Célimène Daudet
Mompou, Chopin
Alter Ego. Federico Mompou, Préludes, El Pont de Monjuïc, Musica callada XV, Variations sur un thème de Chopin, Damunt de tu només les flors (Marie-Laure Garnier, soprano); Frédéric Chopin, Sonate n°3 en si mineur. CD NoMadMusic.
Saluons d’emblée le texte de présentation, signé de l’interprète. Partant de l’expérience d’un chant singulier, seule pièce pour voix et piano de ce disque, elle offre quelques pages écrites avec tact, intelligence et sensibilité, un sens profond de l’œuvre des deux musiciens, discrètement lyrique et subtilement pédagogique. Nous voici loin des discours musicologiques pompeux ou de paroles convenues. S’exprime une émotion personnelle et sincère. Comme celle éprouvée à l’écoute de cet enregistrement original.
Célimène Daudet met en regard des pages choisies dans l’imposante et discrète littérature pianistique du compositeur catalan Federico Mompou (1893 – 1987) et la Sonate n°3 en si mineur de Frédéric Chopin au cœur de cette anthologie. Chopin son Alter Ego, titre de l’album? A coup sûr pour Mompou une référence, un horizon de création, une filiation que le disque tisse de réminiscences, variations, reprises de thèmes, de climats sonores, qui apparentent les deux musiciens. Aucun titre n’exprime mieux la conception que Mompou se faisait de son art que celui de Musica callada, Musique tue ou Musique du silence pourrait on traduire, dont le chant XV se nomme… Chopiniana. La version se fait ici toute délicatesse, demi-teintes, discrétion: cet hommage de Mompou à son illustre prédécesseur sonne comme un souvenir fugitif flottant dans la mémoire émue. Les Variations sur un thème de Chopin, œuvre plus ambitieuse de quelque 25 minutes, prend appui sur le bref Prélude n°7 du compositeur polonais. Douze transformations, lentes ou dansantes (avec leurs rythmes de mazurka ou de valse), brillantes ou plus secrètes, ouvrent sous les doigts pudiques et caressants de Célimène Daudet leurs trésors de perles ténus et mystérieux. Pour suggérer l’accord avec ceux de Chopin, l’interprète a choisi parmi les Préludes de Mompou, une sérénade harmonieuse et feutrée, une élégie trouée de lumière, un dialogue mystérieux, ou le Pont de Monjuic, paysage intérieur intime. Son art s’épanouit dans un jeu subtil et souple que ne réfute en rien le galop préludant au tendre final comme évaporé. L’admirable et méconnu chant Damunt de tú només les flors (Sur toi seules les fleurs) clôt ce florilège lyrique dédié à Mompou. La voix de Marie -Laure Granier - dont on a admiré déjà le grand talent – sert avec dévotion cette épitaphe musicale. La Sonate n°3 de Chopin, jouée avec retenue, mais non sans noblesse, devient au mitan du disque le foyer lumineux où s’alimente la flamme discrète du compositeur espagnol.
Définissant sa Musica callada, Mompou écrivait: «Contention et réserve. Son émotion est secrète et elle ne prend forme sonore que par ses résonances dans la froideur de notre solitude. ». On doit à la pénétrante interprétation de Célimène Daudet de plonger l’auditeur au plus profond de son intimité pour en faire jaillir l’émotion humaine la plus pure. Un très beau disque, conçu avec goût, interprété avec élégance.
Jean Jordy
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Saluons d’emblée le texte de présentation, signé de l’interprète. Partant de l’expérience d’un chant singulier, seule pièce pour voix et piano de ce disque, elle offre quelques pages écrites avec tact, intelligence et sensibilité, un sens profond de l’œuvre des deux musiciens, discrètement lyrique et subtilement pédagogique. Nous voici loin des discours musicologiques pompeux ou de paroles convenues. S’exprime une émotion personnelle et sincère. Comme celle éprouvée à l’écoute de cet enregistrement original.
Célimène Daudet met en regard des pages choisies dans l’imposante et discrète littérature pianistique du compositeur catalan Federico Mompou (1893 – 1987) et la Sonate n°3 en si mineur de Frédéric Chopin au cœur de cette anthologie. Chopin son Alter Ego, titre de l’album? A coup sûr pour Mompou une référence, un horizon de création, une filiation que le disque tisse de réminiscences, variations, reprises de thèmes, de climats sonores, qui apparentent les deux musiciens. Aucun titre n’exprime mieux la conception que Mompou se faisait de son art que celui de Musica callada, Musique tue ou Musique du silence pourrait on traduire, dont le chant XV se nomme… Chopiniana. La version se fait ici toute délicatesse, demi-teintes, discrétion: cet hommage de Mompou à son illustre prédécesseur sonne comme un souvenir fugitif flottant dans la mémoire émue. Les Variations sur un thème de Chopin, œuvre plus ambitieuse de quelque 25 minutes, prend appui sur le bref Prélude n°7 du compositeur polonais. Douze transformations, lentes ou dansantes (avec leurs rythmes de mazurka ou de valse), brillantes ou plus secrètes, ouvrent sous les doigts pudiques et caressants de Célimène Daudet leurs trésors de perles ténus et mystérieux. Pour suggérer l’accord avec ceux de Chopin, l’interprète a choisi parmi les Préludes de Mompou, une sérénade harmonieuse et feutrée, une élégie trouée de lumière, un dialogue mystérieux, ou le Pont de Monjuic, paysage intérieur intime. Son art s’épanouit dans un jeu subtil et souple que ne réfute en rien le galop préludant au tendre final comme évaporé. L’admirable et méconnu chant Damunt de tú només les flors (Sur toi seules les fleurs) clôt ce florilège lyrique dédié à Mompou. La voix de Marie -Laure Granier - dont on a admiré déjà le grand talent – sert avec dévotion cette épitaphe musicale. La Sonate n°3 de Chopin, jouée avec retenue, mais non sans noblesse, devient au mitan du disque le foyer lumineux où s’alimente la flamme discrète du compositeur espagnol.
Définissant sa Musica callada, Mompou écrivait: «Contention et réserve. Son émotion est secrète et elle ne prend forme sonore que par ses résonances dans la froideur de notre solitude. ». On doit à la pénétrante interprétation de Célimène Daudet de plonger l’auditeur au plus profond de son intimité pour en faire jaillir l’émotion humaine la plus pure. Un très beau disque, conçu avec goût, interprété avec élégance.
Jean Jordy
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Publié le 12/12/2022 à 21:50, mis à jour le 02/01/2023 à 20:54.