Bella Schütz
Chiaroscuro

CD Evidence
Faisant le constat que Bach comme Chopin ont écrit beaucoup de toccatas, au sens premier du terme, c’est-à-dire «pièce composée pour instruments à touches, mais à des époques où les possibilités des instruments dont ils disposent sont très différentes, la présentatrice du CD montre que chacun à sa façon a cherché à pousser le plus loin possible ce que l’instrument lui offre. Elle rappelle qu’en outre, Chopin, dans le contexte de redécouverte des œuvres du Cantor à l’initiative de Mendelssohn, en était un grand admirateur et donnait à travailler Le clavecin bien tempéré à ses élèves. Tous deux aiment la virtuosité, sans pour autant sacrifier la sensibilité et l’émotion.
La Fantaisie chromatique et fugue en ré mineur BWV 903 est interprétée de manière très brillante par Bella Schütz qui montre dans la première partie une technique éblouissante, permettant de vérifier l’opinion du fils de Bach, Wilhelm Friedmann, qui prédisait que la fantaisie «serait célébrée dans tous les siècles». Dans la seconde partie, la place est large pour l’interprétation personnelle de la pianiste, tandis que la fugue finale est d’une grande rigueur. On doit à Mendelssohn d’avoir fait entrer la Fantaisie dans le répertoire pianistique. Il l’avait interprétée à Leipzig pendant la saison 1840-41. Frescobaldi, évoquant la Toccata en mi mineur, BWV 914, suggérait une interprétation qui fasse varier le rythme, ce que reprendront les romantiques et dont s’inspire avec bonheur Bella Schütz. De Bach encore, à partir des transcriptions de Busoni, la pianiste propose deux lumineux chorals: ich ruf zu Dir, Herr Jesu Christ, BWV 639, et Nun komm, der Heiden Heiland, BWV 659. Busoni avait précisé que la transcription est forcément une interprétation, interprétée encore par le pianiste.
Les œuvres proposées de Chopin ont été écrites à la fin de la vie du compositeur. Dans la Fantaisie, op. 49, Bella Schütz montre une belle maîtrise d’une œuvre complexe, qui va au-delà de la virtuosité, proposant une grande richesse harmonique. Suivent Deux Nocturnes, op. 62, , les dernières compositions éditées par Chopin, dont Liszt soulignait qu’il avait su mêler harmonieusement l’évocation des joies les plus indicibles et celle des tristesses les plus profondes. Là encore, le jeu délicat et passionné de la pianiste fait merveille, tout comme dans la Barcarolle, op. 60, chère à André Gide comme à Maurice Ravel.
Un CD d’abord inattendu, mais qui se révèle fort intéressant!
Danielle Anex-Cabanis
Faisant le constat que Bach comme Chopin ont écrit beaucoup de toccatas, au sens premier du terme, c’est-à-dire «pièce composée pour instruments à touches, mais à des époques où les possibilités des instruments dont ils disposent sont très différentes, la présentatrice du CD montre que chacun à sa façon a cherché à pousser le plus loin possible ce que l’instrument lui offre. Elle rappelle qu’en outre, Chopin, dans le contexte de redécouverte des œuvres du Cantor à l’initiative de Mendelssohn, en était un grand admirateur et donnait à travailler Le clavecin bien tempéré à ses élèves. Tous deux aiment la virtuosité, sans pour autant sacrifier la sensibilité et l’émotion.
La Fantaisie chromatique et fugue en ré mineur BWV 903 est interprétée de manière très brillante par Bella Schütz qui montre dans la première partie une technique éblouissante, permettant de vérifier l’opinion du fils de Bach, Wilhelm Friedmann, qui prédisait que la fantaisie «serait célébrée dans tous les siècles». Dans la seconde partie, la place est large pour l’interprétation personnelle de la pianiste, tandis que la fugue finale est d’une grande rigueur. On doit à Mendelssohn d’avoir fait entrer la Fantaisie dans le répertoire pianistique. Il l’avait interprétée à Leipzig pendant la saison 1840-41. Frescobaldi, évoquant la Toccata en mi mineur, BWV 914, suggérait une interprétation qui fasse varier le rythme, ce que reprendront les romantiques et dont s’inspire avec bonheur Bella Schütz. De Bach encore, à partir des transcriptions de Busoni, la pianiste propose deux lumineux chorals: ich ruf zu Dir, Herr Jesu Christ, BWV 639, et Nun komm, der Heiden Heiland, BWV 659. Busoni avait précisé que la transcription est forcément une interprétation, interprétée encore par le pianiste.
Les œuvres proposées de Chopin ont été écrites à la fin de la vie du compositeur. Dans la Fantaisie, op. 49, Bella Schütz montre une belle maîtrise d’une œuvre complexe, qui va au-delà de la virtuosité, proposant une grande richesse harmonique. Suivent Deux Nocturnes, op. 62, , les dernières compositions éditées par Chopin, dont Liszt soulignait qu’il avait su mêler harmonieusement l’évocation des joies les plus indicibles et celle des tristesses les plus profondes. Là encore, le jeu délicat et passionné de la pianiste fait merveille, tout comme dans la Barcarolle, op. 60, chère à André Gide comme à Maurice Ravel.
Un CD d’abord inattendu, mais qui se révèle fort intéressant!
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 16/06/2025 à 21:15.