CD b. Records.

Les Images de Debussy ont été enregistrés par les plus grands (Arrau, Michelangeli, Samson François, Nelson Goerner… ). Difficile pour un jeune interprète de s’attaquer à un tel répertoire. L’interprétation de Lorenzo Soulès apporte un éclairage différent, il ne s’attarde pas, n’élargit pas le tempo sans perdre de vue une vision plutôt littérale de la partition. À la première écoute, on pourrait juger hâtivement que cette lecture où netteté et clarté laissent un peu en dehors l’auditeur. Mais à y écouter de plus près on sent un soin particulier à tirer du piano tout un éventail de couleurs boisés, laissant l’auditeur comme en apesanteur. Ici point de clichés debussistes avec un côté brumeux, impressionniste mais une clarté du discours passionnante.
Le programme se poursuit avec deux pièces tirées du Catalogue d’Oiseaux de Messiaen où l’influence de Debussy se fait encore entendre. Lorenzo Soulès ne caricature pas, le côté percussif de cette musique n’est pas surjoué, le poids de chaque notes prenant toute sa place dans le discours.
Les pièces de Tristan Murail et Philippe Manoury démontrent toute la virtuosité de notre interprète qui n’est pas seulement digitale mais aussi dans la compréhension de cette musique, dans le droit fil de Messiaen.
Les Figures de George Benjamin sont des miniatures où tout un paysage sonore se déploie en quelques mesures. On perçoit là aussi toutes les couleurs que notre interprète arrive à faire parvenir à l’auditeur.
Un programme intelligent où la figure de Debussy sert de fil conducteur, servi par un interprète de premier ordre.

Michel Pertile