Théâtre des Champs Elysées
> 18 décembre
La Flûte Enchantée
Wolfgang Amadeus Mozart
Jean-Christophe Spinosi, Ensemble Matheus
Peu de spectacles parviennent à leur sortie à nous donner le sentiment d’avoir vécu un songe des plus enchanteurs, de ceux que l’on aimerait prolonger éternellement, tant ils nous transportent bien au-delà de toute réalité et de toutes nos peurs.
Cette production de la Flûte Enchantée qui vit le jour au théâtre de la Monnaie en 2005, est un tel bonheur par sa beauté et son humanisme, que l’on ne peut rêver mieux pour cette œuvre unique.
La mise en scène et les décors de William Kentridge, nous offre ici une vision à l’onirisme intense, fantasmagorique, d’une grande générosité, du dernier opéra de Mozart. Entre espace scénique et musique tout ici chante la joie de vivre. À l’aide de projections, le metteur en scène nous suggère un univers d’harmonie, d’ombres et de lumières, à la splendeur baroque. Il serait trop long d’en décrire toutes les trouvailles. Tout y est juste proportion, humour et poésie s’y côtoient, mêlant aussi bien les techniques les plus modernes, à celles issues d’un théâtre plus artisanal comme le théâtre d’ombres.
On se laisse envouter sans hésitation par le son de la flûte qui fait danser un rhinocéros ou dessine des oiseaux d’un trait de lumière.
Les costumes de Greta Goiris et les lumières de Jennifer Tipton sont d’une splendeur à couper le souffle.
La distribution vocale, a bien évidemment changé depuis que cette production tourne. Celle réunie au Théâtre des Champs Elysées pour cette recréation est quasi parfaite.
Le Tamino de Topi Lehtipuu est le prince idéal. Timbre de velours, noblesse du phrasé, port aristocratique, peut-on rêver plus bel interprète pour ce rôle. Sa Tamina, interprétée par Sandrine Piau est tout simplement parfaite. Son timbre lumineux et sa présence scénique qui mêle douceur et fermeté, en fait une héroïne à la sensibilité poignante. Le couple Papageno/Papagena bénéficie également d’interprètes de haute volée. Markus Verba et Emmanuelle de Negri vont preuve d’une insolence vocale et dramatique, qui passe du rire à l’émotion, avec un réel bonheur.
Le Sarastro de Ain Anger possède une belle ductilité vocale à la présence impressionnante et bienveillante. Le Monastatos de Steven Cole est tout aussi vocalement que scéniquement d’une agilité démoniaque.
Les trois dames, interprétées par Claire Debono, Juliette Mars et Elodie Méchain forment un trio au charme drolatiquement pervers. Et le reste de la distribution est à l’avenant hormis la Reine de la nuit plutôt en demi-teinte de la jeune soprano Jeanette Vecchione qui possède un beau timbre et une belle technique dans les colorature, mais manque de puissance. Sur ces deux airs, elle ne réussit que le second «Der Hölle Rache… ».
La Maîtrise de Radio France forme un chœur impliqué et éblouissant. Sa cohésion participe avec brio à l’impact dramatique des scènes maçonniques.
Quant à l’orchestre, l’Ensemble Matheus, sous la direction attentive et ardente de Jean-Christophe Spinosi, ils sont de fins mozartiens. Il n’était que d’entendre l’ouverture de l’Acte II si dense et si mystérieuse, ou ce dialogue généreux entre la fosse et la scène, tout au long de la soirée, pour se laisser envouter par les sortilèges de la musique qui donne à la musique et à la vie toute leur valeur «Par la magie de la musique, nous traversons sans peur, les ténèbres de la mort».
Une production inoubliable, qui nous l’espérons continuera à tourner longtemps pour que chacun puisse au-moins une fois dans sa vie, entendre et voir les enchantements d’une flûte à tout jamais enchantée.
Monique Parmentier
Cette flûte est un enchantement
Peu de spectacles parviennent à leur sortie à nous donner le sentiment d’avoir vécu un songe des plus enchanteurs, de ceux que l’on aimerait prolonger éternellement, tant ils nous transportent bien au-delà de toute réalité et de toutes nos peurs.
Cette production de la Flûte Enchantée qui vit le jour au théâtre de la Monnaie en 2005, est un tel bonheur par sa beauté et son humanisme, que l’on ne peut rêver mieux pour cette œuvre unique.
La mise en scène et les décors de William Kentridge, nous offre ici une vision à l’onirisme intense, fantasmagorique, d’une grande générosité, du dernier opéra de Mozart. Entre espace scénique et musique tout ici chante la joie de vivre. À l’aide de projections, le metteur en scène nous suggère un univers d’harmonie, d’ombres et de lumières, à la splendeur baroque. Il serait trop long d’en décrire toutes les trouvailles. Tout y est juste proportion, humour et poésie s’y côtoient, mêlant aussi bien les techniques les plus modernes, à celles issues d’un théâtre plus artisanal comme le théâtre d’ombres.
On se laisse envouter sans hésitation par le son de la flûte qui fait danser un rhinocéros ou dessine des oiseaux d’un trait de lumière.
Les costumes de Greta Goiris et les lumières de Jennifer Tipton sont d’une splendeur à couper le souffle.
La distribution vocale, a bien évidemment changé depuis que cette production tourne. Celle réunie au Théâtre des Champs Elysées pour cette recréation est quasi parfaite.
Le Tamino de Topi Lehtipuu est le prince idéal. Timbre de velours, noblesse du phrasé, port aristocratique, peut-on rêver plus bel interprète pour ce rôle. Sa Tamina, interprétée par Sandrine Piau est tout simplement parfaite. Son timbre lumineux et sa présence scénique qui mêle douceur et fermeté, en fait une héroïne à la sensibilité poignante. Le couple Papageno/Papagena bénéficie également d’interprètes de haute volée. Markus Verba et Emmanuelle de Negri vont preuve d’une insolence vocale et dramatique, qui passe du rire à l’émotion, avec un réel bonheur.
Le Sarastro de Ain Anger possède une belle ductilité vocale à la présence impressionnante et bienveillante. Le Monastatos de Steven Cole est tout aussi vocalement que scéniquement d’une agilité démoniaque.
Les trois dames, interprétées par Claire Debono, Juliette Mars et Elodie Méchain forment un trio au charme drolatiquement pervers. Et le reste de la distribution est à l’avenant hormis la Reine de la nuit plutôt en demi-teinte de la jeune soprano Jeanette Vecchione qui possède un beau timbre et une belle technique dans les colorature, mais manque de puissance. Sur ces deux airs, elle ne réussit que le second «Der Hölle Rache… ».
La Maîtrise de Radio France forme un chœur impliqué et éblouissant. Sa cohésion participe avec brio à l’impact dramatique des scènes maçonniques.
Quant à l’orchestre, l’Ensemble Matheus, sous la direction attentive et ardente de Jean-Christophe Spinosi, ils sont de fins mozartiens. Il n’était que d’entendre l’ouverture de l’Acte II si dense et si mystérieuse, ou ce dialogue généreux entre la fosse et la scène, tout au long de la soirée, pour se laisser envouter par les sortilèges de la musique qui donne à la musique et à la vie toute leur valeur «Par la magie de la musique, nous traversons sans peur, les ténèbres de la mort».
Une production inoubliable, qui nous l’espérons continuera à tourner longtemps pour que chacun puisse au-moins une fois dans sa vie, entendre et voir les enchantements d’une flûte à tout jamais enchantée.
Monique Parmentier
Publié le 20/12/2011 à 16:50, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.