Halle aux grains
> 24 novembre
Les sœurs Buniatishvili
Grands Interprètes
Photographie par Gela Megrelidze
Khatia et Gvantsa Buniatishvili, et l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck.
Tout entier consacré à la musique française, le concert met à l’honneur les deux sœurs dans sa première partie. Elles démarrent seules avec la Valse de Ravel dans une version pour deux pianos. Comme Ravel le disait lui-même, c’est une sorte de tourbillon fantastique, hommage à la valse viennoise à moins que ce ne soit au diable dans une de ses grandes ruses de séduction. Les deux sœurs jouent à fond la séduction complice, Katia avec une vigueur quelque peu dominatrice. La technique est éblouissante, les notes ruissellent, claquent, se répondent dans un exercice très virtuose, mais où je n’ai pas retrouvé le charme viennois.
Le concerto pour deux pianos de Francis Poulenc est une nouvelle opportunité pour les deux artistes de montrer leur fougue et leur talent, accompagnées de manière remarquable par l’orchestre et son chef. L’œuvre avait été commandée par la richissime et fort pétulante Winnaretta Singer, Princesse Edmond de Polignac, fascinée par Poulenc. Ce dernier profite de l’occasion pour rendre un hommage appuyé à Mozart qui se traduit par un deuxième mouvement tout de grâce et finesse, tandis que les 1e et 3e sont d’inspiration plus frénétique, reposant sur une construction très architecturée avec des intonations sauvages, voire brutales; c’est en même temps très cérébral. Les deux sœurs se jouent des difficultés techniques et se lancent dans une véritable sarabande, se déchaînent. On peut être séduit, ce n’est pas mon cas, car je n’y trouve pas d’émotion. En bis, les deux sœurs proposent deux pièces: de Piazzolla, Libertango, avant la Valse triste de Sibélius.
En revanche la seconde partie du concert est un bonheur sans limite. Le Printemps de Claude Debussy est littéralement bouleversant. Le chef a une direction précise, met en valeur les différents pupitres de l’orchestre qui expriment avec une exquise sensibilité les couleurs comme les sons du printemps qu’aurait inspiré à Debussy la toile de Boticelli, précisément intitulée La Primavera. Cette pièce ne s’est pas imposée tout de suite, parce qu’elle a quelque peu déconcerté et sans doute plus encore parce que Debussy avait déjà occupé un espace considérable avec L’après-midi d’un faune, La Mer ou encore le Prélude.
Vient enfin la deuxième suite de Daphnis et Chloé de Ravel. Fasciné par les mythes anciens, Ravel cherchait la perfection technique qui permette à la sensibilité et au sentiment de s’exprimer parfaitement, en tant que véritable contenu de l’œuvre d’art. Ravel a d’abord répondu à une commande Diaghilev pour les Ballets russes. Nijinsky créa le rôle-titre et ce fut un grand succès. Ravel décida d’en tirer deux suites pour orchestre. Dans la seconde, Ravel fait la part belle aux instruments en solo, notamment à la flûte. L’interprétation proposée est une véritable féérie, résultat sans nul doute d’un travail d’ensemble considérable, mais qui a l’air naturel. On est emporté, subjugué!
Danielle Anex-Cabanis
Tout entier consacré à la musique française, le concert met à l’honneur les deux sœurs dans sa première partie. Elles démarrent seules avec la Valse de Ravel dans une version pour deux pianos. Comme Ravel le disait lui-même, c’est une sorte de tourbillon fantastique, hommage à la valse viennoise à moins que ce ne soit au diable dans une de ses grandes ruses de séduction. Les deux sœurs jouent à fond la séduction complice, Katia avec une vigueur quelque peu dominatrice. La technique est éblouissante, les notes ruissellent, claquent, se répondent dans un exercice très virtuose, mais où je n’ai pas retrouvé le charme viennois.
Le concerto pour deux pianos de Francis Poulenc est une nouvelle opportunité pour les deux artistes de montrer leur fougue et leur talent, accompagnées de manière remarquable par l’orchestre et son chef. L’œuvre avait été commandée par la richissime et fort pétulante Winnaretta Singer, Princesse Edmond de Polignac, fascinée par Poulenc. Ce dernier profite de l’occasion pour rendre un hommage appuyé à Mozart qui se traduit par un deuxième mouvement tout de grâce et finesse, tandis que les 1e et 3e sont d’inspiration plus frénétique, reposant sur une construction très architecturée avec des intonations sauvages, voire brutales; c’est en même temps très cérébral. Les deux sœurs se jouent des difficultés techniques et se lancent dans une véritable sarabande, se déchaînent. On peut être séduit, ce n’est pas mon cas, car je n’y trouve pas d’émotion. En bis, les deux sœurs proposent deux pièces: de Piazzolla, Libertango, avant la Valse triste de Sibélius.
En revanche la seconde partie du concert est un bonheur sans limite. Le Printemps de Claude Debussy est littéralement bouleversant. Le chef a une direction précise, met en valeur les différents pupitres de l’orchestre qui expriment avec une exquise sensibilité les couleurs comme les sons du printemps qu’aurait inspiré à Debussy la toile de Boticelli, précisément intitulée La Primavera. Cette pièce ne s’est pas imposée tout de suite, parce qu’elle a quelque peu déconcerté et sans doute plus encore parce que Debussy avait déjà occupé un espace considérable avec L’après-midi d’un faune, La Mer ou encore le Prélude.
Vient enfin la deuxième suite de Daphnis et Chloé de Ravel. Fasciné par les mythes anciens, Ravel cherchait la perfection technique qui permette à la sensibilité et au sentiment de s’exprimer parfaitement, en tant que véritable contenu de l’œuvre d’art. Ravel a d’abord répondu à une commande Diaghilev pour les Ballets russes. Nijinsky créa le rôle-titre et ce fut un grand succès. Ravel décida d’en tirer deux suites pour orchestre. Dans la seconde, Ravel fait la part belle aux instruments en solo, notamment à la flûte. L’interprétation proposée est une véritable féérie, résultat sans nul doute d’un travail d’ensemble considérable, mais qui a l’air naturel. On est emporté, subjugué!
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 09/12/2018 à 23:58, mis à jour le 06/02/2020 à 23:45.