Feux et tonnerres
Hommage pianistique à Berlioz
Daniel Propper, piano. CD Forlane.
Sans être pianiste lui-même, Berlioz considère qu’il aurait pu être un des plus grands et il a compté de nombreux pianistes parmi ses amis proches, qui ont composé en s’inspirant de ses œuvres à moins que cela ne soit pour lui rendre hommage. De là est née l’idée de graver un CD réunissant ses œuvres conçues autour du compositeur. L’idée est certes intéressante: on court toutefois le risque de réaliser un assemblage de qualité peu homogène, mais après tout c’est le témoignage d’une époque et cela illustre aussi l’évolution du goût tant en matière de composition que de jeu pianistique.
Le pianiste Daniel Hopper devient ainsi une sorte de rassembleur artistique d’abord, mais aussi intellectuel tant est grande et riche la diversité des œuvres regroupées, dont certaines étaient bien oubliées. On démarre avec le charmant Rondeau parisien de Camille Moke, plus tard l’éphémère fiancée de Berlioz, qui dédie l’œuvre à son maître Kalkbrenner. Suit la très mélancolique 2e Rêverie au piano, op. 17 d’un ami de jeunesse de Berlioz, Ferdinand Hiller, qui précède la 7e Grande Étude de Concert, op. 30, due à Théodore Döhler qui avait dédié son recueil à Berlioz, qui exprimera toute son admiration dans la critique très élogieuse qu’il rédigea alors. C’est avec le même enthousiasme qu’il évoque le Caprice symphonique de Stephen Heller, pour lequel il organise un concert . On pense que le jeune César Franck y a assisté tant on trouve des parentés avec son Prélude, choral et fugue. Heller et Berlioz se lient d’amitié et le premier compose plusieurs œuvres qui sont inspirées du second.
Auguste Morel, bien oublié de nos jours, devient l’ami de Berlioz qu’il juge sévèrement pour sa relation avec la chanteuse Marie Recio. On écoute son 1er Caprice-étude. Charles Haslinger lui fait hommage de sa fantaisie pour piano, Le Fantôme. Berlioz n’en a laissé aucune critique. Le pianiste et compositeur Berthold Damcke compose , comme en clin d’œil, un cycle de Saisons, intégrant une fort belle Nuit d’été. Haslinger restera un ami proche, Berlioz faisant même de lui son exécuteur testamentaire.
Dans une œuvre à argument, la compositrice Juliette Dillon rend hommage à Berlioz avec le 9e de ses Contes d’Hoffmann, aujourd’hui éclipsés par ceux d’Offenbach. Émile Prudent lui dédie sa Danse des Fées en 1853, ce qui lui vaut une critique enthousiaste de Berlioz.
Son disciple Théodore Ritter compose une Marche funèbre op. 23 en mémoire de Berlioz. Le CD se termine par la grande improvisation de Franz, un de ses chers amis, sur le thème récurrent de la Symphonie fantastique.
L’idée était très intéressante, l’interprète a un incontestable talent, sinon plus encore, mais, quelles que soient les qualités musicales, ce type d’assemblage a un petit côté artificiel. Intellectuellement, c’est passionnant, musicalement peut-être pas autant.
Danielle Anex-Cabanis
Sans être pianiste lui-même, Berlioz considère qu’il aurait pu être un des plus grands et il a compté de nombreux pianistes parmi ses amis proches, qui ont composé en s’inspirant de ses œuvres à moins que cela ne soit pour lui rendre hommage. De là est née l’idée de graver un CD réunissant ses œuvres conçues autour du compositeur. L’idée est certes intéressante: on court toutefois le risque de réaliser un assemblage de qualité peu homogène, mais après tout c’est le témoignage d’une époque et cela illustre aussi l’évolution du goût tant en matière de composition que de jeu pianistique.
Le pianiste Daniel Hopper devient ainsi une sorte de rassembleur artistique d’abord, mais aussi intellectuel tant est grande et riche la diversité des œuvres regroupées, dont certaines étaient bien oubliées. On démarre avec le charmant Rondeau parisien de Camille Moke, plus tard l’éphémère fiancée de Berlioz, qui dédie l’œuvre à son maître Kalkbrenner. Suit la très mélancolique 2e Rêverie au piano, op. 17 d’un ami de jeunesse de Berlioz, Ferdinand Hiller, qui précède la 7e Grande Étude de Concert, op. 30, due à Théodore Döhler qui avait dédié son recueil à Berlioz, qui exprimera toute son admiration dans la critique très élogieuse qu’il rédigea alors. C’est avec le même enthousiasme qu’il évoque le Caprice symphonique de Stephen Heller, pour lequel il organise un concert . On pense que le jeune César Franck y a assisté tant on trouve des parentés avec son Prélude, choral et fugue. Heller et Berlioz se lient d’amitié et le premier compose plusieurs œuvres qui sont inspirées du second.
Auguste Morel, bien oublié de nos jours, devient l’ami de Berlioz qu’il juge sévèrement pour sa relation avec la chanteuse Marie Recio. On écoute son 1er Caprice-étude. Charles Haslinger lui fait hommage de sa fantaisie pour piano, Le Fantôme. Berlioz n’en a laissé aucune critique. Le pianiste et compositeur Berthold Damcke compose , comme en clin d’œil, un cycle de Saisons, intégrant une fort belle Nuit d’été. Haslinger restera un ami proche, Berlioz faisant même de lui son exécuteur testamentaire.
Dans une œuvre à argument, la compositrice Juliette Dillon rend hommage à Berlioz avec le 9e de ses Contes d’Hoffmann, aujourd’hui éclipsés par ceux d’Offenbach. Émile Prudent lui dédie sa Danse des Fées en 1853, ce qui lui vaut une critique enthousiaste de Berlioz.
Son disciple Théodore Ritter compose une Marche funèbre op. 23 en mémoire de Berlioz. Le CD se termine par la grande improvisation de Franz, un de ses chers amis, sur le thème récurrent de la Symphonie fantastique.
L’idée était très intéressante, l’interprète a un incontestable talent, sinon plus encore, mais, quelles que soient les qualités musicales, ce type d’assemblage a un petit côté artificiel. Intellectuellement, c’est passionnant, musicalement peut-être pas autant.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 15/11/2022 à 11:47.