L’Alto lyrique
Loan Cazal, altiste

CD Klarthe
Loan Cazal est un jeune altiste français de 26 ans qui «s’emploie à donner à son instrument le plus grand rayonnement possible». Mission nécessaire et ambitieuse tant l’alto – «le seul instrument à porter le nom d’une tessiture de voix» – reste confiné au rôle second d’accompagnement de l’orchestre ou de musique de chambre. Le voici ici en majesté dans trois œuvres très différentes de timbres, de puissance, de registre, propres à faire valoir la diversité de ses couleurs et l’étendue de son expressivité. De Nicolas Paganini, nous écoutons d’abord la Sonata per la Grand Viola largement développée sur treize minutes en trois temps. Un larghetto majestueux puis plus virtuose fait valoir une sonorité claire qui s’ébroue sur le tapis de cordes de l’Ensemble Libertalia, fondé en 2019 par l’instrumentiste et le chef Nicolas Krüger. Un andante dansant et léger aux couleurs plus ambrées anime la virtuosité attendue chez Paganini. Elle se déploie surtout dans les variations finales, aimablement étourdissantes. La Sonate pour violoncelle de Rachmaninov s’avère d’une toute autre envergure. Le pianiste Guillaume Masson – une vraie révélation – et Loan Cazal unissent leurs voix dans un dialogue plein de finesse, de retenue et de force expressive pourtant. Comme dans une scène théâtrale où deux comédiens sont meilleurs quand ils «jouent ensemble», l’alto ici, mieux que le violoncelle peut-être, semble approprié pour mêler son timbre à celui du piano. Ainsi l’Allegro scherzando allie éloquence et dynamique, lyrisme et humour. Magnifique. La Romance de Max Bruch complète l’enregistrement. On retrouve l’Ensemble Libertalia et son chef Nicolas Krüger dans cette page: elle justifierait à elle seule le titre de l’album L’Alto lyrique. Une âme exprime sans épanchement de mauvais goût une émotion pure. Loan Cazal l’interprète avec conviction, dans sa belle simplicité. Soulignons que Loan Cazal joue un alto Guadagnini 1775 (Giovanni-Baptista et Giuseppe, père& fils) dont les techniciens ont su capter la finesse et la palette de couleurs.
Un projet original et utile, des œuvres variées et fortes, la mise en valeur d’un instrument trop souvent voué aux seconds rôles, des interprètes talentueux liées par le même engagement et l’amitié, voilà un enregistrement précieux et qu’on recommande chaudement.
Jean Jordy
Loan Cazal est un jeune altiste français de 26 ans qui «s’emploie à donner à son instrument le plus grand rayonnement possible». Mission nécessaire et ambitieuse tant l’alto – «le seul instrument à porter le nom d’une tessiture de voix» – reste confiné au rôle second d’accompagnement de l’orchestre ou de musique de chambre. Le voici ici en majesté dans trois œuvres très différentes de timbres, de puissance, de registre, propres à faire valoir la diversité de ses couleurs et l’étendue de son expressivité. De Nicolas Paganini, nous écoutons d’abord la Sonata per la Grand Viola largement développée sur treize minutes en trois temps. Un larghetto majestueux puis plus virtuose fait valoir une sonorité claire qui s’ébroue sur le tapis de cordes de l’Ensemble Libertalia, fondé en 2019 par l’instrumentiste et le chef Nicolas Krüger. Un andante dansant et léger aux couleurs plus ambrées anime la virtuosité attendue chez Paganini. Elle se déploie surtout dans les variations finales, aimablement étourdissantes. La Sonate pour violoncelle de Rachmaninov s’avère d’une toute autre envergure. Le pianiste Guillaume Masson – une vraie révélation – et Loan Cazal unissent leurs voix dans un dialogue plein de finesse, de retenue et de force expressive pourtant. Comme dans une scène théâtrale où deux comédiens sont meilleurs quand ils «jouent ensemble», l’alto ici, mieux que le violoncelle peut-être, semble approprié pour mêler son timbre à celui du piano. Ainsi l’Allegro scherzando allie éloquence et dynamique, lyrisme et humour. Magnifique. La Romance de Max Bruch complète l’enregistrement. On retrouve l’Ensemble Libertalia et son chef Nicolas Krüger dans cette page: elle justifierait à elle seule le titre de l’album L’Alto lyrique. Une âme exprime sans épanchement de mauvais goût une émotion pure. Loan Cazal l’interprète avec conviction, dans sa belle simplicité. Soulignons que Loan Cazal joue un alto Guadagnini 1775 (Giovanni-Baptista et Giuseppe, père& fils) dont les techniciens ont su capter la finesse et la palette de couleurs.
Un projet original et utile, des œuvres variées et fortes, la mise en valeur d’un instrument trop souvent voué aux seconds rôles, des interprètes talentueux liées par le même engagement et l’amitié, voilà un enregistrement précieux et qu’on recommande chaudement.
Jean Jordy
Publié le 15/04/2025 à 12:19.