Halle aux grains
> 1er avril

Passions et destin

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Festival Les Franco-Russes
Tugan Sokhiev, direction
Bertrand Chamayou, piano


Bertrand Chamayou, de retour sur sa terre natale, se glisse, habillé de sa lumineuse virtuosité, dans l’héroïque premier concerto de Franz Liszt. Sa lecture, d’une grande persuasion et d’une autorité naturelle palpable, à l’image de la folle cadence du premier mouvement, s’inscrit avec force dans le Romantisme le plus échevelé et le plus abouti. Son entente avec Tugan Sokhiev et son orchestre en grande forme magnifie le déroulement thématique de la partition qui semble ainsi devenir le parangon du concerto romantique.
Ouvrant le concert, Les Offrandes oubliées de Olivier Messiaen, œuvre de jeunesse sanctifiant la Crucifixion, fut, une fois de plus, l’occasion pour Tugan Sokhiev de mettre en valeur la richesse et la souplesse de son orchestre, notamment le pupitre des cordes initiant la mélodie inaugurale. En trois parties, La Croix, Le Péché et l’Eucharistie, cette méditation symphonique resplendit ce soir tel une vitrail polychrome.
En dernière partie, la cinquième symphonie de Piotr Ilitch Tchaïkovski se révèle, portée par une tension extrême, dés son introduction déclamée par les clarinettes, les bassons et les cordes, comme une inquiétante et fataliste marche du Destin, à peine tempérée par le doux et profond chant du cor du deuxième mouvement et par l’élégante valse du troisième. Le grandiose choral du dernier mouvement, particulièrement mis en valeur par l’inexorable direction de Tugan Sokhiev et l’imposante homogénéité de son orchestre, ne peut se refermer que une trouble angoisse existentielle.

Jean-Félix Marquette
Publié le 12/04/2021 à 22:25, mis à jour le 12/04/2021 à 22:30.