sonatines de 1816, qui parsèment l’album de leur fraicheur florale un peu timide, à la grande Fantaisie en Ut mineur de 1827, monument qui requiert virtuosité, art du chant, dynamique, volubilité et auquel le duo donne ici toute sa force et son brio. Entre les deux dates, Schubert qui a pratiqué le violon dès son enfance n’a écrit que la Sonate en la majeur de 1817, chantée comme autant d’épisodes d’un grand lied noblement épanoui, et le Rondo en si mineur de 1826. Qualifié de «brillant», il mobilise toutes les ressources techniques des interprètes, une profonde entente dans la conduite rythmique, souvent déchainée, une volonté commune de faire de la page un morceau de bravoure sans arrêter de «faire de la musique» et de la plus élégante et expressive. La répartition subtile des œuvres entre les deux disques et la fusion harmonique entre les deux sœurs manifestent la recherche pleinement aboutie de l’équilibre mis en œuvre par Maria au violon, Nathalia au piano et leur éditeur. Un album à placer au sommet.
Jean Jordy
Extrait musical
F. Schubert Fantaisie en Ut majeur pour violon et piano par Maria et Nathalia Milstein
Sous le même label, les sœurs Milstein font paraitre en 2017 La Sonate de Vinteuil, florilège de musique de chambre (Pierné, Saint-Saëns, Debussy… ) construit autour de l’œuvre imaginaire, mais littérairement majeure du musicien fictif de La Recherche de Proust. L’album était un modèle d’intelligence et de sensibilité. Leur deuxième opus Ravel Voyageur confirmait en 2019 les qualités d’interprètes et de «programmatrices» des deux artistes. Nées dans une famille russe installée en France, Maria et Nathalia fidèles à Mirare proposent l’œuvre complet de Schubert pour les deux instruments. Et la magie opère encore. Il existe des «couples» qui dans Schubert ont réussi une belle synthèse entre les deux sonorités. Ici la sororité joue à plein. On respire le même air, au même rythme. Pour reprendre le vers d’Aragon évoquant le cœur des amants, «Avec le tien comme il va l’amble». Un piano superbe (un Blüthner hollandais de 1857) aux sonorités liquides et claires, subtil et chaleureux, un violon historique (un Bergonzi de Crémone datant de 1750), tendre, émouvant, serein et tragique à la fois s’unissent pour laisser s’épanouir la voix discrète de Schubert. Le compositeur n’a marié les deux instruments qu’en pointillé au long de sa courte vie, des Sonatines de 1816, qui parsèment l’album de leur fraicheur florale un peu timide, à la grande Fantaisie en Ut mineur de 1827, monument qui requiert virtuosité, art du chant, dynamique, volubilité et auquel le duo donne ici toute sa force et son brio. Entre les deux dates, Schubert qui a pratiqué le violon dès son enfance n’a écrit que la Sonate en la majeur de 1817, chantée comme autant d’épisodes d’un grand lied noblement épanoui, et le Rondo en si mineur de 1826. Qualifié de «brillant», il mobilise toutes les ressources techniques des interprètes, une profonde entente dans la conduite rythmique, souvent déchainée, une volonté commune de faire de la page un morceau de bravoure sans arrêter de «faire de la musique» et de la plus élégante et expressive. La répartition subtile des œuvres entre les deux disques et la fusion harmonique entre les deux sœurs manifestent la recherche pleinement aboutie de l’équilibre mis en œuvre par Maria au violon, Nathalia au piano et leur éditeur. Un album à placer au sommet.
Jean Jordy
Extrait musical
F. Schubert Fantaisie en Ut majeur pour violon et piano par Maria et Nathalia Milstein
Publié le 24/06/2025 à 10:27.