Célimène Daudet
Messe noire
Liszt et Scriabine. CD NoMadMusic.
Célimène Daudet a construit son programme comme un récital à thème qu’elle intitule Messe noire. Elle explique sa démarche en partant de son constat que certaines œuvres semblent constituer une sorte de dialogue à travers le temps et l’espace. Elle s’attache à construire ce face à face avec les dernières œuvres de Liszt et Scriabine, toutes marquées par la mise en œuvre d’un certain mystère qui repose sur l’utilisation la plus poussée des différents langages musicaux. Tous deux créent une expression hors norme qui traduit leurs préoccupations mystiques, la fin de la quête qui les a hantés pendant de longues années de leur vie.
Le titre de l’ensemble peut surprendre, car ni l’un ni l’autre n’a été tenté par une quelconque forme de satanisme, il est en revanche approprié pour exprimer la noirceur du monde, l’angoisse devant la mort physique.
Certaines pièces sont en quelque sorte parlantes, ainsi peut-on voir dans La lugubre Gondole de Liszt, qui a esquissé cette pièce lors d’un séjour à Venise, un pressentiment macabre de la mort de son ami Richard Wagner qui survient peu après. La même atmosphère pesante, la peur d’une nuit qui ne finirait jamais, on la retrouve dans le Schlaflos de ce même Liszt. Scriabine exprime ce même pessimisme, une véritable angoisse dans Les deux poèmes, dans Le poème nocturne qui culmine dans Vers la flamme, où on décèle toutefois un glissement vers l’extase. La 9e Sonate de Scriabine, dite la Messe Noire, résume de manière particulièrement diabolique cet antagonisme entre plongée dans l’horreur et aspiration vers une sorte de rédemption. Scriabine et Liszt font que le lecteur s’immerge dans un monde étrange, inconnu, plutôt terrifiant, ce qui explique le titre au sens au demeurant un peu décalé.
Célimène Daudet semble très à l’aise dans ce foisonnement sonore. Elle se joue des difficultés techniques qu’elle occulte par une très grande habileté, ce qui lui permet de transmettre des impressions, des sensations fortes. Ce CD est d’autant plus intéressant que le choix fait par l’artiste porte sur des œuvres qu’on n’entend pas souvent.
Danielle Anex-Cabanis
Célimène Daudet a construit son programme comme un récital à thème qu’elle intitule Messe noire. Elle explique sa démarche en partant de son constat que certaines œuvres semblent constituer une sorte de dialogue à travers le temps et l’espace. Elle s’attache à construire ce face à face avec les dernières œuvres de Liszt et Scriabine, toutes marquées par la mise en œuvre d’un certain mystère qui repose sur l’utilisation la plus poussée des différents langages musicaux. Tous deux créent une expression hors norme qui traduit leurs préoccupations mystiques, la fin de la quête qui les a hantés pendant de longues années de leur vie.
Le titre de l’ensemble peut surprendre, car ni l’un ni l’autre n’a été tenté par une quelconque forme de satanisme, il est en revanche approprié pour exprimer la noirceur du monde, l’angoisse devant la mort physique.
Certaines pièces sont en quelque sorte parlantes, ainsi peut-on voir dans La lugubre Gondole de Liszt, qui a esquissé cette pièce lors d’un séjour à Venise, un pressentiment macabre de la mort de son ami Richard Wagner qui survient peu après. La même atmosphère pesante, la peur d’une nuit qui ne finirait jamais, on la retrouve dans le Schlaflos de ce même Liszt. Scriabine exprime ce même pessimisme, une véritable angoisse dans Les deux poèmes, dans Le poème nocturne qui culmine dans Vers la flamme, où on décèle toutefois un glissement vers l’extase. La 9e Sonate de Scriabine, dite la Messe Noire, résume de manière particulièrement diabolique cet antagonisme entre plongée dans l’horreur et aspiration vers une sorte de rédemption. Scriabine et Liszt font que le lecteur s’immerge dans un monde étrange, inconnu, plutôt terrifiant, ce qui explique le titre au sens au demeurant un peu décalé.
Célimène Daudet semble très à l’aise dans ce foisonnement sonore. Elle se joue des difficultés techniques qu’elle occulte par une très grande habileté, ce qui lui permet de transmettre des impressions, des sensations fortes. Ce CD est d’autant plus intéressant que le choix fait par l’artiste porte sur des œuvres qu’on n’entend pas souvent.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 24/01/2021 à 17:40, mis à jour le 24/01/2021 à 17:43.