Sally Jo Rüedi
Herr der Winde
Organ works. Chœur Rheinstimmen, dirigé par Hiram Santos et Reto Anneler, saxophone. CD Solo Musica.
Sally Jo Rüedi est une organiste d’origine anglaise et actuellement établie en Suisse. Elle interprète dans cet enregistrement un programme de ses propres compositions pour l’orgue.
L’auditeur entre avec plaisir dans son univers musical. Les mélodies simples, voire naïves mais sans miévrerie, y cotoient des rythmes énergiques, souvent répétés en ostinati, faisant ainsi alterner des pièces énergiques avec d’autres plus méditatives. Les morceaux souvent courts s’enchaînent en mettant vraiment en valeur les jeux des quatre instruments choisis, trois orgues suisses et un espagnol. Le livret du CD écrit par la compositrice et interprète, mais malheureusement non traduit en français, montre comment chacune de ces pièces a une importance particulière pour elle: dédicace à des amis ou parents disparus, allusion à des évènements personnels. Cela rend d’autant plus touchant et sensible son univers musical.
Dans les deux dernières pièces, l’orgue est rejoint par un chœur (The Moon, sur un poème anglais) puis par un saxophone (Fantasy on Personent Hodie). On se laisse à nouveau porter par la fraîcheur du langage et des sonorités. Le saxophone, rarement associé à l’orgue, apporte une poésie particulière et une autre dimension à l’ensemble.
Il faut cependant évoquer plus en détail la suite Kotura – Herr der Winde. Sally Jo Rüedi a composé cette œuvre pour l’orgue Metzler (2011) de la Stadtkirche de la ville suisse Bienne. Cet instrument possède quatre claviers manuel dont un présente une caractéristique totalement inédite. Grâce à divers mécanismes, l’organiste peut faire varier la pression de l’air qui fait jouer les tuyaux, provoquant ainsi des effets sonores totalement inouïs. Il peut aussi faire entendre le bruit du vent qui s’échappe du sommier, véritable respiration de l’instrument. L’interprète se voit ainsi offert des possibilités qu’aucun autre orgue ne peut lui offrir. Sally Jo Rüedi, en prenant en compte ces possibilités dans sa composition, en exploite tout le potentiel et nous offre ici un moment exceptionnel qu’il est difficile de décrire. Il faut se laisser porter par ce souffle du vent, par les gémissements des tuyaux, par les sons presque cocasses qui nous surprennent.
Voici donc un enregistrement qui mérite vraiment d’être découvert et qui prouve, s’il en était besoin, que l’orgue n’est pas qu’un instrument du passé et qu’il a encore beaucoup à nous faire découvrir, pour peu que des facteurs d’instruments, des compositeurs et des interprètes impulsent des recherches innovantes!
Pierre-Jean Schoen
Sally Jo Rüedi est une organiste d’origine anglaise et actuellement établie en Suisse. Elle interprète dans cet enregistrement un programme de ses propres compositions pour l’orgue.
L’auditeur entre avec plaisir dans son univers musical. Les mélodies simples, voire naïves mais sans miévrerie, y cotoient des rythmes énergiques, souvent répétés en ostinati, faisant ainsi alterner des pièces énergiques avec d’autres plus méditatives. Les morceaux souvent courts s’enchaînent en mettant vraiment en valeur les jeux des quatre instruments choisis, trois orgues suisses et un espagnol. Le livret du CD écrit par la compositrice et interprète, mais malheureusement non traduit en français, montre comment chacune de ces pièces a une importance particulière pour elle: dédicace à des amis ou parents disparus, allusion à des évènements personnels. Cela rend d’autant plus touchant et sensible son univers musical.
Dans les deux dernières pièces, l’orgue est rejoint par un chœur (The Moon, sur un poème anglais) puis par un saxophone (Fantasy on Personent Hodie). On se laisse à nouveau porter par la fraîcheur du langage et des sonorités. Le saxophone, rarement associé à l’orgue, apporte une poésie particulière et une autre dimension à l’ensemble.
Il faut cependant évoquer plus en détail la suite Kotura – Herr der Winde. Sally Jo Rüedi a composé cette œuvre pour l’orgue Metzler (2011) de la Stadtkirche de la ville suisse Bienne. Cet instrument possède quatre claviers manuel dont un présente une caractéristique totalement inédite. Grâce à divers mécanismes, l’organiste peut faire varier la pression de l’air qui fait jouer les tuyaux, provoquant ainsi des effets sonores totalement inouïs. Il peut aussi faire entendre le bruit du vent qui s’échappe du sommier, véritable respiration de l’instrument. L’interprète se voit ainsi offert des possibilités qu’aucun autre orgue ne peut lui offrir. Sally Jo Rüedi, en prenant en compte ces possibilités dans sa composition, en exploite tout le potentiel et nous offre ici un moment exceptionnel qu’il est difficile de décrire. Il faut se laisser porter par ce souffle du vent, par les gémissements des tuyaux, par les sons presque cocasses qui nous surprennent.
Voici donc un enregistrement qui mérite vraiment d’être découvert et qui prouve, s’il en était besoin, que l’orgue n’est pas qu’un instrument du passé et qu’il a encore beaucoup à nous faire découvrir, pour peu que des facteurs d’instruments, des compositeurs et des interprètes impulsent des recherches innovantes!
Pierre-Jean Schoen
Publié le 12/06/2023 à 20:27, mis à jour le 12/06/2023 à 20:29.