Halle aux grains
> 15 février

Chants de glace et de feu

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Jean-Baptiste Millot
Alexandre Kantorow, piano
John Storgards, direction


Malgré son jeune âge, Alexandre Kantorow, n’a pas peur de se confronter au concerto pour piano 2 de Piotr Ilitch Tchaïkovski dont la virtuosité et la difficulté technique ont pu rebuter plus d’un. Dés le premier mouvement, Allegro brillante e molto vivace, il se lance dans une course effrénée, opposant à l’orchestre un peu trop martial une interprétation enflammée mais à la légèreté bienvenue. Dans le bel Andante non troppo qui met en valeur, tel un triple concerto, le violon et le violoncelle solistes, il se fait chanteur, délivrant avec ardeur les tendres mélodies qui s’échappent de son instrument. Enfin, l’Allegro con fuoco final est le théâtre de mille pyrotechnies où ses folles envolées atteignent un triomphe mérité, comme, plus tard, lors des bis, dans une transcription pour piano du final de L’Oiseau de feu de Stravinski puis dans la Valse des regrets de Brahms, son compositeur préféré. John Storgards présente une cinquième symphonie de Jean Sibelius résolument romantique. Sa lecture qui se veut épique manque, cependant, d’une certaine maîtrise dans la direction de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, et gomme quelque peu les effets dramatiques et les ruptures permanentes de la partition. Son orchestre d’un soir ne faillit pas, aussi inventif qu’immédiat dans ses réactions dynamiques et offre un visage plus hautain qu’austère de ce monument granitique, ici, à la poésie malheureusement trop peu profonde.

Jean-Félix Marquette
Publié le 24/02/2019 à 19:07, mis à jour le 06/02/2020 à 23:45.