Théâtre du Capitole
> 21 mai
Pelléas et Mélisande
Photographie par Vincent Pontet
Pelléas et Mélisande de Debussy a été présenté dans une distribution qui sert à merveille ce drame sombre qui se conclut par un véritable désastre, la mort ou l’irrémédiable désespoir des protagonistes. La mise en scène et les décors sont pensés dans les moindres détails dans l’optique de suggérer ce que les mots ne disent pas. Le sombre est dominant, que ce soit lors de la rencontre de Golaud et de Mélisande dans la forêt ou pour la majorité des scènes. Un grand filet sort de l’eau, projette dans une ambiance mystérieuse, passablement anxiogène, malgré la beauté de l’amour naissant entre Pelléas et Mélisande. La seule scène lumineuse est celle dans laquelle Mélisande apparaît dans une fenêtre éclairée, sa longue chevelure se déroulant jusqu’au pied de la tour, permettant à Pelléas d’y enfouir son visage et d’exprimer son amour. On pense immédiatement aux grands peintres de l’empire austro-hongrois, Mucha à Prague et Klimt à Vienne. Mais le mensonge s’est installé, au point que Golaud transforme son fils en espion de sa femme et le retour à la santé du vieux roi Arkel, le grand-père des deux frères rivaux, ne résout rien. L’œuvre est riche, elle illustre bien cette mutation opératique due à Debussy et certains de ses contemporains désireux de donner une consistance réelle à leurs personnages, sans qu’elle soit voilée par les vocalises chères aux compositeurs antérieurs, friands de prouesses vocales, cherchant plus d’intériorité, ce qui n’a pas laissé de décontenancer les traditionalistes qui se sentent frustrés.
La distribution vocale est de grande qualité et les chanteurs sont très homogènes, respectueux les uns des autres. Soulignons que Janina Baechele, Geneviève, accepte de chanter malgré des soucis de santé et si sa voix n’a pas la puissance qu’on apprécie chez elle d’habitude, sa fragilité devient un atout porteur d’émotion.
Mélisande est lumineuse, assumant sans faillir une partition qui très exigeante. Elle relève le, la couleur, quand l’amour se déclare. Dans le troisième acte justement, elle capte la lumière qui la suit dans ses mouvements, Pelléas, lui, restant dans l’ombre. Et le coup de couteau que Golaud plante dans le dos de son demi-frère, anéantit dans le même temps toute flamme chez Mélisande, qui qui va se laisser mourir mourir, dans une lente agonie silencieuse que même la venue de son enfant n’interrompt pas. Elle est désormais une ombre.
Dirigé par Leo Hussain, l’orchestre offre des couleurs chatoyantes à l’œuvre . la représentation démarre carrément dans l’obscurité. La magie de la riche palette musicale de Debussy s’exprime dans l’obscurité, peut-être d’autant mieux que rien ne vient distraire l’attention du spectateur. On pouvait craindre que l’orchestre n’ait oublié la subtilité de la musique française à laquelle Michel Plasson l’avait formé et dont Tugan Sokhiev l’avait éloigné au profit de programmes différents.
Anne-Sophie Petit incarne parfaitement, avec toute la fragilité de l’enfance combinée avec une prise de conscience de la complexité du monde adulte, Yniold, malicieux est fin. Franz-Josef Selig donne toute sa mesure au dernier acte dernier acte où toute la gamme, qui peut descendre très profondément, est magnifiquement habitée. Sa diction française est irréprochable. Tassis Christoyannis est un Golaud sombre à souhait, l’homme qui ne comprend rien à sa femme. La voix est forte et exprime l’autorité. Il est incapable d’aimer et sombre dans les ténèbres. Victoire Bunel et Marc Mauillon offrent une très belle prestation. Elle est une Mélisande complexe, sauvage et fatale, alternant amour et distance, avec une voix souvent puissante. Lui maîtrise parfaitement le chant français grâce à sa voix claire mélodieuse, capable de puissance quand nécessaire et toujours avec une diction soignée. On échappe fort heureusement aux «r» roulés que certains s’imposent et qui ne correspondent en rien à la logique d’une langue qui n’a pas d’accent tonique et à laquelle on donne un relief artificiel. Cette troisième représentation est à la hauteur des précédentes qui avaient séduit le public et les critiques.
Danielle Anex-Cabanis
La distribution vocale est de grande qualité et les chanteurs sont très homogènes, respectueux les uns des autres. Soulignons que Janina Baechele, Geneviève, accepte de chanter malgré des soucis de santé et si sa voix n’a pas la puissance qu’on apprécie chez elle d’habitude, sa fragilité devient un atout porteur d’émotion.
Mélisande est lumineuse, assumant sans faillir une partition qui très exigeante. Elle relève le, la couleur, quand l’amour se déclare. Dans le troisième acte justement, elle capte la lumière qui la suit dans ses mouvements, Pelléas, lui, restant dans l’ombre. Et le coup de couteau que Golaud plante dans le dos de son demi-frère, anéantit dans le même temps toute flamme chez Mélisande, qui qui va se laisser mourir mourir, dans une lente agonie silencieuse que même la venue de son enfant n’interrompt pas. Elle est désormais une ombre.
Dirigé par Leo Hussain, l’orchestre offre des couleurs chatoyantes à l’œuvre . la représentation démarre carrément dans l’obscurité. La magie de la riche palette musicale de Debussy s’exprime dans l’obscurité, peut-être d’autant mieux que rien ne vient distraire l’attention du spectateur. On pouvait craindre que l’orchestre n’ait oublié la subtilité de la musique française à laquelle Michel Plasson l’avait formé et dont Tugan Sokhiev l’avait éloigné au profit de programmes différents.
Anne-Sophie Petit incarne parfaitement, avec toute la fragilité de l’enfance combinée avec une prise de conscience de la complexité du monde adulte, Yniold, malicieux est fin. Franz-Josef Selig donne toute sa mesure au dernier acte dernier acte où toute la gamme, qui peut descendre très profondément, est magnifiquement habitée. Sa diction française est irréprochable. Tassis Christoyannis est un Golaud sombre à souhait, l’homme qui ne comprend rien à sa femme. La voix est forte et exprime l’autorité. Il est incapable d’aimer et sombre dans les ténèbres. Victoire Bunel et Marc Mauillon offrent une très belle prestation. Elle est une Mélisande complexe, sauvage et fatale, alternant amour et distance, avec une voix souvent puissante. Lui maîtrise parfaitement le chant français grâce à sa voix claire mélodieuse, capable de puissance quand nécessaire et toujours avec une diction soignée. On échappe fort heureusement aux «r» roulés que certains s’imposent et qui ne correspondent en rien à la logique d’une langue qui n’a pas d’accent tonique et à laquelle on donne un relief artificiel. Cette troisième représentation est à la hauteur des précédentes qui avaient séduit le public et les critiques.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 10/06/2024 à 20:02.