Haydn All-Stars
Trio Ernest
Haydn all-stars. Joseph Haydn. Trios, Ravel, Menuet sur le nom de Haydn, J. Fontyn, Liebr Joseph!, Brahms, Immer leiser wird mein Schlummer. Trio Ernest. CD Aparté music.
Comme le note avec humour la notice de présentation, «Haydn, Brahms, Ravel, Fontyn: drôle de famille (re)composée». Et drôle de construction de l’album où chacun des quatre trios de Haydn est suivi en écho par une œuvre de chacun des trois autres compositeurs, dans l’ordre Ravel, Jacqueline Fontyn, Brahms. C’est donc un parcours original d’écoute que propose le Trio Ernest (piano, violon, violoncelle), jeune ensemble franco-suisse fondé en 2019 à Genève dont c’est le premier CD. L’auditeur suit avec un vif intérêt et une certaine gourmandise le chemin ainsi balisé.
On dénombre désormais 39 trios avec piano de Haydn. Notre ensemble en a élu quatre. Le premier n°25 en mi mineur n°25 (1788) est la fraîcheur même, l’élégance aussi, interprété ici par un piano sémillant et des cordes toniques. Lui répond en le prolongeant le Menuet que Ravel composa en 1909 pour honorer la mémoire du musicien viennois mort cent ans plus tôt. Cette brève page (moins de deux minutes), ici joliment arrangée pour un trio, sait dans la concision et le respect suggérer le «climat Haydn». L’andante cantabile du Trio en mi bémol mineur est remarquable par le jeu subtil et délicat des correspondances entre Natasha Roque Alsina au piano, Stanislas Gosset au violon et Clément Dami au violoncelle: ils semblent tisser une dentelle musicale toute de finesse et de légèreté. Autre écho, contemporain cette fois, celui du Lieber Joseph! , véritable lettre d’affection adressée par Jacqueline Fontyn compositrice (et pianiste, chef d’orchestre, pédagogue) née à Anvers en 1930. Structurée en trois mouvements, l’œuvre fait entendre en son cœur un Andante innocentemente d’une sombre et mystérieuse poésie. La modernité de l’écriture, moins mélodique, fait valoir la virtuosité des interprètes, qui allient rigueur rythmique et richesse harmonique. Le sens de l’entreprise éditoriale et de son titre se fait jour: faire de Haydn le centre d’une galaxie, le «point d’ancrage d’une constellation» où se réunissent et se répondent les musiques des époques romantique, moderne et contemporaine. Le Trio de Haydn en ré majeur n°20 (1788) et le dernier de l’album en mi mineur n°25 de la même époque permettent à nouveau d’apprécier la complémentarité des trois artistes, la tendresse amusée de la pianiste, la vivacité soyeuse du violoniste, le lyrisme ardent du violoncelle. Et complimentons l’arrangeur Carlos Roque Alsina pour l’habileté avec laquelle il fait chanter le lied admirable de Brahms dont la chambre, rappelle la notice, s’ornait du buste de Haydn. C’est un des sommets du CD.
Construit assurément comme une galaxie autour de l’aimable figure de Haydn, l’album de page en page renouvelle notre curiosité et notre plaisir. Superbe d’harmonie et d ’énergie, le Trio Ernest signe une belle entrée, inventive et attachante, dans la discographie.
Jean Jordy
Illustration sonore
Allegro assai du Trio en Ré majeur de Haydn
Comme le note avec humour la notice de présentation, «Haydn, Brahms, Ravel, Fontyn: drôle de famille (re)composée». Et drôle de construction de l’album où chacun des quatre trios de Haydn est suivi en écho par une œuvre de chacun des trois autres compositeurs, dans l’ordre Ravel, Jacqueline Fontyn, Brahms. C’est donc un parcours original d’écoute que propose le Trio Ernest (piano, violon, violoncelle), jeune ensemble franco-suisse fondé en 2019 à Genève dont c’est le premier CD. L’auditeur suit avec un vif intérêt et une certaine gourmandise le chemin ainsi balisé.
On dénombre désormais 39 trios avec piano de Haydn. Notre ensemble en a élu quatre. Le premier n°25 en mi mineur n°25 (1788) est la fraîcheur même, l’élégance aussi, interprété ici par un piano sémillant et des cordes toniques. Lui répond en le prolongeant le Menuet que Ravel composa en 1909 pour honorer la mémoire du musicien viennois mort cent ans plus tôt. Cette brève page (moins de deux minutes), ici joliment arrangée pour un trio, sait dans la concision et le respect suggérer le «climat Haydn». L’andante cantabile du Trio en mi bémol mineur est remarquable par le jeu subtil et délicat des correspondances entre Natasha Roque Alsina au piano, Stanislas Gosset au violon et Clément Dami au violoncelle: ils semblent tisser une dentelle musicale toute de finesse et de légèreté. Autre écho, contemporain cette fois, celui du Lieber Joseph! , véritable lettre d’affection adressée par Jacqueline Fontyn compositrice (et pianiste, chef d’orchestre, pédagogue) née à Anvers en 1930. Structurée en trois mouvements, l’œuvre fait entendre en son cœur un Andante innocentemente d’une sombre et mystérieuse poésie. La modernité de l’écriture, moins mélodique, fait valoir la virtuosité des interprètes, qui allient rigueur rythmique et richesse harmonique. Le sens de l’entreprise éditoriale et de son titre se fait jour: faire de Haydn le centre d’une galaxie, le «point d’ancrage d’une constellation» où se réunissent et se répondent les musiques des époques romantique, moderne et contemporaine. Le Trio de Haydn en ré majeur n°20 (1788) et le dernier de l’album en mi mineur n°25 de la même époque permettent à nouveau d’apprécier la complémentarité des trois artistes, la tendresse amusée de la pianiste, la vivacité soyeuse du violoniste, le lyrisme ardent du violoncelle. Et complimentons l’arrangeur Carlos Roque Alsina pour l’habileté avec laquelle il fait chanter le lied admirable de Brahms dont la chambre, rappelle la notice, s’ornait du buste de Haydn. C’est un des sommets du CD.
Construit assurément comme une galaxie autour de l’aimable figure de Haydn, l’album de page en page renouvelle notre curiosité et notre plaisir. Superbe d’harmonie et d ’énergie, le Trio Ernest signe une belle entrée, inventive et attachante, dans la discographie.
Jean Jordy
Illustration sonore
Allegro assai du Trio en Ré majeur de Haydn
Publié le 27/05/2024 à 18:29, mis à jour le 27/05/2024 à 18:34.