Halle aux grains
> 10 septembre

Les tourments du romantisme

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie Christoph Köstlin
Seong-Jin Cho, piano
Tugan Sokhiev, direction


Beethoven et Brahms, ces deux piliers du Romantisme allemand, répertoire emblématique si il en est de tout orchestre symphonique, sont les meilleurs ambassadeurs d’une saison qui commence dans ces temps troublés.
L’ouverture de Fidelio, dramatique à souhait, retentit alors sous la baguette pressante de Tugan Sokhiev. Sens du mouvement et rythme quasi païen dynamisent ce funèbre prélude.
Le concerto pour piano en do mineur, le troisième de Beethoven, est électrisé par les doigts maléfiques de Seong-Jin Cho. Nerveux mais appliqué, il dessine les sombres contours de l’Allegro con brio en en exaltant la tendre furie qui s’en échappe. La lumineuse méditation du Largo central s’épanouit dans un climat apaisé superbement rendu par l’accompagnement complice de Tugan Sokhiev. Enfin, le Rondo final, énergique et joyeux, n’est plus qu’un rire malicieux où l’entente de ces interprètes éclate au grand jour. Ce pianiste rare nous quitte alors après des Feuilles solitaires tirées des Scènes de la Forêt de Robert Schumann aussi sereines que poétiques.
La troisième symphonie de Johannes Brahms démarre dans une atmosphère un peu brouillonne, comme si Tugan Sokhiev avait un peu de mal à brider son orchestre qui ne demande qu’à se déchaîner. Il se rattrape bientôt dans l’Andante et dans le célèbrissime Poco Allegretto où une douce lueur irrigue les méandres de la partition. Enfin, l’Allegro final referme cette œuvre cyclique à la poésie radiante, ici un peu estompée, dans un galop frénétique où l’orchestre brille d’une lumière ambrée qui ne peut que nous réchauffer.

Jean-Félix Marquette
Publié le 30/09/2020 à 21:41, mis à jour le 12/01/2022 à 21:50.