Daphnis et Alcimadure
Pastorale languedocienne en occitan
Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville. Orchestre Les Passions, Jean-Marc Andrieu, direction. CD Ligia Digital.
Depuis la très belle recréation de cette pastorale à Montauban et à Toulouse à l’automne 2022, nous attendions son enregistrement. La version concert d’une pastorale pourtant dépouillée de ses ballets nous avait amplement convaincus (voir notre recension). La scénarisation des interventions des quatre chanteurs et la présence très dynamique du chef Jean-Marc Andrieu faisaient spectacle. Qu’allait-il en rester avec ce double CD produit par Ligia?
L’enregistrement soigné et le travail de postproduction nous conduisent en fait à une autre expérience. D’une part le dynamisme de l’œuvre est parfaitement mis en évidence dès l’ouverture et tout au long des passages symphoniques très dansants par une juste valorisation des percussions et des cuivres. D’autre part le rééquilibrage dans l’espace des voix des solistes et du chœur accentue la perception des harmonies et de la délicatesse de la partition. Nous pouvons parfaitement apprécier de près le grain de la voix du haute-contre François-Nicolas Geslot (Daphnis) mais aussi la souplesse de la soprane Élodie Fonnard (Alcimadure) et la vivacité du ténor Fabien Hyon (Jeanet). Les Éléments de Joël Suhubiette passent, deviennent plus proches et contribuent à faire apprécier le caractère particulier d’une Pastorale qui se voudrait "rustique" et en occitan tout en satisfaisant les codes d’une musique de cour.
Le travail de Jean-Marc Andrieu sur la partition et sa direction très enlevée sous-tendent la réussite de cette production discographique exceptionnelle.
Et surtout, dans la continuité de ce constat, l’écoute de cet opéra occitan, loin de la scène permet, grâce à un livret fort bien fait, de prendre conscience de l’esthétique induite par l’usage de l’occitan.
À suivre attentivement le texte et à écouter les airs on mesure que le charme de l’œuvre, un brin italianisante et très française, tient à cette belle langue qui n’était en rien un patois. Elle fut celle des troubadours et des poètes, et ce disque permet de retrouver directement une prosodie méconnue. Les accents, manifestement très travaillés en amont par les chanteurs, avec des linguistes, sont convaincants même pour le non spécialiste. Il y a quelque chose de suave et de souple dans l’occitan qui rend cette pastorale, parmi des dizaines d’autres, unique!
L’enregistrement complète donc heureusement la perception du concert en nous donnant encore à réfléchir sur l’importance des langues dans l’art lyrique.
Alexandre Pajon
Depuis la très belle recréation de cette pastorale à Montauban et à Toulouse à l’automne 2022, nous attendions son enregistrement. La version concert d’une pastorale pourtant dépouillée de ses ballets nous avait amplement convaincus (voir notre recension). La scénarisation des interventions des quatre chanteurs et la présence très dynamique du chef Jean-Marc Andrieu faisaient spectacle. Qu’allait-il en rester avec ce double CD produit par Ligia?
L’enregistrement soigné et le travail de postproduction nous conduisent en fait à une autre expérience. D’une part le dynamisme de l’œuvre est parfaitement mis en évidence dès l’ouverture et tout au long des passages symphoniques très dansants par une juste valorisation des percussions et des cuivres. D’autre part le rééquilibrage dans l’espace des voix des solistes et du chœur accentue la perception des harmonies et de la délicatesse de la partition. Nous pouvons parfaitement apprécier de près le grain de la voix du haute-contre François-Nicolas Geslot (Daphnis) mais aussi la souplesse de la soprane Élodie Fonnard (Alcimadure) et la vivacité du ténor Fabien Hyon (Jeanet). Les Éléments de Joël Suhubiette passent, deviennent plus proches et contribuent à faire apprécier le caractère particulier d’une Pastorale qui se voudrait "rustique" et en occitan tout en satisfaisant les codes d’une musique de cour.
Le travail de Jean-Marc Andrieu sur la partition et sa direction très enlevée sous-tendent la réussite de cette production discographique exceptionnelle.
Et surtout, dans la continuité de ce constat, l’écoute de cet opéra occitan, loin de la scène permet, grâce à un livret fort bien fait, de prendre conscience de l’esthétique induite par l’usage de l’occitan.
À suivre attentivement le texte et à écouter les airs on mesure que le charme de l’œuvre, un brin italianisante et très française, tient à cette belle langue qui n’était en rien un patois. Elle fut celle des troubadours et des poètes, et ce disque permet de retrouver directement une prosodie méconnue. Les accents, manifestement très travaillés en amont par les chanteurs, avec des linguistes, sont convaincants même pour le non spécialiste. Il y a quelque chose de suave et de souple dans l’occitan qui rend cette pastorale, parmi des dizaines d’autres, unique!
L’enregistrement complète donc heureusement la perception du concert en nous donnant encore à réfléchir sur l’importance des langues dans l’art lyrique.
Alexandre Pajon
Publié le 28/11/2023 à 10:43, mis à jour le 28/11/2023 à 15:27.