César Franck
Intégrale de la musique de chambre
César Franck, Complete Chamber Music, Ensemble Des Equilibres (Agnès Pyka, violon; Sandra Chamoux, piano; Damien Ventula et Jeremy Genet, violoncelle; Emmanuel Haratyk, alto; Rémi Demangeon, contrebasse). 4 CD Klarthe.
Quel beau coffret, riche de redécouvertes majeures! César Franck (1822-1890) dont se prolonge la célébration du bicentenaire de la naissance, n’est pas associé spontanément à la musique de chambre, qu’on limite trop souvent à la Sonate pour violon et piano en La majeur, probablement la pièce la plus jouée et enregistrée en ce domaine. L’Ensemble Des Equilibres s’est mis en six pour élaborer un album de quatre CD. Il réunit douze compositions couvrant de 1834 à 1890, plus de cinquante ans de création, d’un Grand Trio adolescent à l’ultime Quatuor. L’ordre des œuvres entendues ne suit pas une chronologie factice. Loin de nuire à la cohérence du projet il permet à chaque unité de s’épanouir et de se répondre, mélangeant ou distinguant leur bouquet, leur climat, l’équilibre de l’association des instruments, du duo au quintette pour piano et cordes (1879)… qui ouvre le coffret. L’audace de l’association des instruments va de pair avec l’impétuosité d’une œuvre dont l’Ensemble Des Equilibres donne une version vibrante, intensément contrastée entre tourments et exultation, et surtout d’un élan vital passionné. La prise de son s’avère d’emblée claire, aérée, incisive. Des cinq trios présents, on retiendra, sans négliger les autres de belle facture, celui pour piano, violon et violoncelle n°4 de 1842 pour reconnaitre dans ce César Frank de 20 ans une ardeur dont l’effervescence se donne libre cours, ici encore avec une bravoure qui n’exclut pas la fermeté. À l’autre bout de la vie de Franck, se présente le grand Quatuor à cordes en ré majeur (1890), dernière œuvre de musique de chambre du compositeur: on y retrouve une passion intacte, qui irrigue le jeu des interprètes comme emportés par cette vitalité allante. Un peu en amont, la Sonate pour piano et violon en La majeur (1886), parfois fantasque, toujours élégante, signe la belle complicité entre Sandra Chamoux au piano et Agnès Pyka, directrice artistique et premier violon, au service d’une œuvre dont le canon final, dit-on, a pu servir de modèle à la «petite phrase» de la Sonate de Vinteuil chez Proust. On clora cette trop brève recension en évoquant des pages plus rares, tel un Duo concertant sur des motifs de Gulistan de Dalayrac (1844), paraphrase ludique et pleine de charme d’airs d’un opéra à la mode ou le très novateur Solo de piano avec accompagnement de quintette à cordes en Mi Majeur (1844) qui clôt avec une singulière intensité cette somme splendide, de bout en bout excitante. Un ensemble essentiel. Un Ensemble à la stimulante énergie.
Jean Jordy
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Quel beau coffret, riche de redécouvertes majeures! César Franck (1822-1890) dont se prolonge la célébration du bicentenaire de la naissance, n’est pas associé spontanément à la musique de chambre, qu’on limite trop souvent à la Sonate pour violon et piano en La majeur, probablement la pièce la plus jouée et enregistrée en ce domaine. L’Ensemble Des Equilibres s’est mis en six pour élaborer un album de quatre CD. Il réunit douze compositions couvrant de 1834 à 1890, plus de cinquante ans de création, d’un Grand Trio adolescent à l’ultime Quatuor. L’ordre des œuvres entendues ne suit pas une chronologie factice. Loin de nuire à la cohérence du projet il permet à chaque unité de s’épanouir et de se répondre, mélangeant ou distinguant leur bouquet, leur climat, l’équilibre de l’association des instruments, du duo au quintette pour piano et cordes (1879)… qui ouvre le coffret. L’audace de l’association des instruments va de pair avec l’impétuosité d’une œuvre dont l’Ensemble Des Equilibres donne une version vibrante, intensément contrastée entre tourments et exultation, et surtout d’un élan vital passionné. La prise de son s’avère d’emblée claire, aérée, incisive. Des cinq trios présents, on retiendra, sans négliger les autres de belle facture, celui pour piano, violon et violoncelle n°4 de 1842 pour reconnaitre dans ce César Frank de 20 ans une ardeur dont l’effervescence se donne libre cours, ici encore avec une bravoure qui n’exclut pas la fermeté. À l’autre bout de la vie de Franck, se présente le grand Quatuor à cordes en ré majeur (1890), dernière œuvre de musique de chambre du compositeur: on y retrouve une passion intacte, qui irrigue le jeu des interprètes comme emportés par cette vitalité allante. Un peu en amont, la Sonate pour piano et violon en La majeur (1886), parfois fantasque, toujours élégante, signe la belle complicité entre Sandra Chamoux au piano et Agnès Pyka, directrice artistique et premier violon, au service d’une œuvre dont le canon final, dit-on, a pu servir de modèle à la «petite phrase» de la Sonate de Vinteuil chez Proust. On clora cette trop brève recension en évoquant des pages plus rares, tel un Duo concertant sur des motifs de Gulistan de Dalayrac (1844), paraphrase ludique et pleine de charme d’airs d’un opéra à la mode ou le très novateur Solo de piano avec accompagnement de quintette à cordes en Mi Majeur (1844) qui clôt avec une singulière intensité cette somme splendide, de bout en bout excitante. Un ensemble essentiel. Un Ensemble à la stimulante énergie.
Jean Jordy
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Publié le 05/12/2023 à 20:05, mis à jour le 15/01/2024 à 19:14.