Grand Théâtre de Bordeaux
> 19 novembre

Butterfly d’excellence !

Photographies par Éric Bouloumi
Le Grand Théâtre de Bordeaux avait mis à l’affiche de sa saison Madame Butterfly, ouvrage toujours très attendu du public. La mise en scène, signée Yoshi Oïda, est absolument magnifique. Son Japon est débarrassé tout ce fatras de japoniaiseries que l’on trouve souvent pour illustrer cet ouvrage. Une simple maison occupe le centre de la scène avec ses cloisons amovibles mues par des serviteurs. Les couleurs or, argent confèrent à l’ensemble une vraie magie. Les costumes sont rudes, simples, ou plus élaborés pour le mariage; ils sont ceux d’un peuple campagnard loin des fastes de la cour du Mikado. Tout est étudié: postures, gestes… Cette lecture évoque par sa beauté faite d’apparente simplicité la vision proposée il y maintenant plus de trente par le Royal Opéra House avec la regrettée Yoko Watanabe dans le rôle titre.
C’est la coréenne Karah Son qui interprète Cio Cio San, son interprétation est remarquable de vérité et de douleur. Sa voix d’airain donne au personnage toute sa grandeur. A ses côtés, Riccardo Massi qui fit un temps du cinéma avec Martin Scorcese, campe un imposant Pinkerton à la voix ample, puissante, ensoleillée. Nous retrouvons avec grand plaisir André Heyboer en consul affligé par tant de duplicité. Soulignons aussi l’excellente Suzuki de Virginie Verrez et le non moins convaincant Goro de Philippe Do.
C’est avec puissance et fougue que Paul Daniel conduit les troupes de l’Orchestre de Bordeaux-Aquitaine restituant avec maestria toute la richesse de l’orchestration de Puccini.
Vraiment, une Butterfly placée sous le signe de l’excellence.

Marc Laborde
Publié le 23/11/2022 à 20:32.