Benjamin Bernheim
Ténor lyrique
Benjamin Bernheim, PKF – Prague Philharmonia, direction Emmanuel Villaume. Airs d’opéras de Massenet, Donizetti, Gounod, Verdi, Tchaïkovski, Godard, Berlioz, Puccini. CD Deutsch Grammophon
Quelle belle carte de visite, ou plutôt d’identité, comme le précise finement le chanteur dans un entretien, déploie pour son premier enregistrement en solo Benjamin Bernheim! Nous ne nous livrerons pas au jeu vain des comparaisons entre tel chanteur d ’hier ou d’aujourd’hui. Nous savourons pleinement le plaisir d’écouter, dans un ensemble riche et varié de grands airs pour ténor, une voix jeune, claire, souple et radieuse, qui possède l’éclat et les nuances, la lumière et les couleurs, la vaillance et les émotions. La quasi totalité des rôles a été incarnée par notre ténor, à Salzbourg, Berlin, Vienne, Munich, Riga, Paris, Dresde, Londres, Zurich, Chicago… On sent dès lors les personnages nourris et mûris par l’expérience scénique. De ces treize pages, nous distinguerons, sans mésestimer les autres, toujours ardentes, celles qui nous ont le plus touchés. Car c’est l’évidente caractéristique de cette découverte, la voix de Benjamin Bernheim sait toucher. Et notamment dans l’opéra français, superbement servi. Plaçant d’emblée l’enregistrement sous le signe de la poésie, le chant d’Ossian de Werther, délivré lentement, est distillé comme un lied à la vibrante intensité, d’une voix raffinée, à l’élégante prononciation fine, sobre et juste. Et comment le soleil de Roméo et Juliette résisterait-il à la fervente prière du héros de Gounod? Ici, le chant trouble et, tel l’astre appelé, rayonne. Le phrasé, la faculté de chanter les mots qui disent l’émotion en accord avec la musique s’avèrent souverains dans la cavatine de Faust qu’on n’a pas entendue aussi belle, harmonieuse, émue et émouvante depuis des lustres. Godard et Berlioz sont aussi servis avec la fougue et la distinction appropriées. Mais sans doute est-ce le Des Grieux de Massenet qui enchante le plus: nous le suivrions les yeux fermés dans l’humble village où son rêve nous emporte. Tout y est: la clarté de l’élocution, la finesse de l’expression, la beauté des demi teintes, le frémissement du sentiment, l’élan de la passion vraie, la distinction du timbre et la voix, sûre et mélodieuse. Une splendeur.
Benjamin Bernheim est aussi partout recherché dans le répertoire italien. Pour ce florilège conçu avec finesse, sous la baguette légère et complice d’Emmanuel Guillaume, on sent le désir de ne jamais alourdir, peser, grossir les effets. La Furtiva lagrima du Nemorino de Donizetti s’épanche avec une grâce suave, en un lyrisme discret, sans affectation, sans recherche d’autre expression que la confidence d’un cœur simple. Et quelle tenue de la ligne! L’air d’Alfredo frémissant de jeunesse qui ouvre l’acte II de la Traviata palpite et celui du poète Rodolfo dans la Bohème, rôle fétiche pour Bernheim, séduit et exalte.
Quels que soient la langue, ciselée, et le compositeur, de Berlioz à Gounod (les deux Faust), de Godard (Dante) à Verdi (trois fois honoré), de Massenet à Tchaïkovski, (bouleversant et lumineux air de Lenski), Benjamin Bernheim se coule avec élégance dans la musique pour dessiner des personnages subtilement différenciés et confier un sentiment ou tendre ou passionné, avec la même assurance, la même sensibilité, le même chic. Pour qui prise l’harmonie, la clarté et l’élégance, la nuance et l’émotion juste, l’art de Benjamin Bernheim, ténor lyrique, s’avère accompli. Le chanteur français délivre dans ce bel enregistrement une leçon de style dont nous espérons éprouver sur scène la radieuse beauté. N’en doutons pas. Sa carrière, déjà riche, réserve à ses admirateurs dont nous sommes désormais, des joies d’une qualité rare.
Jean Jordy
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Quelle belle carte de visite, ou plutôt d’identité, comme le précise finement le chanteur dans un entretien, déploie pour son premier enregistrement en solo Benjamin Bernheim! Nous ne nous livrerons pas au jeu vain des comparaisons entre tel chanteur d ’hier ou d’aujourd’hui. Nous savourons pleinement le plaisir d’écouter, dans un ensemble riche et varié de grands airs pour ténor, une voix jeune, claire, souple et radieuse, qui possède l’éclat et les nuances, la lumière et les couleurs, la vaillance et les émotions. La quasi totalité des rôles a été incarnée par notre ténor, à Salzbourg, Berlin, Vienne, Munich, Riga, Paris, Dresde, Londres, Zurich, Chicago… On sent dès lors les personnages nourris et mûris par l’expérience scénique. De ces treize pages, nous distinguerons, sans mésestimer les autres, toujours ardentes, celles qui nous ont le plus touchés. Car c’est l’évidente caractéristique de cette découverte, la voix de Benjamin Bernheim sait toucher. Et notamment dans l’opéra français, superbement servi. Plaçant d’emblée l’enregistrement sous le signe de la poésie, le chant d’Ossian de Werther, délivré lentement, est distillé comme un lied à la vibrante intensité, d’une voix raffinée, à l’élégante prononciation fine, sobre et juste. Et comment le soleil de Roméo et Juliette résisterait-il à la fervente prière du héros de Gounod? Ici, le chant trouble et, tel l’astre appelé, rayonne. Le phrasé, la faculté de chanter les mots qui disent l’émotion en accord avec la musique s’avèrent souverains dans la cavatine de Faust qu’on n’a pas entendue aussi belle, harmonieuse, émue et émouvante depuis des lustres. Godard et Berlioz sont aussi servis avec la fougue et la distinction appropriées. Mais sans doute est-ce le Des Grieux de Massenet qui enchante le plus: nous le suivrions les yeux fermés dans l’humble village où son rêve nous emporte. Tout y est: la clarté de l’élocution, la finesse de l’expression, la beauté des demi teintes, le frémissement du sentiment, l’élan de la passion vraie, la distinction du timbre et la voix, sûre et mélodieuse. Une splendeur.
Benjamin Bernheim est aussi partout recherché dans le répertoire italien. Pour ce florilège conçu avec finesse, sous la baguette légère et complice d’Emmanuel Guillaume, on sent le désir de ne jamais alourdir, peser, grossir les effets. La Furtiva lagrima du Nemorino de Donizetti s’épanche avec une grâce suave, en un lyrisme discret, sans affectation, sans recherche d’autre expression que la confidence d’un cœur simple. Et quelle tenue de la ligne! L’air d’Alfredo frémissant de jeunesse qui ouvre l’acte II de la Traviata palpite et celui du poète Rodolfo dans la Bohème, rôle fétiche pour Bernheim, séduit et exalte.
Quels que soient la langue, ciselée, et le compositeur, de Berlioz à Gounod (les deux Faust), de Godard (Dante) à Verdi (trois fois honoré), de Massenet à Tchaïkovski, (bouleversant et lumineux air de Lenski), Benjamin Bernheim se coule avec élégance dans la musique pour dessiner des personnages subtilement différenciés et confier un sentiment ou tendre ou passionné, avec la même assurance, la même sensibilité, le même chic. Pour qui prise l’harmonie, la clarté et l’élégance, la nuance et l’émotion juste, l’art de Benjamin Bernheim, ténor lyrique, s’avère accompli. Le chanteur français délivre dans ce bel enregistrement une leçon de style dont nous espérons éprouver sur scène la radieuse beauté. N’en doutons pas. Sa carrière, déjà riche, réserve à ses admirateurs dont nous sommes désormais, des joies d’une qualité rare.
Jean Jordy
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Publié le 27/04/2020 à 21:42, mis à jour le 12/01/2022 à 21:50.