Eugène Auguste Ysaÿe
Les Six Sonates pour violon

Elvin Hoxha Ganiyev. CD Solo Musica.
Eugène Ysaÿe (1858-1931), violoniste, chef d’orchestre et compositeur belge, a durant sa vie fréquenté un monde musical d’une richesse inouïe: repéré par Henri Vieuxtemps, il a joué avec Clara Schumann, a connu Edward Grieg, Anton Rubinstein, Liszt, César Franck, Busoni, a créé Poème de Chausson, et maints compositeurs ont dédié à ce virtuose des œuvres majeures, tels Debussy, Saint-Saëns, Fauré ou Guillaume Lekeu. Pédagogue, il a eu comme élève entre autres William Primrose ou Nathan Milstein. Il a créé le célèbre Quatuor Ysaÿe et le fameux concours Reine Elisabeth. Il est aussi l’auteur d’un opéra en langue wallonne: Piére li houyeû (1931). C’est ce que nous rappelle une encyclopédie en ligne. Dans ses compositions, «son» instrument tient toujours une place éminente. Cet album regroupe les Six sonates (opus 27), interprétées par un jeune homme (il est né en 1997), très, très doué qui fait de la virtuosité un passeport pour une poésie de l’action. Chaque sonate est dédiée à un interprète, la première à Joseph Szigeti que le compositeur avait admiré dans son interprétation des Sonates et Partitas de J-S Bach, inspirateur manifeste du projet. D’emblée, on apprécie un goût sûr pour jouer des sonorités, chercher dans chaque difficulté une expressivité, tendre le discours en accentuant les contrastes d’intensité. Le Fugato (plage 2) est à cet égard superbe, équilibrant prouesse technique et harmonie. L’austérité, voire la monotonie, inhérente à un ensemble qui dure près de 80 minutes, est transcendée par l’énergie et l’inventivité d’Elvin Hoxha Ganiyev qui trouve dans sa maitrise de l’instrument des ressources renouvelées pour animer, relancer, propulser. La magnifique sonate n°2 où l’influence de Bach est la plus patente relève moins du spectaculaire que de la quête fiévreuse et déterminée. Pour chaque sonate, l’interprète nourrit la partition savante des richesses d’une imagination féconde qu’on n’attendait pas dans cet opus souvent très technique à ce haut degré. L’Allegro giusto non troppo vivo ahurissant qui conclut l’album sonne dès lors comme une victoire, non seulement sur les obstacles qui hérissaient le parcours, mais sur les adversités, les facilités et les lassitudes. Une leçon de vie en somme.
Seul regret, le livret est rédigé en allemand et en anglais. Pas de traduction en français.
Jean Jordy
La vidéo suivante n’est pas un extrait du disque, mais un bis de concert de la sonate n°3 d’Eugène Auguste Ysaïe, interprétée par Elvin Hoxha Ganiyev
Eugène Ysaÿe (1858-1931), violoniste, chef d’orchestre et compositeur belge, a durant sa vie fréquenté un monde musical d’une richesse inouïe: repéré par Henri Vieuxtemps, il a joué avec Clara Schumann, a connu Edward Grieg, Anton Rubinstein, Liszt, César Franck, Busoni, a créé Poème de Chausson, et maints compositeurs ont dédié à ce virtuose des œuvres majeures, tels Debussy, Saint-Saëns, Fauré ou Guillaume Lekeu. Pédagogue, il a eu comme élève entre autres William Primrose ou Nathan Milstein. Il a créé le célèbre Quatuor Ysaÿe et le fameux concours Reine Elisabeth. Il est aussi l’auteur d’un opéra en langue wallonne: Piére li houyeû (1931). C’est ce que nous rappelle une encyclopédie en ligne. Dans ses compositions, «son» instrument tient toujours une place éminente. Cet album regroupe les Six sonates (opus 27), interprétées par un jeune homme (il est né en 1997), très, très doué qui fait de la virtuosité un passeport pour une poésie de l’action. Chaque sonate est dédiée à un interprète, la première à Joseph Szigeti que le compositeur avait admiré dans son interprétation des Sonates et Partitas de J-S Bach, inspirateur manifeste du projet. D’emblée, on apprécie un goût sûr pour jouer des sonorités, chercher dans chaque difficulté une expressivité, tendre le discours en accentuant les contrastes d’intensité. Le Fugato (plage 2) est à cet égard superbe, équilibrant prouesse technique et harmonie. L’austérité, voire la monotonie, inhérente à un ensemble qui dure près de 80 minutes, est transcendée par l’énergie et l’inventivité d’Elvin Hoxha Ganiyev qui trouve dans sa maitrise de l’instrument des ressources renouvelées pour animer, relancer, propulser. La magnifique sonate n°2 où l’influence de Bach est la plus patente relève moins du spectaculaire que de la quête fiévreuse et déterminée. Pour chaque sonate, l’interprète nourrit la partition savante des richesses d’une imagination féconde qu’on n’attendait pas dans cet opus souvent très technique à ce haut degré. L’Allegro giusto non troppo vivo ahurissant qui conclut l’album sonne dès lors comme une victoire, non seulement sur les obstacles qui hérissaient le parcours, mais sur les adversités, les facilités et les lassitudes. Une leçon de vie en somme.
Seul regret, le livret est rédigé en allemand et en anglais. Pas de traduction en français.
Jean Jordy
La vidéo suivante n’est pas un extrait du disque, mais un bis de concert de la sonate n°3 d’Eugène Auguste Ysaïe, interprétée par Elvin Hoxha Ganiyev
Publié le 09/06/2025 à 19:59, mis à jour le 09/06/2025 à 20:02.