Quatuor Zaïde
F. et F. Mendelssohn, C. et R. Schumann
Fanny Mendelssohn, Quatuor pour cordes en Mi bémol Majeur, Félix Mendelssohn, Capriccio, Op 81, Clara Schumann, Variations sur un thème de Robert Schumann, Opus 20, Robert Schumann, Quatuor pour cordes en Fa majeur. n°2, Opus 41. Quatuor Zaïde. CD NoMadMusic.
Faut-il relier à leur frère ou époux les compositrices pour reconnaître leur talent singulier? Mais ne faisons pas grief à l’élégant et vibrant Quatuor Zaïde de proposer ce programme où Clara rêve sur un thème de Robert, où Fanny chemine avec Félix. Les deux couples de musiciens ici réunis dans un programme de musique de chambre romantique semblent se répondre intimement comme lors de leurs réunions fraternelles à Berlin et Leipzig. Le titre de l’album Invisible renvoie autant à l’invisibilité des compositrices à cette époque qu’au lien d’amitié, d’affection et d’admiration réciproque qu’entretenaient les quatre artistes. Invisible mais non moins évident le fil que l’auditeur tisse au fil de l’écoute des quatre œuvres Le Quatuor pour cordes en Mi bémol Majeur de Fanny Mendelssohn, écrit en 1834 ne sera publié que 150 ans après sa composition. L’ensemble Zaïde en offre une lecture à la fois fraîche et ardente, subtilement colorée. On en retient la Romanze du troisième mouvement, légère, mystérieuse, aux reflets irisés, créant un univers de songes vaporeux où l’âme semble flotter, à la fois sereine et frôlée par l’inquiétude. Elle contraste avec l’impétuosité de l’Allegro molto vivace, plein d’ardeur et fougue. Le Capriccio de Félix semble lui répondre in fine sur un rythme analogue, résolu et lumineux. Dans uns sorte de chiasme musical, le quatuor féminin propose d’abord dans la famille Schumann l’œuvre plus brève de l’épouse avant de terminer l’enregistrement par un des quatuors de Robert. Mais combien les Variations sur un thème de Robert Schumann ont de charme, de lyrisme et d’inventivité, surtout jouées avec cette subtilité, l’équilibre entre les voix, la justesse de la pulsation, la souplesse de la ligne, la variété des couleurs. Des trois quatuors à cordes opus 41, dédiés à Félix Mendelssohn, le Quatuor Zaïde a choisi le deuxième. On aime le large déploiement de l’entrée, sa pleine respiration, la délicatesse de l’Andante et ses mélodieuses variations, la vigueur du Scherzo, allant, allègre, le final d’une vigoureuse alacrité. Triomphe ici la discrète euphorie du jeune père, comme rarement heureux. Et nos interprètes avec la même adéquation rythmique, lui donnent pour notre plaisir fière allure.
Superbement composé, habilement construit, l’album crée, d’un compositeur, femme ou homme à l’autre, d’un mouvement à une autre page, un faisceau de correspondances musicales qu’illumine la profonde entente entre les quatre interprètes. De cet ensemble précieux on apprécie l’harmonie.
Jean Jordy
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Faut-il relier à leur frère ou époux les compositrices pour reconnaître leur talent singulier? Mais ne faisons pas grief à l’élégant et vibrant Quatuor Zaïde de proposer ce programme où Clara rêve sur un thème de Robert, où Fanny chemine avec Félix. Les deux couples de musiciens ici réunis dans un programme de musique de chambre romantique semblent se répondre intimement comme lors de leurs réunions fraternelles à Berlin et Leipzig. Le titre de l’album Invisible renvoie autant à l’invisibilité des compositrices à cette époque qu’au lien d’amitié, d’affection et d’admiration réciproque qu’entretenaient les quatre artistes. Invisible mais non moins évident le fil que l’auditeur tisse au fil de l’écoute des quatre œuvres Le Quatuor pour cordes en Mi bémol Majeur de Fanny Mendelssohn, écrit en 1834 ne sera publié que 150 ans après sa composition. L’ensemble Zaïde en offre une lecture à la fois fraîche et ardente, subtilement colorée. On en retient la Romanze du troisième mouvement, légère, mystérieuse, aux reflets irisés, créant un univers de songes vaporeux où l’âme semble flotter, à la fois sereine et frôlée par l’inquiétude. Elle contraste avec l’impétuosité de l’Allegro molto vivace, plein d’ardeur et fougue. Le Capriccio de Félix semble lui répondre in fine sur un rythme analogue, résolu et lumineux. Dans uns sorte de chiasme musical, le quatuor féminin propose d’abord dans la famille Schumann l’œuvre plus brève de l’épouse avant de terminer l’enregistrement par un des quatuors de Robert. Mais combien les Variations sur un thème de Robert Schumann ont de charme, de lyrisme et d’inventivité, surtout jouées avec cette subtilité, l’équilibre entre les voix, la justesse de la pulsation, la souplesse de la ligne, la variété des couleurs. Des trois quatuors à cordes opus 41, dédiés à Félix Mendelssohn, le Quatuor Zaïde a choisi le deuxième. On aime le large déploiement de l’entrée, sa pleine respiration, la délicatesse de l’Andante et ses mélodieuses variations, la vigueur du Scherzo, allant, allègre, le final d’une vigoureuse alacrité. Triomphe ici la discrète euphorie du jeune père, comme rarement heureux. Et nos interprètes avec la même adéquation rythmique, lui donnent pour notre plaisir fière allure.
Superbement composé, habilement construit, l’album crée, d’un compositeur, femme ou homme à l’autre, d’un mouvement à une autre page, un faisceau de correspondances musicales qu’illumine la profonde entente entre les quatre interprètes. De cet ensemble précieux on apprécie l’harmonie.
Jean Jordy
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Publié le 11/09/2023 à 20:15.