Agata-Maria Raatz, violon
Echo of Bach
Partitas et œuvres pour violon seul de J. -S. Bach, J. -P. von Westhoff, E. Ysaÿe, Clara Jaz, X. Dayer. Agata-Maria Raatz, violon. CD Solo Musica.
La jeune violoniste Agata-Maria Raatz est aussi compositrice sous le pseudonyme de Clara Jaz. Reconnue internationalement, elle enchaine les concerts et les récitals en Italie, en Suisse, à New-York (Carnegie Hall), à Berlin… Sous le titre Echos de Bach, l’interprète échafaude une construction complexe avec des jeux de miroirs sonores, anciens et contemporains. S’y croisent le compositeur annoncé, deux autres œuvres qui lui font donc écho, l’une signée Johann Paul von Westhoff, la seconde Eugène Ysaÿe et des respirations musicales de Clara Jaz et de Xavier Dayer. Dire que tout est d’égal intérêt serait mentir. Avec ses pizzicati inégalement harmonieux, ses sons comme déchiquetés et ses reflets vocaux, le Vergissmeinnicht (Le forget-me-not) de Mme Jaz fait attendre bien longuement (7 minutes!) l’œuvre maitresse de Bach d’une toute autre envolée. Johann Paul von Westhoff (1656 – 1705) violoniste et compositeur allemand de l’époque baroque a influencé J-S Bach, singulièrement pour ses pièces pour violon seul. Sa place d’honneur (ou presque, Clara Jaz imposant d’emblée une de ses pièces) au début de l’album trouvera sa pleine justification avec sa Suite n°5 en Ré mineur, enchainant la succession de danses attendue et dont la Partita n°2 de Bach dans la même tonalité s’avèrera l’héritière. Westhoff compose une musique sereine, dont l’interprète donne une version digne, sans effet ni affectation: Allemande posée, Courante sage, Sarabande élégante, joyeuse Gigue que prolonge discrètement un bref Echo de Clara Jaz. On connait de la Partita n°2 de J-S Bach (1685 – 1750), œuvre sublime, des versions plus énergiques ou pétillantes. Mais celle ici proposée ne manque pas de force. Elle évite la sécheresse, le classicisme trop épuré, la rigueur, voire la raideur trop ennuyeuse. Cohérente et cependant variée, vive, sans ostentation, faisant valoir des sonorités rondes et charnues, elle s’écoute avec un intérêt croissant. L’imposante Chaconne s’avère construite avec clarté. De moindre envergure (5’), la pièce du compositeur contemporain suisse Xavier Dayer né en 1972 porte un titre étrange, Cette âme a six ailes tout comme les Séraphins. Créée en 2020 par notre violoniste qui en est la dédicataire, elle mêle les réminiscences de Bach et la création d’une ligne personnelle, virtuose et tendue, brûlant tel le séraphin d’une fièvre inquiète. Composée pour Jacques Thibaut, la sonate n°2 d’Ysaÿe en la mineur (1923) cite une partita de Bach et donne le titre d’Obsession au premier mouvement tant la pensée du Maître imposait sa prégnance. Sa place dès lors dans ces Echos se légitime pleinement. L’interprète y fait feu de tout bois avec assurance et énergie ici, là avec une gravité maitrisée (Malinconia), insinuant une forme d’humour dans la Danse des Ombres précédant la Sarabande. Les Furies in fine imposent leurs discordantes harmonies.
L’album affirme une vraie cohérence tant dans le choix des œuvres que dans la maitrise de l’interprétation. On découvre en Agata-Maria Raatz, virtuose et expressive, les qualités d’une éminente musicienne.
Jean Jordy
Présentation de l’album
Agata-Maria Raatz joue Les Furies d’Eugene Ysaÿe, titre inclus dans l’album
La jeune violoniste Agata-Maria Raatz est aussi compositrice sous le pseudonyme de Clara Jaz. Reconnue internationalement, elle enchaine les concerts et les récitals en Italie, en Suisse, à New-York (Carnegie Hall), à Berlin… Sous le titre Echos de Bach, l’interprète échafaude une construction complexe avec des jeux de miroirs sonores, anciens et contemporains. S’y croisent le compositeur annoncé, deux autres œuvres qui lui font donc écho, l’une signée Johann Paul von Westhoff, la seconde Eugène Ysaÿe et des respirations musicales de Clara Jaz et de Xavier Dayer. Dire que tout est d’égal intérêt serait mentir. Avec ses pizzicati inégalement harmonieux, ses sons comme déchiquetés et ses reflets vocaux, le Vergissmeinnicht (Le forget-me-not) de Mme Jaz fait attendre bien longuement (7 minutes!) l’œuvre maitresse de Bach d’une toute autre envolée. Johann Paul von Westhoff (1656 – 1705) violoniste et compositeur allemand de l’époque baroque a influencé J-S Bach, singulièrement pour ses pièces pour violon seul. Sa place d’honneur (ou presque, Clara Jaz imposant d’emblée une de ses pièces) au début de l’album trouvera sa pleine justification avec sa Suite n°5 en Ré mineur, enchainant la succession de danses attendue et dont la Partita n°2 de Bach dans la même tonalité s’avèrera l’héritière. Westhoff compose une musique sereine, dont l’interprète donne une version digne, sans effet ni affectation: Allemande posée, Courante sage, Sarabande élégante, joyeuse Gigue que prolonge discrètement un bref Echo de Clara Jaz. On connait de la Partita n°2 de J-S Bach (1685 – 1750), œuvre sublime, des versions plus énergiques ou pétillantes. Mais celle ici proposée ne manque pas de force. Elle évite la sécheresse, le classicisme trop épuré, la rigueur, voire la raideur trop ennuyeuse. Cohérente et cependant variée, vive, sans ostentation, faisant valoir des sonorités rondes et charnues, elle s’écoute avec un intérêt croissant. L’imposante Chaconne s’avère construite avec clarté. De moindre envergure (5’), la pièce du compositeur contemporain suisse Xavier Dayer né en 1972 porte un titre étrange, Cette âme a six ailes tout comme les Séraphins. Créée en 2020 par notre violoniste qui en est la dédicataire, elle mêle les réminiscences de Bach et la création d’une ligne personnelle, virtuose et tendue, brûlant tel le séraphin d’une fièvre inquiète. Composée pour Jacques Thibaut, la sonate n°2 d’Ysaÿe en la mineur (1923) cite une partita de Bach et donne le titre d’Obsession au premier mouvement tant la pensée du Maître imposait sa prégnance. Sa place dès lors dans ces Echos se légitime pleinement. L’interprète y fait feu de tout bois avec assurance et énergie ici, là avec une gravité maitrisée (Malinconia), insinuant une forme d’humour dans la Danse des Ombres précédant la Sarabande. Les Furies in fine imposent leurs discordantes harmonies.
L’album affirme une vraie cohérence tant dans le choix des œuvres que dans la maitrise de l’interprétation. On découvre en Agata-Maria Raatz, virtuose et expressive, les qualités d’une éminente musicienne.
Jean Jordy
Présentation de l’album
Agata-Maria Raatz joue Les Furies d’Eugene Ysaÿe, titre inclus dans l’album
Publié le 13/11/2023 à 20:52.