Nikita Mndoyants, piano
Sergei Prokofiev
Sonate pour piano n°4, Sonate pour piano n°8, Scherzo de la Symphonie n°5, transcription Mndoyants. Mndoynts, Nocturne. Nikita Mndoyants, piano. CD Aparte.
Le pianiste concertiste Nikita Mndoyants (33 ans), lauréat du Concours international de piano de Cleveland 2016, professeur au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, compositeur reconnu, exilé en Alsace depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, participe à des concerts en soutien à l’Ukraine, tout en défendant la culture musicale russe. C’est le cas pour cet enregistrement de haute volée paru chez Apartemusic consacré à Prokofiev dont l’interprète connaît intiment toute l’œuvre, symphonique, concertiste, lyrique ou de musique de chambre. Aux deux pôles d’une vie de création, se situent les deux sonates choisies. La n°4 de 1917, période sombre, est dédiée à un ami qui s’est suicidé en 1913. Son Andante, réécriture d’un mouvement de la sa Symphonie en Mi mineur de 1908 s’avère d’une très émouvante beauté, rêveries, enchantements, mystères, ébranlements dont l’interprète distille avec délicatesse les sortilèges. La Huitième et avant dernière sonate fait partie des Sonates de Guerre, composées entre 1939 et 1944. Elle se révèle d’une tout autre ampleur, d’abord par sa longueur. Le seul premier mouvement dure plus de 15 minutes. D’une très grande complexité, d’une redoutable virtuosité, elle pose à tout interprète des problèmes de construction, de dynamique, d’équilibre. Nikita Mndoyants vainc ces difficultés non seulement avec une étincelante maestria technique, mais avec un surcroît de poésie et de lyrisme. Le Vivace final séduit par sa rythmique, les échos qu’il fait résonner d’un bout du clavier à l’autre, ses intrigantes interrogations.
Pour compléter l’enregistrement, l’étincelant Scherzo de la Symphonie n°5 retranscrit pour piano par l’interprète et le Nocturne fascinant brossé par Mndoyants compositeur, hommage à un Chopin transcendé. Les deux pages témoignent ici encore de ses qualités de virtuose, mais aussi de la force évocatrice d’un artiste habité par des climats intérieurs profonds, à la richesse nourrie de culture et de poésie. Ce très bel album rappelle l’importance première de Prokofiev et fait découvrir un pianiste brillant, puissant et surtout profond. On ne peut que déplorer qu’il soit si peu programmé en France. Organisateurs curieux, comblez cette lacune!
Jean Jordy
Le pianiste concertiste Nikita Mndoyants (33 ans), lauréat du Concours international de piano de Cleveland 2016, professeur au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, compositeur reconnu, exilé en Alsace depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, participe à des concerts en soutien à l’Ukraine, tout en défendant la culture musicale russe. C’est le cas pour cet enregistrement de haute volée paru chez Apartemusic consacré à Prokofiev dont l’interprète connaît intiment toute l’œuvre, symphonique, concertiste, lyrique ou de musique de chambre. Aux deux pôles d’une vie de création, se situent les deux sonates choisies. La n°4 de 1917, période sombre, est dédiée à un ami qui s’est suicidé en 1913. Son Andante, réécriture d’un mouvement de la sa Symphonie en Mi mineur de 1908 s’avère d’une très émouvante beauté, rêveries, enchantements, mystères, ébranlements dont l’interprète distille avec délicatesse les sortilèges. La Huitième et avant dernière sonate fait partie des Sonates de Guerre, composées entre 1939 et 1944. Elle se révèle d’une tout autre ampleur, d’abord par sa longueur. Le seul premier mouvement dure plus de 15 minutes. D’une très grande complexité, d’une redoutable virtuosité, elle pose à tout interprète des problèmes de construction, de dynamique, d’équilibre. Nikita Mndoyants vainc ces difficultés non seulement avec une étincelante maestria technique, mais avec un surcroît de poésie et de lyrisme. Le Vivace final séduit par sa rythmique, les échos qu’il fait résonner d’un bout du clavier à l’autre, ses intrigantes interrogations.
Pour compléter l’enregistrement, l’étincelant Scherzo de la Symphonie n°5 retranscrit pour piano par l’interprète et le Nocturne fascinant brossé par Mndoyants compositeur, hommage à un Chopin transcendé. Les deux pages témoignent ici encore de ses qualités de virtuose, mais aussi de la force évocatrice d’un artiste habité par des climats intérieurs profonds, à la richesse nourrie de culture et de poésie. Ce très bel album rappelle l’importance première de Prokofiev et fait découvrir un pianiste brillant, puissant et surtout profond. On ne peut que déplorer qu’il soit si peu programmé en France. Organisateurs curieux, comblez cette lacune!
Jean Jordy
Publié le 10/06/2024 à 20:01.