Tarmo Peltokoski, direction
Silja Aalto, soprano / Wiebke Lehmkuhl, mezzo-soprano
Chœur de l’Opéra National du Capitole. Gabriel Bourgoin, chef de chœur
Chœur de Radio France. Lionel Sow, directeur musical

Pour son premier concert en tant que chef titulaire, Tarmo Peltokoski, choisit deux compositeurs qu’il chérit par dessus tout: Richard Wagner et Gustav Mahler.
Du premier, il ouvre le concert avec le prélude de Tristan et Isolde; du second il poursuit par sa symphonie préférée: la deuxième.
Et fait remarquable, il enchaîne les deux œuvres sans pause et il les dirige avec une autorité absolue sans partition. Par contre, il respecte, à l’instar des préconisations de Mahler lui même, une longue pause après le premier mouvement de la symphonie, enchaînant alors les quatre autres mouvements sans pause également.
Revenons au prélude de Tristan et Isolde. Ici, Tarmo Peltokoski privilégie le long de phrases sensuelles la «volupté de l’enfer» qui y voyait Friedrich Nietzsche. C’est donc avec un enchaînement presque naturel que retentit aussitôt la symphonie. L’Allegro maestoso initial fait de syncopes profondes et tourmentées prend un caractère funèbre à la violence à peine contenue.
L’Andante moderato rayonne ensuite, par contraste, d’une douce lumière crépusculaire.
Le troisième mouvement In ruhig fließender Bewegung léger mais grinçant semble presque suspendu, introduisant le mouvement suivant Urlicht, qui tel, un chant du paradis entonné par Wiebke Lehmkuhl, à l’élocution admirable, nous offre une détente bienvenue dans ce déluge de flammes. Enfin, Im Tempo des Scherzos, le dernier mouvement, ici véritable oratorio sacré, mobilise des chœurs parfaitement réglés, les deux solistes Silja Aalto et Wiebke Lehmkuhl dont les voix se mêlent avec une harmonie idéale, et l’orchestre impérial, disséminé sur la scène et dans les travées au milieu du public, pour dans un élan vital inexorable atteindre une extase quasi mystique qui ne peut que déclencher la même extase de l’auditoire.

Jean-Félix Marquette