Halle aux Grains
> 12 décembre

Lamentations et métamorphoses

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Fabien Monthubert
Emmanuel Pahud, flûte
Omer Meir Wellber, direction


Soliste réputé et première flûte du Berliner Philharmoniker, Emmanuel Pahud est toujours fêté sur toutes les grandes scènes mondiales. Soucieux d’élargir son répertoire, il sollicite les compositrices et compositeurs contemporains afin qu’ils lui écrivent de nouvelles pièces. Marc-André Dalbavie, présent ce soir là, lui a ainsi composé un concerto en 2006 qu’il a aussitôt crée avec son orchestre et enregistré la même année avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Peter Eötvös. Cette œuvre en un seul tenant à la virtuosité assumée – Marc-André Dalbavie grand compositeur de concertos sait toujours mettre ses solistes en valeur grâce à une écriture particulièrement idiomatique – est taillée sur mesure pour ce soliste exceptionnel qui parcourt la partition avec une hauteur de vue et une intelligence textuelle impressionnantes.
Omer Meir Wellber à la tête de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse l’accompagne avec une rigueur et une implication tout aussi impressionnantes.
Ce dernier, chef d’orchestre, bien sûr, mais aussi claveciniste et écrivain, est aussi comme il le montrera bientôt lors du bis un accordéoniste remarquable en accompagnant son soliste dans une transcription pour flûte et accordéon du Libertango d’Astor Piazzola qui fera frémir de plaisir les auditeurs.
Encadrant le concerto, Omer Meir Wellber dirige du clavecin deux symphonies de Joseph Haydn: la vingt-sixième titrée «Lamentations» et la quarante-neuvième titrée «La Passion». Entouré ici d’un orchestre à l’effectif réduit, les cordes, deux cors, deux hautbois et un basson, il réalise une lecture brillante et alerte de ces œuvres relevant du plus pur «Sturm und Drang», aidé par des partenaires à la vigueur inépuisable.
Plus tard, pour clore ce beau concert, il donnera, là entouré d’un grand orchestre, une œuvre rare d’Ottorino Respighi: les Metamorphoseon modi XII, ici envisagé comme un véritable concerto pour orchestre. En effet, Omer Meir Wellber se saisit de ce thème et variations avec un souci de continuité exemplaire et une science des contrastes inouïe et libère la virtuosité de chaque pupitre en les mettant tour à tour en valeur sans rompre l’homogénéité de l’ensemble. Du grand art!

Jean-Félix Marquette
Publié le 18/12/2024 à 00:43.