Eglise des Billettes
> 2 décembre
Concerto di voce di viole : le Concert des dames
Claire Lefilliâtre – Ensemble la Verginella
Photo Sébastien Brohier
Certaines musiques s’enrichissent par la relation qu’entretiennent les artistes avec le public. Ce soir, Claire Lefilliâtre et l’Ensemble la Verginella, composé de 4 violistes et une harpiste, ont fait salle comble à l’Eglise des Billettes. Rarement la relation entre ces musiciennes entre elles et avec le public ne nous a semblée aussi forte.
Le programme qu’elles nous ont proposé, est d’une extrême rareté. Leur complicité naturelle nouée depuis des années, en se croisant fréquemment sur les chemins du baroque, l’a rendu particulièrement intense.
Elles nous ont offert des madrigaux de Monteverdi, pour la plupart tiré de son second et sixième livre qui ont été initialement écrit pour 5 voix et basse continue. Françoise Enock a eu l’idée, avec la complicité de Claire Lefilliâtre au chant, de nous en proposer une version à une voix humaine et quatre voix issues des violes.
Ces instruments qui chantent la plainte, le chagrin, la mélancolie, l’insolence aussi, avec tant de souplesse et d’expressivité lorsque des doigts enchantés font résonner leur cœur et leur âme, nous ont émerveillés par leur beauté. Les cinq voix, dont celle si unique, si sensible, si dramatique, entre déclamation et chant que susurre la douleur de Claire Lefilliâtre, s’entrelacent avec délicatesse et ferveur.
Les musiciennes sont à l’écoute de ce murmure qu’exprime avec tant de raffinement le chant de la Soprano. Elles font de chaque madrigal où l’amour, ses joies et ses peines se mettent en scène, devenant notre théâtre, celui de notre moi le plus intime. Claire Lefilliâtre au timbre moiré et sensuel nous a envouté tout au long de la soirée: dans le Lamento d’Arianna si tragique dans sa plainte et son cri de douleur, dans si Dolce il tormento exprimant ce délicat chagrin qui s’écoule à n’en plus finir au point de s’illuminer dans un firmament de désir, embrasant cet amour qui veut vivre.
Entre chaque madrigal des pièces instrumentales de Giovanni Maria Trabaci sont des instants hypnotiques, où chacun retient son souffle. On retiendra parmi toutes les pièces interprétées Durezze e ligature, où les violes en duo, trio puis quatuor nous saisissent par la volupté douloureuse de leur chant. Toutes les violistes, Kaori Uemura au dessus de viole, Sylvia Abramowicz au ténor de viole et Isabelle Saint-Yves à la basse de viole et Françoise Enock au violone sont des musiciennes raffinées. On en vient à penser en les écoutant aux Dames de Ferrare. Et il ne faut surtout pas oublier à la harpe, Marie Bournisien qui dans une toccata pour cet instrument, semble laisser s’en écouler des larmes douces et amères. Elle nous prépare ainsi à celles du chant dans Si dolce i tormento.
Claire Lefilliâtre et l’ensemble la Verginella nous ont fait vivre une soirée unique, celle de la musique vécue comme un don. Il est à souhaiter que ce programme magnifique de générosité et de talents tourne afin que tous puissent savourer cet instant unique où le concert devient une assemblée d’ami(e)s partageant la même passion pour la musique.
Monique Parmentier
Le programme qu’elles nous ont proposé, est d’une extrême rareté. Leur complicité naturelle nouée depuis des années, en se croisant fréquemment sur les chemins du baroque, l’a rendu particulièrement intense.
Elles nous ont offert des madrigaux de Monteverdi, pour la plupart tiré de son second et sixième livre qui ont été initialement écrit pour 5 voix et basse continue. Françoise Enock a eu l’idée, avec la complicité de Claire Lefilliâtre au chant, de nous en proposer une version à une voix humaine et quatre voix issues des violes.
Ces instruments qui chantent la plainte, le chagrin, la mélancolie, l’insolence aussi, avec tant de souplesse et d’expressivité lorsque des doigts enchantés font résonner leur cœur et leur âme, nous ont émerveillés par leur beauté. Les cinq voix, dont celle si unique, si sensible, si dramatique, entre déclamation et chant que susurre la douleur de Claire Lefilliâtre, s’entrelacent avec délicatesse et ferveur.
Les musiciennes sont à l’écoute de ce murmure qu’exprime avec tant de raffinement le chant de la Soprano. Elles font de chaque madrigal où l’amour, ses joies et ses peines se mettent en scène, devenant notre théâtre, celui de notre moi le plus intime. Claire Lefilliâtre au timbre moiré et sensuel nous a envouté tout au long de la soirée: dans le Lamento d’Arianna si tragique dans sa plainte et son cri de douleur, dans si Dolce il tormento exprimant ce délicat chagrin qui s’écoule à n’en plus finir au point de s’illuminer dans un firmament de désir, embrasant cet amour qui veut vivre.
Entre chaque madrigal des pièces instrumentales de Giovanni Maria Trabaci sont des instants hypnotiques, où chacun retient son souffle. On retiendra parmi toutes les pièces interprétées Durezze e ligature, où les violes en duo, trio puis quatuor nous saisissent par la volupté douloureuse de leur chant. Toutes les violistes, Kaori Uemura au dessus de viole, Sylvia Abramowicz au ténor de viole et Isabelle Saint-Yves à la basse de viole et Françoise Enock au violone sont des musiciennes raffinées. On en vient à penser en les écoutant aux Dames de Ferrare. Et il ne faut surtout pas oublier à la harpe, Marie Bournisien qui dans une toccata pour cet instrument, semble laisser s’en écouler des larmes douces et amères. Elle nous prépare ainsi à celles du chant dans Si dolce i tormento.
Claire Lefilliâtre et l’ensemble la Verginella nous ont fait vivre une soirée unique, celle de la musique vécue comme un don. Il est à souhaiter que ce programme magnifique de générosité et de talents tourne afin que tous puissent savourer cet instant unique où le concert devient une assemblée d’ami(e)s partageant la même passion pour la musique.
Monique Parmentier
Publié le 05/12/2011 à 09:36, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.