Malinconia
Yan Levionnois et Guillaume Bellom
Violoncelle et piano. CD NoMadMusic.
Les deux artistes ont construit leur programme autour du thème de la mélancolie, un élément fondateur de tant d’œuvres musicales. Ils sont partis de la pièce du même nom de Sibelius composée peu de temps après la mort de sa fille Kirstin. Ils la font précéder par la brève «Sonate» de Debussy. Suivent dans une sorte de progression émotionnelle «Le grand tango» de Piazzolla, les «trois petites pièces» de Webern. La «Sicilienne» de Fauré précède Pohadka de Janacek, avant «La lugubre gondole» de Liszt et la ¨Rapsodie n°1 de Bartok, une balade des frimas du grand nord aux espaces de putzta brûlée de la plaine hongroise.
Pour chaque pièce, les deux artistes justifient leur choix et leur interprétation, liée à des souvenirs d’enfance par exemple pour la Sonate de Debussy, il y a une nostalgie douce, qui se transforme en douleur chez Liszt dont la Lugubre gondole évoque l’enterrement de Wagner à Venise. Le violoncelle exprime la douleur, une sorte de plainte déchirante. Plus feutrée est la mélancolie de Piazzolla, elle a quelque chose de lancinant qui pénètre littéralement l’auditeur qui se sent subitement vulnérable, c’est presque la définition clinique de la mélancolie. Les deux musiciens lui mettent en contrepoint les trois petites pièces de Webern, plus piquantes, mais convergentes dans l’émotion qu’elles font naître. La Sicilienne de Fauré est au premier chef très différente, elle est solaire, mais au travers de la composition qui part d’une dans ancienne, il y a l’angoisse et même temps un sentiment de fatalité douloureuse face à la chaleur, ce qu’on retrouve dans un autre registre dans Le Guépard de Visconti. Fondée sur un conte, Pohadka est l’histoire fantastique du fils du tsar Ivan, de la princesse Maria et de Kaschei l’immortel. On n’est pas loin du roi des Aulnes imaginé par Goethe et transfiguré par Schubert.
Plus d’une heure de très belle musique, mettant à l’honneur des pièces que, pour certaines au moins, on n’entend guère. C’est un coup double réussi à tous égards.
Danielle Anex-Cabanis
Les deux artistes ont construit leur programme autour du thème de la mélancolie, un élément fondateur de tant d’œuvres musicales. Ils sont partis de la pièce du même nom de Sibelius composée peu de temps après la mort de sa fille Kirstin. Ils la font précéder par la brève «Sonate» de Debussy. Suivent dans une sorte de progression émotionnelle «Le grand tango» de Piazzolla, les «trois petites pièces» de Webern. La «Sicilienne» de Fauré précède Pohadka de Janacek, avant «La lugubre gondole» de Liszt et la ¨Rapsodie n°1 de Bartok, une balade des frimas du grand nord aux espaces de putzta brûlée de la plaine hongroise.
Pour chaque pièce, les deux artistes justifient leur choix et leur interprétation, liée à des souvenirs d’enfance par exemple pour la Sonate de Debussy, il y a une nostalgie douce, qui se transforme en douleur chez Liszt dont la Lugubre gondole évoque l’enterrement de Wagner à Venise. Le violoncelle exprime la douleur, une sorte de plainte déchirante. Plus feutrée est la mélancolie de Piazzolla, elle a quelque chose de lancinant qui pénètre littéralement l’auditeur qui se sent subitement vulnérable, c’est presque la définition clinique de la mélancolie. Les deux musiciens lui mettent en contrepoint les trois petites pièces de Webern, plus piquantes, mais convergentes dans l’émotion qu’elles font naître. La Sicilienne de Fauré est au premier chef très différente, elle est solaire, mais au travers de la composition qui part d’une dans ancienne, il y a l’angoisse et même temps un sentiment de fatalité douloureuse face à la chaleur, ce qu’on retrouve dans un autre registre dans Le Guépard de Visconti. Fondée sur un conte, Pohadka est l’histoire fantastique du fils du tsar Ivan, de la princesse Maria et de Kaschei l’immortel. On n’est pas loin du roi des Aulnes imaginé par Goethe et transfiguré par Schubert.
Plus d’une heure de très belle musique, mettant à l’honneur des pièces que, pour certaines au moins, on n’entend guère. C’est un coup double réussi à tous égards.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 20/06/2023 à 21:54.